mardi 19 novembre 2024

Truc sans titre à bout de souffle éberlué (j'ai presque envie d'y mettre un H . . . aspiré).

. . . . quand j'ai gardé cette place vide je ne sais plus ce que je voulais y dire et pourquoi je ne l'avais pas remplie. 

Peut-être pour remercier ces cinquante lecteurs ou plus ou moins selon les jours (il serait grand temps) qui font finalement des centaines de lectures et leurs amis inconnus qui viennent tantôt, régulièrement ou pas, et parfois quand on y pense . . . dans le texte ou pas . . . traduit ou intraduisible car époumoné et lancé à l'oreille, du monde lointain, ici et là pour lire ces billevesées, ces trucs jetés au jour le jour, traversant cet espace mal situé que j'ai entre le cerveau et l'oeil et aussi un peu derrière chaque oreille pour faire stéréophonie et qui passe finalement par le bout de mes doigts qui tapent et bien sûr par tout le corps et remontent de la terre en traversant viscères et poumons, souffle surtout . . . . . . . pour y arriver jusqu'à vous.

dimanche 17 novembre 2024

Culte lunaire.

 

Quelle puissante, tranchante, irréelle, illusoire et dévoilante lumière ! De quoi se convertir au culte de cet astre proche et fou de Mercure messager ambigu, de Saturne gazeux, de banquets de magnificence, de Vénus toute entière à sa proie.

Pourtant ce n'était pas une si super lune, seulement lune du castor répondant à l'appellation canadienne et amérindienne. Lune du moment où se reconstruisent ces ouvrages d'art formant une tanière sur pilotis à l'entrée plongée sous la surface d'une eau étale et à niveau à force de travaux et d'incessante industrie.

Sans doute avait-elle éclairé ces velléités nouvelles qui me poussaient à refaire un rude barrage sur les flots de l'écoulement et à remettre au beau milieu du lac, de l'étang arrondi et rétabli, faux calme de l'eau grise des jours plats, une nouvelle barraque émergeant à peine du noir du fond. 

Havre architecturé, tanière et forteresse. Casemate en mots. 

Faute de déménager encore et encore, d'aller au-delà des frontières imposées par la force et le temps, la fatigue, l'impossible, vers l'étrange, l'inconnu à nouveau, le pays évanescent où refaire un monde défait, dissous, brisé, évanoui à chaque fois. 

Tout reprendre, re-parcourir, redresser ces murs de branches brisées, et du fond de cet abri mis en ordre de bataille, reconquérir de ma frêle et devenue frugale existence ces vieilles fringales vécues et regagner ces nouveaux bords, ces joyeux, juvéniles, ajournés, fringants appétits.

En nocturne, reconnaître tout ce réel géographique, cartographié, borné et parcouru, pas plus solide ni sûr que ces ombres allongées de rêves projetés.


Ibis chauve.

 " Avec ta coiffure d'ibis chauve ! " avait-elle proféré.

Car souvent nous nous envoyons de ces gracieusetés à la tête, pas par méchanceté spécialement, mais par simple souci de réalisme et d'yeux ouverts. L'amour c'est très bien surtout au bout d'un laps de soixante ans et plus mais faut pas tomber dans l'idyllique à tout prix, dans les amoureux de Peynet on n'a jamais donné, rudement nous nous sommes toujours traités, comme des fauves, c'est ça qui nous plait. Et de rigoler. L'un ne va pas sans l'autre. Ah vous qui avez toujours cru que les tigres n'avaient pas d'humour et que les zèbres se laisseraient dévorer par les lions et lionnes sans ruer.


Cette image des ibis auxquelles déjà elle m'avait comparé, coiffure en coup de vent, crâne presque déplumé, duvet piqué de touffes et de plumeaux, ça me faisait éclater de rire, ça me plaisait. Je me voyais bien ainsi, écrivaillon éternel, m'arrachant les plumes faute de celles d'oie plus adéquates pour écrire, de la tête sans souci, d'allure décoiffé et peu soucieux qu'un poil ne passe l'autre.

samedi 16 novembre 2024

Coffre-fort.

J'ai placé dans un coffre un certain nombre de documents qu'on pourrait appeler secrets ou  "sensibles" mais que je préfère nommer "à risques".

Rassurez-vous pour ceux qui ont déjà lu "Au fond de mon jardin, la borne" dans cette étonnante revue qui a nom " Marsam.graphics ", 

je ne parle pas ici de cette sorte de borne invisible de la dimension et d'un poids qui était au moins celui d'un coffre-fort . . . qu'un jour j'ai rencontrée en buttant sur l'une de ses faces invisibles, doublement cachée, par sa nature et masquée, quand bien même eut-elle été percevable à l'œil, par une végétation presque inextricable interdisant son accès, sauf à un obstiné et soumis aux caprices du hasard comme moi, et donc un contact avec elle, sous  la forme d'un choc. Non, je ne parle pas de cette borne qui est le point de départ d'une histoire rocambolesque, pas loin d'être fantasmatique, racontée en feuilleton échevelé, 

je parle beaucoup plus prosaïquement d'un vrai coffre percevable et accessible où j'enferme ces documents que m'envoyait Dio avant sa disparition.

C'est lui qui avait choisi cette modalité de sauvegarde de ses documents.

Sans arrêt sur la corde raide, risquant d'échouer ou de disparaître lors de missions périlleuses où aucune sécurité ne lui était garantie par un employeur prêt à nier tout contact ou toute relation de commanditaire, sans arrêt menacé par tous ceux qui avaient tout intérêt à ce qu'on n'approfondisse en rien davantage les affaires tronquées, falsifiées, maquillées, qu'il essayait de clarifier, il voulait qu'au moins un fil, aussi ténu soit-il, le relie et relie ses résultats de recherche déjà acquis à un témoignage qu'on aurait lui, une fois mis en sûreté, du mal à faire disparaître. Peut-être aussi, autant qu'il puisse compter sur ma loyauté, voulait-il relier son action à quelqu'un qui lui-même témoignerait de ses tentatives et de ses avancées.

J'avais donc enfermé dans un coffre discret mais bien costaud, quelquefois (rarement, quand j'avais des difficultés à les ordonner) en vrac, quelquefois (le plus souvent, méticuleusement) regroupés et classés, ses envois sous forme de récits courts, de messages codés, de télégrammes ambigus, parfois (très rarement) d'objets pièces à conviction ou, s'il en avait le loisir, de témoignages détaillés. Ces documents écrits étaient à la fois très précis, datés et annotés, mais aussi parfois réellement rédigés en comptes-rendus entrant dans les détails de l'opération exécutée et cependant assez mystérieux, quand ce n'était pas totalement incompréhensibles pour quelqu'un qui n'aurait pas été au courant de ses déplacements géographiques constants. Jamais cependant n'y apparaissait l'essentiel : le but réel de la mission, le nom des personnes, et donc, encore moins le lieu.

Cela les rendait donc à la fois inopérants, inutilisables hors interprétation et terriblement dangereux pour lui et pour celui qui les détenait, une fois retrouvé le fil conducteur des interventions, des voyages, des cibles de réel espionnage à divers niveaux de l'action publique ou secrète des protagonistes investis d'une autorité officielle.

Et j'avoue que, lors de certains envois je restais moi-même d'abord incapable de saisir le sens ou l'intérêt de ces informations, c'était pour moi comme un alphabet indéchiffrable, j'en étais mortifié et troublé, puis quand j'avais saisi ne serait-ce qu'un indice de l'importance du document, c'était la peur et son angoisse qui me saisissaient. Dans quelle sale ou monstrueuse affaire s'était-il fourré me confiant le lourd privilège de devoir en débrouiller un écheveau trop labyrinthique et entrelacé pour le bureaucrate pris au réseau des rapports officiels que j'étais?

mercredi 13 novembre 2024

Il faudra que je vous raconte comment Dio . . .

 . . . avait été amené, pure péripétie épiphénoménale à ses travaux, à une terrible acrobatie sur le téléphérique suspendu au Pain de Sucre . . . à telle enseigne que son référant (heureusement un second couteau dans la hiérarchie des "marionnettistes" tirant les ficelles des agents spéciaux ) à Paris lui avait demandé s'il avait vu L'Homme de Rio et s'il se prenait pour Belmondo.

. . . . . et comment il avait suivi et reconstitué pas à pas, ethnographe d'un milieu dont quelques résultats bons à produire des films documentaires ou des contenus de musées, beaucoup plus que leurs méthodes étranges de collecte, sont connus, les traces de deux femmes archéologues dans le désert côtier péruvien . . . lors de ces disparitions restées inexpliquées qui semblaient mener sur une piste de manipulations et d'attaques directes des chercheurs français ou européens attachés au sous continent américain, spécialement quand ils appartenaient, soit comme membres, soit comme chercheurs associés, entre autres institutions . . . à l'UNESCO ou à l'Agence Spatiale Européenne . .

                          Comment aussi il avait démasqué, par ruse, heureux hasard et en le payant fort cher, un très fameux homme d'influence à l'audience internationale qui travaillait . .  , mais il vaut mieux ne pas trop en dire, 

lundi 11 novembre 2024

Dio et le portrait.

Tous les hauts fonctionnaires qui le recevaient dans leur bureau se demandaient comment Dio, Dioclétien Darko Brač de son nom entier et authentique, avait pu grimper aussi haut sans bagage, ou du moins sans bagage adéquat. D'autant que les quelques diplômes qu'il avait reçus de son pays natal dont les certifications et les preuves n'avaient pu être emportés lors de sa migration hasardeuse et qui, s'ils lavaient été, n'auraient pu être validés dans son pays d'accueil faute d'accords et faute d'équivalences, n'avaient absolument aucun rapport avec les tâches qu'apparemment il exerçait, apparemment parce qu'en réalité personne n'avait confirmation du rôle qu'il jouait dans l'élucidations d'affaires à la fois publiques, notoires et complexes et qui en outre, bien que récentes pour certaines, relevaient, faute de conclusion ou même de suite de "cold cases". Il n'était ni juriste ni formé à l'administration, ni au fonctionnement et aux pratiques des policiers, enquêteurs ou militaires. Il ne pouvait se dire et se gardait bien de le faire, qu'expert en anamorphose.

Arrivé en traversant les Alpes en hiver juste après de graves émeutes à Split, il avait d'abord vécu à Menton où il avait été embauché clandestinement comme manœuvre puis comme maître baigneur auxiliaire durant la saison d'été. Parti à Lyon  puis Avignon il avait décroché un petit rôle improvisé dans lequel il jouait son propre personnage ce qui lui avait donné une place dans l'équipe théâtrale du rebelle inventeur du Off avignonnais,  André Benedetto. 

Ensuite se produisit le miracle.

En Croatie, encore très jeune étudiant, son début de carrière parallèle à ses études aux Beau-Arts comme assistant d'un photographe de monuments historiques l'avait amené à s'intéresser aux représentations statufiées des grands, des héros, des fameux clouées sur les façades publiques ou dressées au milieu des squares. Puis de là, aux effets sur ces représentations pour le simple spectateur situé au pied de ces oeuvres sculptées, quand elles étaient affrontaient aux lois de la perspective, soit debout sur un socle haut ou parfois chevauchant un noble coursier, soit insérées dans la niche surélevée d'un mur de façade ou, de temps à autre, sous la forme de bustes en médaillons logés tout en haut sous l'avant toit d'institutions nationales. 

De fil en aiguille il était devenu un as à ces jeux sur la perspective déformée dite, quand elle est un art maîtrisé - et il ne suffit pas de se dire qu'il faut pour cela allonger le cou des statues vues par les badauds au sol et par en dessous - d'un joli mot savant : anamorphose.

Il avait aussi recréé son univers antérieur dans le grenier non chauffé mais spacieux où il logeait, utilisant son récent savoir et ses observations personnelles, et commencé à peindre de petits ou très grands portraits à partir d'images photographiques de son cru ou non, qu'il accumulait, prises sous divers angles parfois très inattendus, sur ses modèles bénévoles ou dans les revues rendant compte des événements officiels. C'est ainsi qu'il avait, à partir de clichés de magazines pris en contre-plongée depuis le pied des tribunes d'un événement public, réussi un portrait de H R , L'Homme à la Rose *.

 Un portrait qui le rendait dans sa dignité dominatrice et sereine, avec, là était sans doute le trait réussi, venant du plissement des yeux ou de la lèvre inférieure et d'un mouvement des doigts de la main aussi, un zeste d'ironie un poil méprisante et cependant / comment rendre ces contradictions si aigues et subtiles ? / non dépourvue de bienveillance ou de componction.

Comment l'Homme à la Rose avait-il eu connaissance de cet obscur et même secret portrait, puisque l'objet était resté enfermé dans une sous pente dont il n'était jamais sorti ? Où, comment l'avait-il vu ? Peut-être lui en avait on (qui ?) très indiscrètement, révélé l'existence. S'il l'avait vu, chose improbable, lui avait-il plu ?

Pourtant, le fait est là, il l'invitait à une rencontre.

Le fait est que Brač qui dut ce jour causer une très particulière impression d'homme aux capacités remarquables, ou pour une toute autre raison difficile à cerner (certains pensent à des relations et à quelques entrées dont il avait gardé le contact dans son carnet d'adresses, dans sa mémoire, lors de ses pérégrinations livrées au hasard de l'expatriation et de sa position précaire d'immigré d'abord clandestin), fut assez vite recruté . . . 

                        . . .  et placé sur la liste des Conseillers à la Présidence n'ayant de compte à rendre qu'au souverain en personne.

Autre fait remarquable, ses capacités n'étant sûrement pas les moindrement singulières, il faut que sans dévoiler le fin mot de l'histoire, j'annonce en effet déjà que l'éminence cachée Brač, le conseiller hors norme à tout faire réfugié d'un monde disparu, a eu une très longue trajectoire. Il a longtemps survécu en tant que Conseiller Spécial en quelque sorte Inamovible avant de disparaître dans des circonstances inconnues malgré toutes sortes de recherches (y compris celles que j'ai personnellement poursuivies longtemps dans l'ombre des chancelleries), survécu non seulement à des missions réputées impossibles mais surtout aux à-coups et chaos provoqués par les règnes successifs des princes qui ont ensuite détrôné H R jusqu'au dernier Prince qui survole aujourd'hui nos assemblées.


* Appellation choisie par les services spéciaux de la Présidence qui notaient dans les rapports HR pour plus de commodités et moins de transparence.


dimanche 10 novembre 2024

Dio et le sphinx ramené d'Egypte.

Il semblerait, mais rien n'exclurait vraiment la possibilité qu'il s'agisse d'une légende élaborée un jour de célébration et de bringue, d'une de ces légendes que les compagnons d'armes, même hors combat, même et pourquoi pas dans ce cas précis, lors de ces fêtes organisées après une victoire partielle de ce qui était encore une guérilla et dans l'angoisse ressentie face à un avenir encore incertain, pour conjurer les appréhensions, faites de beuveries accompagnées de grands récits lyriques ou mythiques, à la mode des héros antiques présents, même chez les rouges et les partisans armés, dans toutes les mémoires de ces guerriers de Méditerranée illyrique.

D'un mot voici les faits :

Dio s'appelle-rait Dio parce que trouvé par sa mère, une passionaria parmi les premières engagées sous les ordres de Josip Broz devenu vite Tito, sur le dos du sphinx noir de Split.

Voilà.

Ni au pied de, ni entre les pattes du.

Sur le dos, voici la légende.

Elle dit aussi quel sphinx car comme ne le documentent pas ou mal les guides habituels, il y en a plusieurs à Split. Lequel parmi la dizaine ou douzaine (semble-t-il) envoyés ou rapportés d'Egypte par Dioclétien / incontestablement obsédé par la grandeur pharaonique symbolisée par cet homme-animal hybride / Caius Valerius Diocles, qui après une carrière militaire et déjà devenu empereur, y passa plus d'un an. 

Or ces sphinx vieux de plus de 3.000 ans, étaient à ce moment-là, seuls rescapés de l'ensemble, au moment où naquit Dio, au moment de la Yougoslavie occupée par Allemands et Italiens et divisée en factions ennemies, au nombre de trois. Dont un plus petit qui se trouvait dans une sorte de cour servant de passage derrière le palais et un autre dont la tête rouge subsiste dans un musée. 

La couleur, le granit noir, cependant indique précisément qu'il s'agit de celui qui étire ses trois mètres de long encore aujourd'hui devant le mausolée devenu cathédrale.

Et il semble encore qu'on puisse imaginer la future mère adoptive de Dio passant rapidement comme tous les matins, traversant le ville, par un matin glacé comme il peut y en avoir sur cette côte, par vent du nord, par bura violente, retenue par le cri d'un enfant de quelques jours, mystérieusement abandonné, emmitouflé et couché dans un berceau de bois décoré en forme de panier.

Ainsi auraient été marqués par un sceau fabuleux les débuts d'un immigré en France qui allait devenir conseiller et agent secret de plusieurs princes régnant sur l'hexagone.