mercredi 7 mars 2018

amériques en minuscule,

autrefois j'appelais amériques ces feuilles blanches
sur lesquelles j'écrivais à la machine à ruban,
une Olivetti portable,

des feuilles A4 coupées en deux, empilées
ça ressemblait déjà à des éléments portatifs de livres à venir
qui pas plus vierges que les vrais Amériques
appelaient par leur lointaine apparence idyllique,
récit de redécouverte,
les caravelles de conquérants encombrés de préjugés
charriés au-delà des mers, à peine transfigurés par le voyage et la traversée, malades,
toujours aussi imbus de

/prêts à y reporter, réinscrire et croire magnifier/

ce qu'il faut bien appeler leur ridicule superbe, leur fausse supériorité d'hommes armés de pétoires et de mousquets, coiffés de casques, chapeaux à plumes, bien trop engoncés,
imaginant qu'on pouvait,
cosmonaute à nouveau, enfermé dans des carlingues de satellites détachés de fusées,
emporté devant l'écritoire,
explorer, au-delà des mondes nouveaux,
ces équateurs, ces tropiques moites, mûrs et violemment colorés,
véhiculant tout ce lourd bataclan de savoirs et technologies, rutilant de tungstène, de carbone, de verre et d'aramide et d'acier, qui barre la route aux vraies avancées
armé de machettes dans la jungle
des territoires déjà conquis par d'autres vivants ou même des sauvages et
surpeuplés de monstres imaginaires 

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