mardi 26 novembre 2024

Bêtes, hommes et chiens.

Qu'est-ce qu'aimer les bêtes ?

On vous dira : j'aime toutes les bêtes.

Voire, moins les moustiques, les serpents et les crocodiles. (Liste ultra-minimaliste à laquelle les irréconciliables avec les bêtes ajouteront les puces, les punaises, les sangsues, les vers de terre et même les oiseaux (cette peur phobique des oiseaux est assez répandue et j'ai du mal à la comprendre moi qui les ai divinisés . . .  / j'ai toute une vitrine de huacos dont ils sont le thème, objets dont j'exige qu'ils soient enterrés avec moi, moi voleur et imitateur des anciens morts / plus encore que les chats, voyez dans quelles contradictions me voilà empêtré.)

Perso j'aime surtout les bêtes sauvages. 

Vous me direz '"égoïste et irresponsable" ce qu'effectivement je suis au premier chef, bêtes hors de mon champ domestique, celles qui ne réclament pas beaucoup de soins de ma et de notre part. En effet, je n'ai que rarement voulu me charger de la responsabilité d'uns bête domestique et chaque fois ça a plutôt mal fini. Voire ! voire, encore voire ! Je n'en suis pas sûr de cette irresponsabilité, au contraire. 

Je dirai qu'elles engagent aujourd'hui toute notre responsabilité. Je parle des sauvages qui sont dans ce qui nous et leur reste d'espaces naturels et qui, si nous ne les avions pas spoliées de leur territoire se passeraient bien de nous.

Mais direz-vous encore, cette distinction entre domestiques et sauvages tient-elle réellement devant l'évolution des choses ?

Là est le point.

Bêtes et chiens, chats, chevaux, lapins, poulets, moutons vaches et consorts. Sans parler des autruches, ça c'est pour nos amis antipodiens. Tiens voilà, l'autruche c'est bon en steak et et beau quand ça court, sans parler des parades nuptials tellement spectaculaires.

Non, il n'y aurait pas deux ou trois sortes de bêtes : celles que nous aimons, celles que nous mangeons et celles enfin auxquelles nous devrions purement et simplement foutre la paix. Tout ça s'interpénètre. C'est nous, seulement nous qui fixons des objectifs et des limites. Mais tout cela a le grand mérite de l'absurde et de l'arbitraire.

J'aime les chiens et les chats. Un peu moins certains de leurs maîtres qui en font plus que des enfants gâtés, des égaux en qualité de vie, en soins et en hygiène, très bien . . . jusqu'au ridicule des bijoux et vêtements vraiment comiques, très bien, mais voudraient par exemple nous imposer leurs excréments déjà assez présents dans nos rues, sur les plages où nous sommes quasi nus, où jouent notre faible progéniture à main et bouche nue et comme convives à table ou dans nos lits.

Surtout, alors que nous voilà irrémédiablement, nous l'avons voulu, "maîtres et possesseurs de la nature", soyons en aussi bien sûr, tant qu'il se peut l'être, maîtres et protecteurs.

Et cependant encore, je reste choqué des soins extravagants dont bénéficient certaines espèces menacées face aux hécatombes d'enfants sur au moins trois des cinq continents. Sans parler en logique animale interne, sans parler des enfants humains, que penser de ces soins extrêmes que nous apportons aux bêtes de zoo, pour les garder en captivité, captivité qui manifestement les rend malades mais, nous dit-on, sauverait quelques espèces.

La question des bêtes va encore nous diviser, nous reporter, je le sens, aux disputes du temps de l'Inquisition. C'est peut-être tout bêtement que la fracture passe au travers et au profond de nous. non pas entre l'Ange et la Bête, entre l'âme pure et le vil corps, mais entre l'homme à peine sorti de sa bestialité et celui que nous prétendons devenir en horizon lointain, celui que nous projetons dans nos lois et dans nos exigences morales comme un être issu de ou arrivé à l'idéal kantien (Kant l'homme qui a inventé la Paix perpétuelle et la Société des Nations), un être qui n' existe encore nulle part. 

Etre des lointains et des absences, l'homme n'est en rien non plus cet "être là" jeté ici, diagnostiqué par d'anciennement vénérés penseurs de guerre et d'après guerre, il serait plutôt, face à l'animal qu'il est, dont il vient, dont il est l'incroyable double, extrait de ses racines et de son être, un fascinant Alien face au fascinant miroir des animaux.

Plus simplement cela je l'ai compris ce jour où après une longue marche en forêt humide et pentue, je me suis trouvé avec quelques autres, au quasi crépuscule face au grand gorille de montagne mâle stationné en position assise devant nous.



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