Ce fut là aussi un pur hasard. Je ne m'attendais pas à voir ce portrait là, ni lors de cette exposition improvisée, ni en ces temps où nous avions, bien que intéressés au premier chef par la situation politique de notre pays, la tête tournée bien ailleurs que vers ces célébrations qui s'annonçaient.
Comme d'habitude quand j'étais appelé à Paris, revenant de ces lointains où j'avais sur place bien d'autres préoccupations à propos d'affaires relevant, plus que de la centrale qui nous avait parachutés, de la situation ultra-critique de l'économie locale . . . . . . je faisais malgré tout, comme mes pairs éparpillés dans le monde ( parenthèse : la France est un pays champion en diffusion officielle de sa culture, écoles, instituts, centres culturels, recherches archéologiques, linguistiques, etc . . . dans des pays dont la stabilité n'a rien de garanti), un tour des services et des sources disponibles, tant officielles que non officielles ou indirectes, pour ces tâches de diffusion, à savoir bien sûr divers ministères, leurs services annexes, mais aussi, correspondant bien mieux à mes centres d'intérêt réels et permettant de s'abreuver à la source : cinémas, galeries, théâtres, manifestations . . .
C'est ainsi qu'un jour, sacrifiant à mes agréables loisirs coïncidant avec ce travail pour lequel j'étais mandaté, je suis tombé sur ce tableau étrange aux environs de Beaubourg, à l'entrée d'une galerie éphémère, assez vite disparue et spécialisée dans le portrait, variété qui se fait encore assez rare aujourd'hui quand il s'agit de peinture et non de photographie.
Peut-être s'agissait-il de ce portrait non signé qu'avait peint Dio dans le secret de sa soupente ? celui-là même j'en doute (ce portrait original s'il existe ne doit pas circuler ainsi aux yeux de tout Paris), peut-être une copie ? ou peut-être un autre version, ou peut-être carrément, sur le même thème mais différente, un tout autre peinture réalisée à un autre moment ? Avant ou plus tard, avant sa promotion au rang de Conseiller à la Présidence . . . ou après.
Ce qui était pour le moins certain et inhabituel dans ce portrait et plus encore dans ce portrait qui avait qu'on le veuille ou non, que ce soit ou non réellement le cas, une tournure en rapport avec l' "officiel", c'était sa conception et sa disposition dans l'espace.
L'homme rapetissé par la perspective était vu de trois quart dos, une rose tenue de la main gauche, du côté où il était tourné, recevant toute la lumière sur sa nuque, de son visage tourné vers l'avant, c'est à dire vers le côté aveugle du tableau, vers le fond où semblait s'étendre un jardin, on ne voyait que le bout esquissé de son nez assez caractéristique et un début pas encore apparent étant donné l'angle de prise de vue, la position presque vue de dos, à peine tournée en arrière du profil.
L'essentiel est que ce personnage à la rose était regardé, au-dessus de lui, plusieurs mètres, un peu plus que la hauteur d'un étage, par un spectateur dont on ne pouvait douter, après l'avoir rencontré, bien que vu en partie de dos lui aussi, que c'était Dio lui-même.
Car c'est à ce moment là que j'ai rencontré Dio, le vrai, précisément en prenant contact avec l'auteur de la peinture qui s'était lui-même représenté au balcon, en position d'observateur dominant de l'Illustre, un Dio en chair et en os, incarné lors de cette rencontre dans un atelier où il peignait surtout de nuit, projetant des images qu'il avait en personne captées ou parfois empruntées aux magasines, en tirant toujours sous des angles inventifs, d'étranges perspectives.
Encore un détail, ce jardin vu d'un balcon ou d'une baie ouverte, plutôt d'une porte fenêtre ou d'une terrasse étroite, aurait pu être celui de l'Elysée.
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