lundi 2 décembre 2024

Bêtes (encore et encore à propos de).

 Je suis en train de lire et de découvrir deux romans à la fois, par tranches superposées selon l'humeur; garantie : rien à voir avec le hachis parmentier, je lis par grands bouts (pas de petits fragments comme les miens), ni avec les couches pomme de terre/reblochon ou parmesan/aubergine (je ne cherche pas à mettre du fondant dans les légumes), et là c'est pas du plus ou moins grand classique, c'est du mitonné super original et par surcroit essentiel, du roman centré sur des bêtes, un chien et un lièvre

Des bêtes qui nous permettent un sacré morceau de regard sur le monde terriblement fou, diabolique, vicieusement dérangé ou détraqué qui nous entoure et conditionne nos vies, celui que rapporte et compile la presse, du fait divers banal, du rodéo motocycliste qui tourne mal aux extravagances belliqueuses des élus devenus monarques, dictateurs, despotes, se ruant sur les dépêches d'agences pour les transformer en scénarios de séries, en  tragico/dramatiques films d'horreur, films catastrophes hélas bien réels et vécus en support et arrière plans de ces mises en scène.

Arto Paasilianna est un homme en lui-même déjà rod movie, né dans un camion emporté en exode, né en Laponie, dans Le Lièvre de Vatanen, son roman le plus célèbre écrit en 1975, il nous emporte avec une grande simplicité, avec flegme, avec la tranquillité du témoin qui se sait crucial, dans l'absurde, l'irrationnel, l'imprévisible comportement de ses contemporains.

Quant à Tibor Déry, auteur du célèbre Niki, l'histoire d'un chien (1958), il sait nous faire traverser, portés par l'histoire d'un chien en effet, amusante, attachante, triste, en arrière fond à peine sporadiquement évoqué mais lourdement présent dans chaque page, l'ère des purges et prisons communistes hongroises après la révolution de 1956.

C'est le pur hasard qui m'a fait rencontrer ces livres que j'ignorais jusque là, plutôt obnubilé et versé que j'étais en littérature francophone, y compris africaine et canadienne ou haïtienne, et surtout par penchant de mes goûts et langues de prédilection, luso-hispno-américaine, le hasard des trocs, brocantes, échanges entre amis et boîtes à livres (il y en a une extraordinaire de variété tout à côté du mas dingue), a bien fait de me mettre sur la piste de ces incroyables animaux-arianes fournissant le fil de nos univers aveuglants ou obscurs.

Rien d'étonnant toute la base de notre précieuse pharmacopée élémentaire vient d'eux, que seraient nos avancées nutritives, culinaires, pharmaceutiques sans ce rapport que nous gardons avec les peuples dits primitifs ou sauvages, eux-mêmes gardiens d'un savoir arraché à la terre, à ses sortilèges, emmagasiné en fréquentant bien avant nous, bien plus familièrement que nous, les bêtes, bêtes auxquelles dans notre désarroi de monde civilisé, nous revenons aujourd'hui en force. 

Oui, j'oubliais, le contact d'un chat, d'un chien, d'un cheval, le rapport avec un cri d'oiseau ou de gecko, sont déjà de puissants remèdes à presque tout ce qui nous assaille.

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