mardi 31 décembre 2024

Aider (je sens que ça ne va pas m') . . .

 . . . de dire ça, mais chaque fois que je prends en main ou plutôt que ça me tombe dans la main avant de me tomber des mains, un roman d'Orsena ou de Nothomb, ça m'irrite, pour l'un cet humour forcé obligatoire à chaque phrase et pour l'autre ce fantastique exorbité même produit d'un démarrage à l'ayahuasca, mais vous avez quant à vous tous les droits.

W.

 Je ne dis pas dans le titre W de Volkswagen pour ne pas leur faire de pub. 

Tricheries, licenciements, mauvaises anticipations, etc . . . après tout comme les autres, et d'ailleurs je n'en ai eu qu'une comme vous savez, une très vieille coccinelle ("fuscão" localement) rouge clinquant avec des pare-chocs un peu enjolivés, fabriquée au Brésil où mon salaire d'expatrié officiel ne me permettait pas d'avoir mieux et surtout pas d'en importer une authentique, heureusement m'avait-on dit puisque toutes les pièces étaient en fait différentes, sur ou sous-dimensionnées pour éviter l'accusation de contrefaçon à une époque de gross bisbille entre la maison mère et la filiale.

Mais donc ayant fait appel à cette filiale locale pour changer une pièce justement, j'ai eu par la suite, jusqu'à ma nomination au Pérou bien plus tard, des courriers fort aimables qui me suivaient partout au cas où j'aurais voulu leur commander une voiture neuve.

Bravo, voilà du service aprè-vente.

J'ai eu confirmation tant de fois, moi patriote quand même, de la nullité de nos services export malgré la qualité de certains de nos produits made chez nous; ont-ils un peu changé ?

Heureusement il nous reste la bouffe parce que nous avons surtout la réputation de bluff et de pas sérieux comme latins fiers de l'être. Oui c'est vrai à la rigueur nous reste quand même le méga-auteur Camus, je parle d'Albert, l'indétrônable Pied noir jamais parisianisé qui fut mon premier père substitutif en littérature sous le contrôle lointain de Roland Barthes qui dit tant de mal de lui et aussi tant de bien et surtout quelques vérités formelles. Dirai-je pour autant que je dois infiniment plus, en définitive à S/Z qu'à W ?

lundi 30 décembre 2024

Nouvelles du Mas dingue et redingue.

Comme si ça ne suffisait pas, vous savez que j'ai eu plein de très modérés et modiquement ridicules malheurs : d'abord l'index de la main droite qui avait doublé de volume et devenait violet, syndrome d'autoritarisme dictatorial, ensuite le combat de nuit avec l'araignée, sans doute une veuve noire presque mygale qui m'a percé de ses crochets sur une trentaine de points sous l'aisselle gauche où elle s'est elle-même crue emprisonnée, allez savoir . . .  mais si je l'ai écrasée elle s'est largement vengée, ça continue à me réveiller quand je dors, zone sensible s'il en est et le pharmacien m'a félicité du combat dans lequel j'aurais pu avoir le dessous . . . me voilà nanti d'un rude lumbago pour avoir voulu sarcler et ratisser mon jardin alors que j'avais déjà un point de douleur au-dessus de la fesse gauche, comme dans ma jeunesse après avoir passé tant d'heure assis pour cause de thèse et de concours. 

Donc, l'avantage c'est d'avoir retrouvé des cachets périmés à la cortisone résidus de médication de ma moitié, sujette aussi aux maux de dos, et de me retrouver assez soulagé de douleurs dorsales, éveillé à quatre heures du mat sans avoir pu me rendormir pour cause de flux constants de nouvelles ou remâchés idées.

So . . . donc, vous n'y couperez pas, beaucoup de pain sur la planche pour moi et pour vous à lire ces fatras qui s'accumulent et s'enroulent et ont hâte d'être extradés, coincés qu'ils étaient dans les circuits spiralés où circulent les esprits animaux crâniens qui entourent ma glande pinéale, là où l'âme rejoint le corps selon les bonnes leçons. 

Donc, donc, liste provisoire non exhaustive, je dois vous parler de :

outre du concept insuffisant à mes yeux de Françafrique, j'y tiens,

de Pius Ngandu Nkashama, mort en 2024, un illustre auteur et critique congolais, penseur du sort réservé en Europe aux Africains, que j'ai eu l'honneur de rencontre et qui a vécu après avoir enseigné en France, aux States,

de rêves qui s'évadent et reviennent si j'ai la chance de pouvoir les rattraper par la queue lors de l'un de mes nombreux réveils,

d'une théorie que je suis en train de développer au sujet de la santé, c'est complètement idiot, je sais, il y en a tant déjà . . . ,

mais aussi du fait que je suis contre toutes les théories, spécialement philosophiques, qui ne saisissent du réel que ce que nous sommes capables de créer nous-mêmes en chambre, à la bougie ou à la lampe led, théories passionnantes mais d'air irrespirable et vicié qui bien qu'elles illuminent les zones d'ombre et finalement s'autodétruisent nous rendent un temps inaptes au déplacement, nous rivent sur un faux trône qui n'est qu'un strapontin de cinéma,

de Madame Pompidou qui a donné son nom à un Centre, dit-on,

de  Denis Roche au Pérou, de nouveau, quand il achetait des allumettes et racontait l'histoire du photographe aveugle,

des contradictions de la Gauche mourante et asphyxiée,

des Caraïbes et des Seychelles, bien que je l'ai déjà fait, 

de l'illusion qu'il y a vouloir tout comprendre,

de certains schémas qui apparaissent quand on relie des points stratégiques n'ayant apparemment rien à voir, 

et des chiens et chats que j'ai eus, évidemment,

sans parler de la langue des oiseaux, le mas dingue en étant un sanctuaire, n'oubliant pas qu'il est le siège d'une annexe de l'O.O.O.P.L., l'observatoire des oiseaux omnivores parlant leur langue.


Françafrique.

Commençons par l'illustration.

Je me souviens de ma surprise quand au sortir un peu difficile et un peu long (il fallait convaincre les autorités et trouver les fonds pour une impression même modeste) de cet opuscule intitulé "Répertoire de jeux traditionnels" sous-titré : essai de codification en vue de leur intégration dans le cadre de l'éducation physique et de l'animation sportive et publié par le ministère de la jeunesse et des sports de la République du Sénégal au début des années 70, je découvrais sur un papier tout à fait convenable les si parfaites et dynamiques illustrations signées d'un certain Mohiss.

Depuis, Mohiss, de son vrai nom : Richard Maurice, scénariste et illustrateur qualifié dans sa biographie de normand, ancien collaborateur de la pionnière et utopique Télévision scolaire de Niamey (sa technologie, pensait-on, devait aider à résoudre bien des problèmes de sous développement) a eu le temps de faire son chemin, dessinant des cartes postales, des scènes qu'on peut dire "de genre", publiant des BD ayant pour thème de désopilantes et justes scènes de la vie en Afrique, dans la rue, au marché, etc . . .  et illustrant aussi parfois des ouvrages de référence. 


Dans ma tête, la question était, est encore aujourd'hui : pourquoi, aussi doué soit-il par son regard et par sa plume, un dessinateur français, alors que justement de l'école des Beaux Arts de Dakar, encore dirigés en ces temps pas si lointains où régnait Léopold Sédar Senghor, par un français, étaient déjà sorties des promotions de graphistes remarquables, aptes à se présenter devant le "marché international"  et donc, à plus forte raison purement local, même si cette tentative pouvait elle-aussi, dans un domaine moins technique,plus modeste, avoir vocation, comme à Niamey, à devenir une approche pédagogie exemplaire pour d'autres pays ?

A cela, bien sûr plusieurs raisons faisant elles-mêmes partie d'un contexte beaucoup plus général, contexte qu'on imagine assez mal quand on s'en tient globalement aux seules analyses impliquées par ce vieux et toujours usité, renouvelé constamment, concept de Françafrique, détourné de son usage officiel en un sens assez violemment critique nouveau, circulant depuis 1998 depuis le livre qui le porte en titre.
(A suivre)

N.B. : Il est clair que je sais à quel point la question me dépasse, oh combien ! J'apporterai ici fragmentairement un simple témoignage. Et je ne pense pas que ce petit livret illustré de trois ou quatre images contienne un code secret révélateur, une sorte de message caché dans les enquêtes du type de récit  fameux "la Maison Russie", mais . . . . sait-on jamais.

 

dimanche 29 décembre 2024

Viaduc du Viaur.

Rien, juste un point de départ de cette rêverie. Mais c'est un mot que je n'aime guère. 

Disons réflexion désarticulée. Oui j'adore les ponts jetés d'une rive à l'autre. Les liens qu'aucune spéculation raisonnable n'établirait en suivant une logique autre qu'analogique. 

Je me souviens de l'avoir visité, ou surtout vu d'un peu loin se profiler, étant enfant, ce viaduc exemplaire. Oeuvre non pas de l'illustre Gustave Eiffel mais de l'ingénieur Paul Bodin, l'un de ses concurrents ayant débauché, pour accomplir la prouesse, le principal maître d'oeuvre du plus illustre que lui. D'où record, ouvrage le plus long de ce genre au tout début du XXe siècle, bien assis tout en légèreté sur ses deux pieds en ces lieux encore relativement éloignés de l'industrie et de la presse urbaine, lieux pour amateurs de calme échappant à la foule compacte qui inonde aujourd'hui les moindres sites marqués par notre histoire.

Je me souviens encore de l'admiration de mon père pour cet "ouvrage d'art" fait d'acier riveté enjambant comme une évidence mathématique cette vallée perdue. 

Nous étions loin de ce qui aujourd'hui ramène dans ces contrées mon attention fluctuante, flottante, parfois folâtre et prompte à s'évader sur de nouvelles routes pourvu qu'elle s'échappe. (J'ai du donner bien du mal à certains parents, éducateurs ou supérieurs qui pourtant me voulaient du bien et tentaient de me ramener à des exigences plus terre à terre. Et qui avaient tellement de mal à croire que, roi de l'évasion, j'avais les pieds bien posés sur cette terre cependant, ici ou ailleurs ! )

En l'occurrence tout à l'heure c'est cet ogre, ce géant, ce Gargantua de François Bon qui m'a transporté ou ramené, par un pont d'une toute autre sorte, dans ces contrées et ces racines perdues. Et comme par hasard à propos de cet ogre, ce géant, ce forçat gargantuesque de Balssa dit Balzac, voire même Honoré de Balzac, dont les origines familiales bien modestes se situent précisément là, au bord du tantôt ruisseau, ou torrent, du cours d'eau Viaur (via aurea tamisée longtemps par les orpailleurs) entre Albi et Rodez. 

En effet c'est sur ces rives que vécurent les Balssa.

Je me souviens d'un prof de lettres émérite qui s'était fâché quand je lui disais que "de Balzac" n'était pas seulement Balzac tout court mais Balssa de son nom d'origine rurale. Je l'avais lu dans une publication locale mais alors, je ne me doutais pas que ce nom renvoyait à une affaire criminelle. Qu'un ancêtre, un parent proche, un frère de son père de notre Honoré de, jugé et exécuté pour ce crime à Albi, avait lui-même tué ou commandité le meurtre d'une pauvre fille engrossée par ses soins ou celle d'un autre amant. De sa voix qui ressuscite, François Bon nous en dévide tout le fil pittoresque et circonstancié, lisant le petit livre d'un magistrat balzacien qui s'est donné la peine de retrouver les circonstances et attendus du procès. 

Grâce lui soit rendue, entre autres, entre autres travaux de divulgation et de solidarité plumitive, pour ce travail de bénédictin, de romain, d'érudit grandiose, réveilleur de morts, découvreur de pépites cachées à la vue de tous. 

Irai-je jusqu'à dire que La Comédie Humaine trouve ici l'une de ces sources ? Fuite à Paris, changement de nom, entrée dans le grand monde, telle fut l'une des premières leçons données au jeune futur prodige. 


vendredi 27 décembre 2024

Indochine.

 Pourquoi rêver (rêve à peine capturé au réveil et tout de suite estompé) que je suis là-bas parmi les colonisateurs de l'Indochine ?

A cela je vois plusieurs prétextes : j'ai effectivement vécu dans plusieurs pays ex-colonisés où subsistaient beaucoup de traces de cette colonisation même s'il ne s'agissait pas de l'Indochine où je n'ai jamais posé le pied. On m'a raconté des faits qui se passaient là-bas. Mon prof de philo en terminale parlait de la RFO, la régie française de l'opium. Lui y avait vécu et enseigné. J'ai un copain qui y a été faire un tour il y a peu, en souvenir de son père qui y avait été militaire. J'ai moi-même fait tourner le groupe Indochine au Pérou, or les deux frères fondateurs, quand on leur demandait pourquoi ils avaient choisi ce nom pour leur groupe, disaient que leurs parents n'arrêtaient pas d'en parler, de cette guerre, qu'elle avait bercé leur extrême jeunesse. Et enfin, il est vrai que pour moi, et donc pour une partie de ma génération, donc celle de leurs parents, la guerre du Vietnam avait été un déclencheur de prise de position et engagement en politique.

dimanche 22 décembre 2024

Double utopique.

 Il s'appelait Thor de son vrai prénom. Ou presque. Ce prénom lui-même pouvant être interprété de diverses manières. Tout dépendait, disait-il, de la position des haches dans son blason complet car la seule chose certaine à part la resemblance physique était la composition de l'écu gravé sur sa chevalière : les initiales surmontées d'une double hache de guerre, de celles qu'on attribue parfois aux Vikings et à leur protecteur évangélisateur de la Norvège Saint Olaf.

Rien en commun avec moi cependant, sauf que dans certaines circonstances, et spécialement lors d'un "dîner international" organisé à Dakar par la République indienne pour fêter le film primé de l'un de ses ressortissants, - dîner où j'avais été invité bien malgré moi, je redoutais en effet le visionnement de l'un des ces interminables longs-métrages que produisait alors, invariablement, ce pays - on pouvait facilement et on m'avait d'abord effectivement parlé et pris pour un norvégien.

Mon premier sosie que j'avais rencontré au Brésil dans ma jeunesse était décalé dans le temps. Il me ressemblait incroyablement y compris la tignasse et la coiffure, raie sur le côté gauche, au point d'avoir pendant tout un repas fasciné ma compagne, sauf qu'il avait facilement vingt-cinq ou trente ans de plus que moi, au moins. C'était moi devenu "vieux". Alors que ce Norvégien avec lequel on me confondait, vu d'un peu loin, en taille, en silhouette, de profil, c'était presque tout à fait moi. Il avait mon âge et des fonctions similaires ou compatibles avec les miennes dans son pays.

Pourtant je ne lui ai même pas serré la main.

Ce n'est que plus tard et indirectement que j'ai été informé sur sa personnalité.

Il est parti, malin, avant la projection du film, je n'ai eu l'occasion de le voir, alors qu'on devait plus tard nous présenter, que d'assez loin sur le gazon de la résidence où avait lieu la fête, un verre de whisky à la main.

Tout à coup, ce sentiment, alors que nous n'avions sûrement par ailleurs rien de commun, sa vie forcément devait être très éloignée et de mes habitudes et de mes drames et moments fondateurs et de mes goûts et de mes choix ou accidents, que j'aurais pu, comme dans ce scénario où Platon voit les âmes sorties des Limbes qui renaissent s'emparer d'un corps pour s'incarner à nouveau comme un acteur s'emparant de vêtements au vestiaire d'un théâtre, que j'aurais pu, à un rang ou une bousculade près, dans la file des postulants saisissant les défroques qu'on leur présente (imaginons qu'il s'agit de modèles fabriqués approximativement, peut-être artisanalement, en séries comme des chaussures de diverses pointures), être non pas moi, mais lui.



Bloquée (le jour où Lima fut).

 Mémorable jour hors monde tellement incongru et pourtant révélateur.

Il arrivait du Panama ou du Venezuela on lui prêtait tantôt l'une tantôt l'autre nationalité. L'avait brusquement précèdé, depuis deux ou trois jours une invraisemblable réputation de guérisseur de tous les maux. Lima devait beaucoup plus encore qu'on ne l'aurait cru et qu'on ne pouvait déjà le voir, regorger de malades. Mais aussi puisqu'il avait disait-on le pouvoir de tout guérir et transformer en joie et réussite, de gens misérables, malheureux, contrefaits, contrariés et aux abois ou plongés dans le désespoir car à partir du quartier où il officiant, vêtu de blanc et assis sur un fauteuil de faux cuir beige, au fond d'une cour en partie protégée par un appentis de tôle, la foule des postulants commença, et ce mouvement de gens informés par ouïe dire avait largement commencé à se manifester avant son arrivée, à former une file, une queue, une double puis une triple file qui bientôt en s'enroulant sur la chaussée, obturant par sa masse compacte toute la zone puis atteint le centre de l'énorme quartier historique et finit par bloquer voitures individuelles, carioles de vendeurs, bus et piétons jusqu'aux limites des banlieues à tel point que la ville fut paralysée durant deux jours sans qu'aucun service puisse secourir les plus que malheureux qui périssaient par dizaines, étouffés, piétinés, victimes d'arrêts cardiaques ou de coups. 

mercredi 18 décembre 2024

Araignée (combat de nuit avec l')

Voilà ça m'apprendra à aimer TOUS (enfin, soyons honnête, presque) les animaux et à être même dans la maison, le protecteur des araignées.

En été ou en demi-saison (printemps et automne quand il ne pleut pas trop) notre grand sport est de manger en plein air, sur la terrasse, dans le jardin, sous le murier, sous l'auvent ou, ciel sur la tête, en plein soleil en cas de fraîcheur relative. Et alors nous sommes, entre poire et fromage ou au moment de prendre le café expresso ou quelquefois dés le plat de résistance, joueurs et presque dresseurs d'araignées. Pas n'importe lesquelles. Les facétieuses et minuscules sauteuses qui aiment courir sur la table pour voir ce qui se prépare, ce qui se passe présentement et courir se réfugier dessous où elles vivent plus ou moins; elles adorent tant les dessus que les dessous de tables, leur monde circulaire ou rectangulaire bi-face où elles circulent constamment en espace Moebius, belles diagonales, tour de la tranche à toute allure, continuité des parcours quelle que soit la trajectoire choisie, sans distinction apparente dans la vitesse entre envers et endroit, soleil ou ombre, quand ce n'est pas sur les doigts de nos mains en section droite ou circulaire (repasse-la moi s'il te plais, si tu l'as toujours sur l'index) ou toute autre partie de peau d'où elles peuvent descendre au bout d'une très mince corde qu'elles fabriquent, ou encore sauter  habilement et sans prévenir ailleurs.

Mais voilà, ce matin c'est autre chose. 

Je me réveille pectoral gauche, omoplate et dessous de bras du même côté, couverts d'assez grosses pustules aux sommets rougis qui ne me grattent pas mais me font mal et m'ont réveillé cette nuit, me faisant croire, presque à une douleur musculaire de surface. Je dis comme d'habitude, c'est rien , une allergie ou Dieu sait quoi. Un produit, une plante, une bête . . . Bien sûr, ça va bien passer. Ma moitié me dit si tu ne veux pas voir le toubib, va voir le pharmacien. Obéissant et devant faire des courses, je sors et passe voir le pharmacien le plus proche du quartier, celui qui n'est pas loin de l'hôpital et de toutes ces officines de pompes funèbres qui n'ont rien trouvé de mieux que de se coller en grappe, les unes contre les autres en raisonnement de proximité.

La pharmacienne ou assistante regarde mon torse, super-étonnée : je ne peux rien dire, c'est impressionnant. Elle appelle le pharmacien. J'ai déjà vu ça dit-il aussitôt : c'est une araignée. 

Donc, si je comprends bien, c'est déjà mieux en un sens que des punaises de lit mais pourtant cette nuit elle n'avait aucune raison de m'attaquer, de s'en prendre à moi, je suis trop gros à ficeler dans son fil comme une proie si ce n'est que pendant qu'elle réchauffait ses pates sur ma peau souvent bouillante la nuit et dehors il commence à faire froid et j'ai dû à un moment ou l'autre, peut-être en plusieurs mouvements, me retourner . . . et elle s'est crue gravement menacée.

Exactement, dit-il.

Oui, je suis trop confiant envers les bêtes, je ne dors pas avec un chapeau de cow boy ou de ranger sur la tête, mais je vais arrêter de me prendre pour John Wayne dans Safari.

samedi 14 décembre 2024

Je vous l'avais dit . . .

 . . . qu'il nous fallait un paysan du Danube ou sortant d'une grotte des Pyrénées, 

ou en quelque sorte un Sancho Panza assez malin et matois pour affronter notre Illustre Freluquet un peu à côté de son bassin de rasage déjà posé sur la tête depuis un certain temps qu'il combat tous azimuts style BHL comme s'il avait trop lu "la vie des grands hommes" d'un certain poète "croisé républicain" ou un truc dans le genre qui ferait qu'il se prend pour un SuperTrump de poche.

Note urgente ! ce post risque d'être provisoire . . . d'autant que la géométrie des temps n'est pas variable ni élastique mais faite de réalité augmentée . . . alors, ai-je les bonnes lunettes ? gaffe !

jeudi 12 décembre 2024

Echanger.

Préambule, ceci n'intéressera que peu de puristes.

          Tout le monde le dit, même le Président de la République aujourd'hui, en attendant le tour du pape mais ça va venir, je le sens, pour cette étrange nouvelle coutume-tic-pour être dans le vib,  alors qu'il existe un verbe que personne ne connait plus : communiquer. C'est le genre de truc qui me met en boule, car enfin on ne sait pas ce qu'on a échangé dans cet échange, si ce sont des coups de poing ou des critiques réciproques ou de bonnes idées ou juste des tapes dans le dos comme entre présidents aux intérêts contradictoires et ce juste devant les caméras. 

Car enfin oui, on put communiquer point barre mais quand on échangeait, autrefois du moins, en ce temps où on attendait après un verbe transitif, un complément d'objet direct bon sang ! et même plus . . .  on échangeait un truc contre un machin. Cette absence de complément qui laisse dans le mystère secret défense ou ignorance crasse ou je m'en foutisme pur, la nature de l'échange, est aussi ridicule que cette nouvelle concordance des temps qui ne concordent plus avec rien.

Je vous avoue j'tais pour la simplification de ç't'accord du participe passé qui relève jusqu'à nouvel ordre [ dans notre belle et brave langue, bien accrochée à l' archaïsme bien trempé, à son académisme cardinalice et  richelieuesque (1635 excusez du peu) ], d'étranges subtilités casuistiques . . . 

 . . . mais maintenant, au train où vont les choses,  je suis pour, pour l'application intégrale des antiques règles de l'accord du participe, 


A ce train d'ailleurs je ne suis pas loin, face aux aléas dé-mocra-mago-tiques-giques de devenir royaliste. Mais alors le vrai, l'héréditaire de droit divin même usurpé. 

lundi 9 décembre 2024

Mal être (des Césars, des Augustes, des Alexandre et des pauvres mortels).

 Ces jours accumulant des difficultés incompréhensible, qui auraient pu être de réussite relative des décisions, des gestes, des actions ou pourtant un climat instable s'instaure. Une très léger contact éclair dans la tête traversant d'une oreille à l'autre, avertissement de difficultés à trancher à aller vite et droit,  brumes à peine perceptibles passant au fond des yeux, même pas une larme, humeurs humides, mouvement presque irrépressible, tressaillement cutané, sorte de léger réflexe, de crispation en surface suivant l'axe vertébral, signifiant qu'on va être mis en difficulté, en position un peu incertaine malgré la décision affichée à plein corps et en claire volonté face aux ennemis, face au danger qui guète, d'avancer sans préoccupations inutiles, mais alors, qu'est-ce ?

Appelons cela un mal être.

On peut comprendre que, face aux décisions cruciales et difficiles à prendre ou les incertitudes d'un avenir absolument inimaginable et ne dépendant d'eux qu'en partie, les hommes aient parfois évoqué les influences lointaines et puissantes des astres pour essayer de se protéger, de recourir à plus fort qu'eux, pour tenter de manipuler et de mettre les chances et les retournements possibles du sort de leur côté.

Qu'ils aient aussi, pour vaincre tout risque de chanceler, invoqué les dieux pour sortir du marasme qui gâche le meilleur de la vie. Prendre à bras le corps, sachant qu'on peut se tromper mais qu'il est bon de ne pas trop s'attarder, hésiter, tergiverser. Car les fonceurs qui se sentent, qui se croient protégés, gagnent contre les indécis et les souffreteux flous, isolés, vacillant de doutes.

Au point parfois de se prendre, tels les empereurs jadis, pour des dieux eux-mêmes ou pour patentés et accrédités descendants de leur famille olympienne.

Vous avez remarqué . . . j'évite de trop actualiser et de parler de cette forme de foi si répandue des croyants qui se persuadent d'être autorisés à se réclamer de paroles, de textes, de préceptes et de justifications plus qu'humaines.

Mais . . . mais, faut-il le dire ? ce léger tremblement avant de prendre les décisions irréversibles (. . . . Ô là encore ! comment éviter une intrusion dans l'histoire des grands mythes et des textes sacré !) c'est aussi celui de la mûre et parfois longue réflexion qui sous-tend le projet et qui l'enracine dans l'humaine et faillible fragilité acceptée comme contestable.

Bienveillant.

 Un livre, un énorme livre qui a fait le tour de la planète, un livre faisant entrer son lecteur dans l'horreur nazie vue de l'intérieur, racontée par un acteur bourreau pervers et cultivé, a contribué à éloigner y compris ceux qui ne l'ont pas lu, qui n'ont fait que le commencer sans pouvoir le supporter, ou qui d'emblée ne s'en sont pas approché, du mot bienveillant, déjà galvaudé à l'intérieur de notre système dénigrant des valeurs traditionnelles.

Or tiens, je viens d'avoir une courte conversation, étant plongé dans une difficulté administrative inextricable, vous savez un de ces nœuds coulants où le hasard, les dates, les obligations, les erreurs parfois et aussi les incompatibilités de compréhension ou de mœurs, vous plongent parfois, rien de grave en somme, rien à voir avec l'holocauste et le génocide nazi, juste une bizarre impression d'être coincé dans l'insoluble cours des devoirs et nécessités incompatibles, une conversation avec une personne bienveillante. Une personne qui sans me donner le fil d'ariane du labyrinthe, sans me guider, m'a donné l'espoir de sortir de là, de cette infiniment petite horreur du quotidien contemporain. Oui, le bienveillant a du bon.

A chaque fois.

 A chaque fois c'est la même naïveté qui me foudroie et que j'observe chez tous les peuples face au tant espéré changement

Peut-être ai-je vécu assez ou trop longtemps pour être un peu décillé, oui sans doute, à voir et avoir vu défiler les gouvernements prometteurs de merveilles tant ici qu'ailleurs dans des pays qui me tenaient d'autant plus à cœur que non seulement j'y avais mon travail, des amis, des intérêts majeurs, mais aussi que je finissais, et souvent assez vite, par m'y incorporer, par m'identifier à mes pareils étrangers et par m'y sentir - en toute fraternité d'adoption -  un peu chez moi.

Que des foules en liesse puissent, sans apparemment être assez perceptifs et sensibles aux manipulations d'un ambitieux futur tyran vainqueur déjà de guerres civiles où il a combattu à mort ses rivaux, l'applaudir comme libérateur du peuple quand il a eu l'heur implacable de renverser un tyran avéré ayant l'avantage certain d'être déjà connu et bien cerné.

Sur ce plan là et en parallèle j'avais aussi beaucoup appris de Dio, mon discret agent secret préféré passé d'un régime à l'autre, de l'est à l'ouest, et ayant servi ou "protégé" trois, sinon quatre présidents successifs.

Le monde . . .

 . . . est un culbuto.

vendredi 6 décembre 2024

Impressions.

A l'intérieur, cette impression d'avoir retrouvé mon corps perdu en nageant cet été dans cette eau si chaude, tropicale, caribéenne. Et cependant cette angoisse latente, bruits de bottes partout, drones, roquets, tirs à longues portées, pilonnages, champs minés, combats corps à corps, carcasses noires de bâtiments noircis, éventrés, exodes, Ukraine, Géorgie aussi ?, Liban, Gaza, tant de territoires africains, nord / sud / est / ouest, toujours cœur des ténèbres, plaines, déserts, forêts, monts, lacs, artifice des frontières, prétexte des religions, en guerre perpétuelle où on ne se donne plus la peine de compter les morts, mouvements de flotte dans toutes les mers du globe, menaces, sous-marins, canonnières nouveaux genres, et du coup cette eau chaude guérisseuses frelatée, qui soigne avec le sel et l'iode et surtout les mouvements qu'on peut y faire en apesanteur, mêlée de pollutions chimiques et plastiques, de déjections humanes, et vivre dans son corps ce changement du climat, menace la plus profonde et tellement trompeuse que finalement, impression d'impuissance totale, personne à part quelques gestes symboliques, quelques mimiques rituelles, quelques mesures sans commune mesure avec la démesure qui se prépare et se met en place déjà, sans parler des machines dites intelligentes qui à peu mais pas encore chercheraient à ronger mon cerveau par des séductions de facilité que je repousse en apparence seulement, en combat perdu d'avance, je le sais. Mais le plus scandaleux dans tout ça c'est mon appétit de vivre alors que je perçois que tout tombe en désastre. Serait-ce la raison, si je ne suis pas le seul à éprouver ça, de notre inaction forcenée ?

Jeux.

C'est une des découvertes tardives de mon jardin.

Je le savais , mais à ce point ! les animaux sauvages certes sont préoccupés avant tout de nourriture, de survie, de combats de préséance dans leur territoire, mais ils jouent aussi en permanence, dés qu'un loisir de faim le leur permet, écureuils surtout champions du cache cache poursuite, mais aussi pies, pinsons, tourterelles qui courent et se jettent les uns sur les autres juste pour le plaisir de manifester leur forme vitale et jouent à ôte toi de là que je m'y mette ou tu te croyais malin, regarde moi bien, plus fort que toi ou qui semblent découvrir comme cet objet nouveau, ou cette nouvelle disposition des objets sont rigolos, essayons voir . . .

Tout le monde a vu des corvidés, corneilles ou gros freux, se suspendre, se balancer, se laisser glisser, piquer, bousculer familièrement son compagnon ou sa compagne par jeu. J'ai eu la chance d'observer des comportements encore plus ludiques et augmentés de prouesses vocales, chez les perroquets amazones qui sont extrêmement communiquants et comme les coatis à queue annelée, proches du raton laveur, hyper-facétieux face aux humains.

Mais à ma connaissance, les plus acharnés à jouer sont ici, issus de la dernière portée d'écureux . . . et j'ai peur qu'à force de secouer le nid des pipistrelles qu'ils accrochent ou saisissent dans leurs petites mains griffues à chaque fois qu'ils passent à toute allure en se poursuivant, ils les fassent tomber pendant qu'elles dorment après avoir fait leurs rondes de nuit. 

Finalement je me demande ce que l'homme qui se croyait seul possesseur de tout ce lot de facultés, sensibilités, aptitudes à prouesses de variétés d'états d'âmes, a réellement inventé qui échappe aux animaux à part sa capacité à tout rendre infiniment indirect, dénaturé, abstrait, quelquefois inutile et  compliqué par son recours à l'imagination technique.

 

jeudi 5 décembre 2024

Choix.

En cette période de remue-ménage, d'instabilité et de folie guerrière, je choisis deux mini-séries exceptionnelles et totalement "exotiques" (raison pour laquelle elles remuent notre sensibilité usée, fatiguée, anesthésiée) :

Las Masias des deux "Javis" comme on dit là-bas, Ambrossi et Calvo. Incroyables chants kitcho-catholico-pop, mais pas seulement, histoire d'une secte familiale catalane, hors monde et épuisante, délirante, allant au fond du prurit des dérives sectaires et des transmissions à retournements névrotiques, accrochez-vous c'est pas du tout sucre tout sirop, ça fait mal aux yeux et aux ouïes.

Shokusaï de l'autre Kurosawa, le Jeune qui n'a rien à voir avec le Vieux : prénom Kiyoshi. Plongée là aussi mais diamétralement opposée dans les dédales de l'âme humaine après traumatisme d'enfance. Exploration d'une cruauté fatale et transmissible. Sado-masochisme sous couvert de sereine soumission aux séduisantes et plus conformes politesses.

Epoustouflantes à voir ensemble ces deux séries, l'une de criailleries violentes, l'autre de masque figé et imperturbable.

mercredi 4 décembre 2024

Dio dans le tableau ?


Ce fut là aussi un pur hasard. Je ne m'attendais pas à voir ce portrait là, ni lors de cette exposition improvisée, ni en ces temps où nous avions, bien que intéressés au premier chef par la situation politique de notre pays, la tête tournée bien ailleurs que vers ces célébrations qui s'annonçaient. 

Comme d'habitude quand j'étais appelé à Paris, revenant de ces lointains où j'avais sur place bien d'autres préoccupations à propos d'affaires relevant, plus que de la centrale qui nous avait parachutés, de la situation ultra-critique de l'économie locale . . . . . . je faisais malgré tout, comme mes pairs éparpillés dans le monde ( parenthèse :  la France est un pays champion en diffusion officielle de sa culture, écoles, instituts, centres culturels, recherches archéologiques, linguistiques, etc . . . dans des pays dont la stabilité n'a rien de garanti), un tour des services et des sources disponibles, tant officielles que non officielles ou indirectes, pour ces tâches de diffusion, à savoir bien sûr divers ministères, leurs services annexes, mais aussi, correspondant bien mieux à mes centres d'intérêt réels et permettant de s'abreuver à la source : cinémas, galeries, théâtres, manifestations . . .

C'est ainsi qu'un jour, sacrifiant à mes agréables loisirs coïncidant avec ce travail pour lequel j'étais mandaté, je suis tombé sur ce tableau étrange aux environs de Beaubourg, à l'entrée d'une galerie éphémère, assez vite disparue et spécialisée dans le portrait, variété qui se fait encore assez rare aujourd'hui quand il s'agit de peinture et non de photographie. 

Peut-être s'agissait-il de ce portrait non signé qu'avait peint Dio dans le secret de sa soupente ? celui-là même j'en doute (ce portrait original s'il existe ne doit pas circuler ainsi aux yeux de tout Paris), peut-être une copie ? ou peut-être un autre version, ou peut-être carrément, sur le même thème mais différente, un tout autre peinture réalisée à un autre moment ? Avant ou plus tard, avant sa promotion au rang de Conseiller à la Présidence  . . . ou après.

Ce qui était pour le moins certain et inhabituel dans ce portrait et plus encore dans ce portrait qui avait qu'on le veuille ou non, que ce soit ou non réellement le cas, une tournure en rapport avec l' "officiel", c'était sa conception et sa disposition dans l'espace.


L'homme rapetissé par la perspective était vu de trois quart dos, une rose tenue de la main gauche, du côté où il était tourné, recevant toute la lumière sur sa nuque, de son visage tourné vers l'avant, c'est à dire vers le côté aveugle du tableau, vers le fond où semblait s'étendre un jardin, on ne voyait que le bout esquissé de son nez assez caractéristique et un début pas encore apparent étant donné l'angle de prise de vue, la position presque vue de dos, à peine tournée en arrière du profil. 

L'essentiel est que ce personnage à la rose était regardé, au-dessus de lui, plusieurs mètres, un peu plus que la hauteur d'un étage, par un spectateur dont on ne pouvait douter, après l'avoir rencontré, bien que vu en partie de dos lui aussi, que c'était Dio lui-même.

Car c'est à ce moment là que j'ai rencontré Dio, le vrai, précisément en prenant contact avec l'auteur de la peinture qui s'était lui-même représenté au balcon, en position d'observateur dominant de l'Illustre, un Dio en chair et en os, incarné lors de cette rencontre dans un atelier où il peignait surtout de nuit, projetant des images qu'il avait en personne captées ou parfois empruntées aux magasines, en tirant toujours sous des angles inventifs, d'étranges perspectives.

Encore un détail, ce jardin vu d'un balcon ou d'une baie ouverte, plutôt d'une porte fenêtre ou d'une terrasse étroite, aurait pu être celui de l'Elysée.


lundi 2 décembre 2024

Bêtes (encore et encore à propos de).

 Je suis en train de lire et de découvrir deux romans à la fois, par tranches superposées selon l'humeur; garantie : rien à voir avec le hachis parmentier, je lis par grands bouts (pas de petits fragments comme les miens), ni avec les couches pomme de terre/reblochon ou parmesan/aubergine (je ne cherche pas à mettre du fondant dans les légumes), et là c'est pas du plus ou moins grand classique, c'est du mitonné super original et par surcroit essentiel, du roman centré sur des bêtes, un chien et un lièvre

Des bêtes qui nous permettent un sacré morceau de regard sur le monde terriblement fou, diabolique, vicieusement dérangé ou détraqué qui nous entoure et conditionne nos vies, celui que rapporte et compile la presse, du fait divers banal, du rodéo motocycliste qui tourne mal aux extravagances belliqueuses des élus devenus monarques, dictateurs, despotes, se ruant sur les dépêches d'agences pour les transformer en scénarios de séries, en  tragico/dramatiques films d'horreur, films catastrophes hélas bien réels et vécus en support et arrière plans de ces mises en scène.

Arto Paasilianna est un homme en lui-même déjà rod movie, né dans un camion emporté en exode, né en Laponie, dans Le Lièvre de Vatanen, son roman le plus célèbre écrit en 1975, il nous emporte avec une grande simplicité, avec flegme, avec la tranquillité du témoin qui se sait crucial, dans l'absurde, l'irrationnel, l'imprévisible comportement de ses contemporains.

Quant à Tibor Déry, auteur du célèbre Niki, l'histoire d'un chien (1958), il sait nous faire traverser, portés par l'histoire d'un chien en effet, amusante, attachante, triste, en arrière fond à peine sporadiquement évoqué mais lourdement présent dans chaque page, l'ère des purges et prisons communistes hongroises après la révolution de 1956.

C'est le pur hasard qui m'a fait rencontrer ces livres que j'ignorais jusque là, plutôt obnubilé et versé que j'étais en littérature francophone, y compris africaine et canadienne ou haïtienne, et surtout par penchant de mes goûts et langues de prédilection, luso-hispno-américaine, le hasard des trocs, brocantes, échanges entre amis et boîtes à livres (il y en a une extraordinaire de variété tout à côté du mas dingue), a bien fait de me mettre sur la piste de ces incroyables animaux-arianes fournissant le fil de nos univers aveuglants ou obscurs.

Rien d'étonnant toute la base de notre précieuse pharmacopée élémentaire vient d'eux, que seraient nos avancées nutritives, culinaires, pharmaceutiques sans ce rapport que nous gardons avec les peuples dits primitifs ou sauvages, eux-mêmes gardiens d'un savoir arraché à la terre, à ses sortilèges, emmagasiné en fréquentant bien avant nous, bien plus familièrement que nous, les bêtes, bêtes auxquelles dans notre désarroi de monde civilisé, nous revenons aujourd'hui en force. 

Oui, j'oubliais, le contact d'un chat, d'un chien, d'un cheval, le rapport avec un cri d'oiseau ou de gecko, sont déjà de puissants remèdes à presque tout ce qui nous assaille.

dimanche 1 décembre 2024

Note (en bas de page).

J'oubliais de vous dire que j'avais passé une partie de l'après midi en haut d'une échelle à nettoyer avec une sorte de couteau-sabre-à découper la volaille rouillé, à nettoyer les bords de mon toit envahi par  une sorte de petite plante grasse magnifique mais ravageuse qui soulève les tuiles, alors quand je suis descendu un peu las, les jambes un peu coupées et tendues à la fois, ma montre chinoise m'a dit avec une image en mouvement : " c'est l'heure de faire un peu de vélo elliptique ? " 

Quelle bande de blagueurs ces Chinois !

Doigt.

Bien loin de moi l'idée d'aller présenter un doigt comme c'est devenu courant dans notre monde en ce foutu siècle où tout fout le camp sauf l'universelle et stupide balourdise répétitive et la grossière passion pour l'imitation du pire,

bien loin de moi en effet l'idée de narguer qui que ce soit sinon mes ennemis qui sont nombreux mais ne méritent ni par leur nombre, ni par leur inanité ce geste.

En revanche si je vous parle de l'index de ma main droite ce ne sera pas pour me faire plaindre mais par pure bravade un peu imbécile.

En effet, depuis un mois au moins l'index de la main droite, 

après que le majeur de la même main soit un peu parti en vrille et en tire-bouchon ( il y a quelque part qui traîne ici, dans ce foutoir analphabiotique, un petit billet déjà écrit à propos du rétablissement officiel de ma carte d'identité nationale, autrement dit par l'administration officielle : CIN, qui me valut tant de difficultés dans l'impossibilité où j'étais de ce fait, de l'appliquer correctement contre la paroi enregistreuse de la machine à m'identifier pour en tirer une empreinte valable qui ne soit pas de profil)

c'est mis lui aussi à jouer les étranges autant que zarbis.

Vas-y que j'te gonfle et me boursouffle en rougissant, en créant des disfonctionnements du genre raideur et un peu de souffrance sur la peau, au tact et en profondeur de mini-muscles et articulations, une puis deux puis trois, jusqu'à la paume où il s'attache. Alors me voilà parti dans les remèdes d'un classique impeccable vieillot, brûler à la flamme le bout d'une épingle pour la désinfecter, charcuter la peau, à deux endroits j'avais de minuscules échardes, alcool sur la "plaie" de Lilliput, bains d'eaux bouillantes au gros sel, jusqu'à y mettre en direct quelques gouttes d'eau de Javel, comme en 14.

Rien, ça s'atténuait vaguement et repartait, plus gonflé, plus gourd, plus écarlate, doublé de grosseur le doigt obèse, donc erreur c'était peut-être pas un banal panaris (mon père me disait toujours prends ça au sérieux, c'est très dangereux) des bricolo-jardi-maladroit.

Si bien qu'un jour, avant de mourir quand même, 

ma dulcinée me traîne chez un bon docteur qui n'en savait trop qu'en penser d'autant que le doigt facétieux et tire au flanc était, paraissait, en phase de régression, occupé à reconstituer sa peau un peu échaudée par la barbarie de mes traitements. Je lui dis : c'est peut-être un rhumatisme. Il réfléchit regarde bien et me dit, analyses, radio scanner mais c'est comme vous voudrez (il connait mon penchant de récalcitrant auto-sans-médicamenteux) si vous n'avez pas envie d'aller faire tout ça attendons un peu. Il risque cependant d'y avoir de nouvelles poussées si c'est du type infection ou arthrose.

Puis tout à coup ma mie me resort d'une armoire une très vieille terre de guérison, en poudre verte légère et très fine, préparée pour cataplasmes et pomades maison. Donc toujours prêt à l'expérimentation, je trempe dans l'argile et badigeonne et "du coup" la rougeur s'en va. 

Nous en sommes là ; . . . donc je tape des deux doigts que j'ai pour ça pour vous raconter, index gauche, index droit.

Vous me direz : c'est tout, c'est bien tout ?

Voilà je vous dirai comment on mène son lecteur du bout du doigt. Mais peut-être l'histoire s'arrête là ou tout court parce qu'infecté j'aurai disparu (à suivre peut-être ou pas).



Machine.

Vous le savez, je n'aime pas trop les machines, au point de préférer scier à la main les arbres morts de chaleur et les buches pour l'hiver et de me démonter l'épaule pour de longs mois avant qu'elle se rétablisse enfin, deux ans après à force de nager dans l'eau à 28° cet été de canicule. J'aurais bien dû tant qu'à transpirer et suffoquer aller vivre à Tahiti ou au Caraïbes pour simplifier tout ça, n'eut été l'éloignement maintenant que l'avion nous bassine avec ses espaces réduits de bétaillères, genoux collés au dossier du siège devant et ses attentes et contrôles interminables sans savoir si on va pouvoir décoller ou pas, sans parler des bagages réduits à transporter à peine ses tablettes et presque rien. 

C'est sans doute pourquoi ma moitié, ma dulcinée, ma mie perfide, alors qu'habituellement elle ne l'est pas, m'a dit ce matin :

- Toi qui inventes facilement des trucs, invente-nous donc une machine à râler.

Alors . . .  sachant que ça va me retomber dessus je demande quand même :

- Pourquoi ?

- Parce qu'il suffirait d'un bouton ou d'un clic pour l'arrêter, répond-t-elle (sous entendu : alors que toi, je n'y arrive pas).

- Oui mais, je réplique aussi sec, pour la remettre en route aussi.