dimanche 15 juillet 2018

corps perdu


nager
oublier la crasse du jour
pesanteur, violences insistantes, fissures
fuir
ces rages, ces foules, ces douleurs de crâne, ces cris
ces engorgements de rues
ces vapeurs, ces rumeurs, ces barrières de bois mort
ce corps enfoui en hiver dans la gangue rêche
vêtement chaud tu m'étouffera
et renaît
nu
trempé dans le gel glacée de l'été
enfoncé aux profondeurs depuis la surface où l'eau sous le soleil éblouit tiédie
peau surchauffée, sèche, infiltrée sous le grillé
coups et contacts
chocs, bleus et ecchymoses
ratures et moiteurs
cicatrices, peurs
ce corps qui nage en coulé roulé
d'un côté puis l'autre
bras étendus projetés
pieds agités
clapot
presque en silence
oreilles, nez bouchés
fendre l'onde profonde au-delà des distances raisonnables
ni poisson, ni barque, ni planche, ni bouchon, ni coque afrétée
corps étendu confiant en la surface fendue
étrave enfoncée au corps gigantesque des marées et des flux
des eaux mêlées
particule flottante avalée
Jonas nu comme Job
proie des baleines et cachalots, orques et requins
soumis aux méduses et picotements
d'imaginaires ou vrais
calmars géants remontant des profondeurs
corps éclaté enfin affronté
repossédé en
nouvelle naissance chaque été
cherchant l'air de la bouche sur le côté
retrouvant la force du dos
qui coïncide
à l'effort sans effort
rythmé
aux profondes musiques des échanges liquides