mercredi 27 décembre 2023

Peñiscola.

 Cette très petite cité avec une tilde sur le ñ = gn, est un lieu tout à fait exceptionnel sur la côte valencienne. Ce fut le refuge du pape Pierre de Lune dit el papa Luna, noble natif du royaume d'Aragon  qui fut un temps "antipape" d'Avignon. ( Parenthèse : au passage Avignon, vous le savez, a bien profité de cette présence pour devenir éternellement magnifique et aujourd'hui plus que jamais). Le papa Luna, septième pape à résider en Avignon, sous le nom de Benoit XIII, astre passager de la chrétienté durant le Schisme d'Occident à ce moment fameux où il y eut deux papes, a marqué ce roc fortifié de son sceau prestigieux de dissident hérétique. 

Peñiscola est toujours une superbe ville forteresse, presqu'île ayant traversé victorieusement tant d'époques de gloire jusqu'à devenir, entourée de plages, une petite capitale culturelle et touristique porteuse de festivals, colloques, prétexte à plaisirs sun and sea.

Voilà donc comment je m'y retrouvais un jour, poursuivant ma future fiancée dans ses studieux approfondissements intello-touristiques de la culture hispanique. Il est vrai qu'aussi éloigné des grands centres que soit ce lieu, y régnait en ce bel été-là tout un climat d'incroyable effervescence.

Il y avait tout d'abord cette palette de profs prestigieux qui expliquaient pour l'un d'entre eux l'éclatante architecture péninsulaire l'opposant à la lourdeur répétitive et peu inventive du gothique anglais, tel autre introduisant aux courants les plus vifs de la littérature picaresque, où ce troisième jouant sur le somptueux velours de la peinture hispano-hollandaise. L'un d'entre eux, le plus jeune m'avait fait lire le manuscrit de sa dernière nouvelle longue, une trentaine de pages,, plutôt subversive dans l'Espagne d'alors pendant que le maître de séant du festival de théâtre souhaitait me faire connaître son cercle de chercheurs historiens à Madrid.

Bref comme j'étais avec ma bientôt mie, très amoureux, c'était presque le paradis.

Sauf pour le logement. Le premier qu'on nous avait procuré était un studio sombre établi dans une sorte d'immense couloir plein d'une enfilade de semblables vis-à-vis où à l'heure des fritures débordant et giclant d'huile d'olive et des conversations de fourneaux, toutes fenêtres ouvertes, vu la chaleur suffoquante régnant sur les terrasses, le soir en particulier, il était impossible de respirer et d'avoir le moindre calme jusqu'aux heures les plus avancées de la nuit. Nous avions ensuite galéré pour trouver, en pleine saison, une autre crèche. Puis il avait bien fallu se résoudre au pire du pire pour échapper au vacarme et à la promiscuité.

Nous avons fini par nous établir en haut, au vingtième étage d'une tour qui existe encore quoique aujourd'hui enchâssée dans des bâtiments presque tout aussi hauts tout au long de la côte, qui dominait de loin la forteresse antique, dans un studio sentant la peinture fraîche, ce qui nous avait donné l'occasion de dormir fenêtre ouverte et de nous réveiller, du peu que nous avions dormi, boursoufflé/e/s de piqûres de ces petites bêtes qui règnent sur le monde entier, spécialement dans les pays du sud.

J'ai gardé un temps en souvenir le morceau déchiré involontairement et détaché d'une page de l'un des exemplaires du manuscrit que m'avait fait lire le jeune écrivain pamphlétaire où il est question d'une nuit d'insomnie, celle d'un étudiant espagnol qui fait penser au jeune Sartre et qui s'interroge pour savoir s'il doit continuer ses études et continuer à vivre avec sa chère mère malade ou prendre le large et aller terminer sa formation en France ou peut-être en Amérique.

dimanche 24 décembre 2023

Psychanalyste parallèle (jouer le). . . .

 . . . . ça m'est arrivé non pas trente-six fois mais assez souvent.

Comme vous mais pire encore je suis capable de quasi fermer les esgourdes comme de les ouvrir intensément, c'en est même énervant quand on me donne des conseils pratiques que, en général, je n'ai pas envie de suivre, mais inversement, en proportion inverse, je crois être capable par une étrange faculté de m'intéresser à des gens, à des situations, à des cas, à des manifestations d'humanité un peu hors normes qui semblent inquiéter, repousser ou simplement laisser prudemment indifférents beaucoup de gens que je connais.

Ainsi quand j'étais en terminale il y avait un gars, un condisciple, les cheveux gras et gominés rabattus en avant - j'imaginais et imagine encore qu'il avait un début de calvitie - qui filait du mauvais coton. Un jour pendant le cours de Sciences-Nat (on ne disait pas encore Biologie ou Sciences de la Vie et de la Terre soit SVT comme en ce jour où on étale de mieux en mieux en tartines précisément ce qu'on ne sait pas faire, la vie ? la vie ? en sciences, n'importe quoi) un cours d'ailleurs très "pittoresque" donné par un super-prof intouchable. Docteur en biologie animale, il avait deux fortes particularités ou même trois ou quatre dont deux qui auraient pu le faire virer de l'enseignement public : il était fixiste et résolument anti darwinien, soutenant que le faciès prognathes et le type australopithèque n'avaient pas disparu de la surface de la Terre, il était très doué en dessin faits rapidement à la craie au tableau noir, il dessinait en quelques secondes de beaux escargots toutes tentacules dehors ou des singes en train de franchir une rivière et formant pour ce faire une chaine, se tenant les uns aux autres par quelque partie du corps et formant ainsi un balancier au-dessus du vide, scène qu'il avait, disait-il, lui-même observée. Il était par ailleurs lui-même gros et lourd bien planté sur ses pieds, comme un hippopotame, placide et immobile au fond d'un fleuve pendant la sieste, si on me permet ce raccourci. Alors, silencieux et comme inerte, il laissait de temps à autres s'installer un brouhaha dans sa classe, négligeant d'intervenir pour faire taire les conversations, les rires, parfois les cris.

Un jour notre condisciple aux cheveux gominés eut l'audace de placer . . .  pendant que notre maître en sciences de la vie dessinait tranquille et rapide une girafe courant à l'amble et nous expliquait, tournant le dos, cette singularité de l'espèce, . . . de placer et réussir à faire se maintenir à l'horizontale son stylo-bille rouge ouvert, pointe vers l'extérieur, corps coincé dans le cavité subabdominale du squelette de l'homme écorché grandeur nature qui trônait à côté de l'estrade.

L'intéressant ce n'était pas cette facétie qui vous l'imaginez mit la classe en parfaite révolution pendant que notre maître, toujours le dos tourné continuait son dessin de girafe; le surprenant pour nous potaches d'époques reculées et peu évoluées ce fut ensuite d'apprendre que notre condisciple en études anatomiques, l'élève totalement irrévérencieux, suivait une psychanalyse approfondie depuis quelques mois ce dont il s'ouvrit d'abord à l'un de mes amis d'alors avant de m'inclure dans son cercle de confidences. Ce qui s'ensuivit fut notre plongée à trois dans un approfondissement des mystères freudiens, exemples et récits concrets à l'appui. 

Cette façon de lire d'abord ce qui avait encore pour titre en traduction "La Science des Rêves"  soit Die Traumdentung, qu'on préfère traduire aujourd'hui par "L'Interprétation du Rêve", d'en saisir et d'en voir à l'examen les ravages, les douleurs, les impasses, les drames que recouvrent ces analyses m'a personnellement marqué au point de ne pouvoir ensuite saisir cette discipline d'analyse, comme un simple jeu de déchiffrage intellectuel des méandres de l'esprit humain.

Et aussi passionné que je sois par cette étude en marge de nos disciplines officielles, y compris ensuite à l'université où en philosophie on ne l'évoquait guère, je veux dire en rien, comme si elle n'existait pas, comme si elle était absolument tabou, je me souviens que d'emblée j'ai pensé que d'une certaine façon, elle n'était pas faite pour moi. Ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas été tout au long de ma vie en rapport avec elle.

samedi 23 décembre 2023

Alcools.

 C'est la faute à Blaise qui sur FB me parle très accessoirement, en marge de ses réflexions souvent lucides et toujours amicales, de griottes et de macération dans l'alcool, une histoire où interviennent des ânes porteurs de ces fruits à quelques distances à peine de Bruxelles où lui-même, hors toute anecdote et avec un esprit fulgurant de synthèse, illustre brillamment, parmi ses nombreuses activités, des articles de fond de la Libre Belgique.

Qu'on n'aille pas croire que c'est par ailleurs mon cas, comme pour les griottes, de macérer dans l'alcool, ça ne m'aiderait nullement à fulgurer.

D'autant qu'aujourd'hui, pas boire, pas fumer, je suis devenu très sobre, ne bois que de l'eau et un peu de Corbière ou de Saint Chinian (un vin pour connaisseurs, certains Anglais le savent déjà et se sont installés dans la région) et que n'aimant ni whisky, ni vodka, ni gin, ni tords boyaux divers, à la rigueur très bon rhum et eau de vie de prune ou banyuls des fameuses collines qui dominent la mer, dont je n'ai jamais bu des barils ou armagnacs maison, ah oui ça existe encore ! mais pratiquement plus de tout ça, plus rien, je ne parlerai que de souvenirs. 

Dont deux aujourd'hui, très brièvement :

à Rio (il fallait bien que je parle de Rio), le Consul de Yougoslavie - pays qui existait à cette époque-là - avait eu un fils au Lycée français où j'assurais pendant deux ans des cours de terminale, et il m'a offert en souvenir, quelques temps après encore, une eau de vie de prune dont je n'ai jamais retrouvé l'équivalent malgré l'existence de divers lieux de production remarquables en France. Je viens d'apprendre que la Sljivovica entre désormais au patrimoine de l'humanité estampillé comme la Maison carrée, UNESCO. Gloire aux Serbes !

et puis cette histoire des bouteilles de rhum de Martinique obtenues et  conservées par hasard dans ma famille qui n'avait rien à voir avec les spiritueux, mais je la raconterai plus tard ça serait trop long. D'autant que chaque demi-bouteille bue de cette réserve secrète bien empaquetée et conservée appelait évidemment rencontres, amitiés et histoires ramifiées à l'infini.


dimanche 17 décembre 2023

R de Robot en situation de misclick.

 Scène de la vie quotidienne.

Ma tendre moitié ou si vous préférez ma dulcinée quand je passe derrière elle pour aller porter du petit bois et des lourdes bûches de chêne dans la cheminée me pose cette question :

- Un robot peut-il faire un misclick ?

Outre le fait que je comprends d'abord "un robot peut-il faire un biscuit ?" car c'est souvent que malgré la longue pratique que nous avons de nos accents très différents, entre Nord et Sud de notre beau pays, l'équivoque se glisse dans nos expressions et réceptions de message.

Je réponds aussitôt en insistant sur le ton positif :

- Oui, pensant qu'elle plaisante du fait que nous avons parlé il ya peu des robots de cuisson et sachant qu'elle sait bien que les robots savent faire ça, les biscuits et plein d'autres tucs.

Puis il s'avère que ce n'est pas ça. Elle a commencé à jouer au bridge en ligne à l'ordi dans un "team" (une petite partie entre gens en général de connaissance) puis s'est laissée prendre à un très sérieux tournois. 

Or dans le couple des adversaires, l'un étant sorti du jeu pour des raisons inconnues, coupure de sa liaison ou décision personnelle, l'absent a été remplacé, pour ne pas briser le jeu, par un robot.

Or donc si ces robots jouent en général assez moyennement mais pas trop mal il leur arrive cependant surtout face à de bons joueurs, classés pour certains comme de niveau "mondial" ou "national" dans leur pays, de commettre des bévues. Mais là me dit-elle, si on exclue l'hippothèse d'un robot un peu faible de comprenoire, hippothèse infirmée par ses réponses aux premières donnes, ce n'était théoriquement pas possible, l'erreur de calcul était impensable, c'était tellement évident et facile étant donné son jeu et étant données les annonces . . . ça n'a pu être qu'une sorte de secousse, de maladresse, de dérapage, de glissement malencontreux des cartons ou de ce qui lui tient lieu de doigt, bref un click involontairement placé à côté de la bonne carte qu'il devait jouer.

N'y connaissant rien ni en bridge, ni en informatique, ni en robot - je ne suis spécialiste qu'en mis click, tapant à toute allure des lettres quelquefois (souvent) à côté - je vous pose la question : un robot qui joue au bridge, un robot manchot selon toute vraisemblable dissemblance, peut-il par pure maladresse, s'arranger pour faire, comme un humain qui n'a que ses gourdes mains, un "mis click" ?

Ne haussez pas les épaules, il se trouve que la question est d'importance. Pour l'instant il ne s'agit que de bridge mais cette question engage vraisemblablement notre avenir.

samedi 16 décembre 2023

ABC de la narration.

 Cliffhanger et boîte à mystère sont les mamelles de la série.

Oui, vous savez, rien de tel que de laisser le héros au bord du précipice en fin d'épisode après lui avoir fait découvrir un message incompréhensible et obsédant.

Cependant, ainsi, de mystère non résolu en scène énigmatique, après avoir dératé le spectateur/lecteur qui ne marche pas mais court, brave fantassin parcourant votre récit ponctué d'images spectaculaires, en bandes et en masses moutonnantes, vous vous faites apparaitre, roi nu, ce que vous êtes, illusionniste, même pas prestidigitateur, juste un bonneteur, maître seulement de l'escroquerie, de la carambouille, raquetteur ratissant le boulevard médiatique, panoramique, en bonneteau.

Oui, c'était plus compliqué mais intellectuellement satisfaisant, quoique parfois insuffisant ou débile en fin de compte, de faire apparaître élégamment en fin de course, une solution recoupant toutes les pièces de l'énigme dans un positionnement horloger ou une parfaite composition d'échiquier. Mais aussi, c'était moins réaliste et un peu niais, après tout la vie elle-même ne se clôt-elle pas sur des milliers d'énigmes ? la mort elle-même n'ayant jamais livré aucun secret.

J'ai bien aimé cependant, blason d'une époque d'effets domino, cette scène des voitures Tesla qui se carambolent en double file, par panne de guidage après une attaque informatique géante des Etats Unis dans le dernier film de Sam Esmail.

vendredi 15 décembre 2023

E de erreur : errare humanum est ?

 C'est incroyable comme est développée notre faculté de tromperie volontaire, involontaire, destinée à nuire méchamment, à cacher nos faiblesses, à induire en erreur les autres et nous-mêmes sur nous-même ou sur ce que nous croyons être ou savoir.

"Errare humanum est" ou faudrait-il aller jusqu'à dire  "Errare proprium hominis" ?

Si nous commençons à imaginer que le rire n'est peut-être pas le propre de l'homme, de nombreux animaux ayant la faculté de comprendre le jeu et semble-t-il  la plaisanterie, peut-être aussi la moquerie, pourrions-nous par une sorte de permutation, aller jusqu'à concevoir que l'erreur et plus précisément la faculté de se tromper ou même de vouloir tromper les autres et de nous tromper nous-mêmes, est le propre de l'homme au point où elle est développée ? 

La ruse, le déguisement, le leurre sont des aptitudes des prédateurs, des proies, reconnues certaines à tous les niveaux du vivant, mais qui dans le règne animal, du fait sans doute du spectre étendu de nos opinions et de nos actes, se trompe et cherche à tromper les autres, bêtes et gens, autant que nous ?

L'animal progresse souvent par essais/erreurs, nous aussi comme tous les autres animaux, mais qui progresse en passant, y compris dans la recherche scientifique, par d'aussi longues et monumentales opinions, explications, théories totalement erronées ?

Quant à notre langage chacun sait qu'au-delà du oui ou du non, il a été fait, par complexité, confusion, trahison, mensonge délibéré, pour tromper.


mardi 12 décembre 2023

W de Wallace (lequel?) et cette affaire de ligne (de partage).

Tout le monde connait ou devrait connaître Wallace et Gromit

Gromit c'est le chien et Wallace c'est l'astucieux inventeur dont on peut se demander s'il ne l'est pas moins que son chien malin et parfois mieux inspiré, tous deux en pâte à modeler et tous deux pure invention et créatures de Nick Park, petit génie lapidaire, bricoleur poético-sarcastique, à juste titre placé en posture de vedette du studio d'animation de courts ou moyens métrages Aardman.

Ici la question serait : mais où donc passe la ligne entre l'homme et son chien, entre l'être humain et la bête ? 

Par l'amitié sans doute, zone où elle devient perméable.

Cependant, ce n'est pas seulement de ce Wallace-là, l'imaginaire, que je voudrais vous dire un mot, c'est aussi d'un autre, bien réel mais un peu occulté, bien antérieur et inventeur beaucoup plus sérieux, celui de la ligne qui depuis a été baptisée en son honneur de son nom, une ligne imaginaire traversant l'Indonésie, notamment entre Bornéo et les Célèbes, et coupant l'Asie de l'Australie, ligne dont il parla dés 1859. Paraîtra bientôt en cette période bouillonnante, le livre majeur de Darwin le grand et contesté naturaliste qu'il admire, dont il a lu les articles, dont il soutiendra les idées.




C'est qu'en effet bien que certaines explications manquent, et à ce jour encore, il avait cru découvrir une chose bien étrange, 
ce Wallace-là, explorateur contemporain de Darwin, naturaliste en partie autodidacte et taxidermiste (les deux voyageurs pour cette raison se rencontrèrent et eurent quelques échanges épistolaires),  
une chose due au climat ou à la profondeur de l'océan ou à la séparation des terres émergées constituant le continent primordial,
division territoriale induisant l'évolution des êtres vivants dépendant clairement du milieu et de leur position géographique.

Ainsi, si on ne trouve ni rhinocéros ni tigre en Australie et dans la portion Est de l'Indonésie et inversement ni Kangourous ni Koalas ni en Asie, ni dans la partie Est de l'Indonésie, ce qu'on savait déjà, 
la ligne découverte par cet explorateur darwiniste cisèle beaucoup plus dans le détail aussi bien pour la faune que pour la flore, découpant sous-espèces, variations, évolutions divergentes, apparition de caractères nouveaux.

Ainsi peut-on aller jusqu'à se se demander si la subite divulgation des travaux méticuleux, prudents, systématiques, très étendus, longs, "scientifiques", du savant de poids qu'était Darwin qui ne se décidait pas à terminer et à publier son livre majeur L'Origine des Espèces, n'a pas été précipitée par l'intuition subite de Wallace avec lequel Darwin était entré en contact notamment pour lui acheter des specimens d'oiseaux indonésiens, et ne tient pas à cet article que Wallace avait hâtivement rédigé sous l'influence d'une fièvre paludique et adressé, pour avis, à Darwin. Il semble qu'il ait vivement conforté Darwin dans ses théories encore prudentes et qu'il l'ait poussé, encouragé par ses amis proches à publier sans tarder.

Ainsi, mais inversement, la ligne qui sépare un savant d'envergure et un chercheur issu de milieux moins autorisés pourrait se trouver abolie ou estompée. 




dimanche 10 décembre 2023

Inconsistant (un point de vue qui risque d'apparaître).

Certes, c'est insignifiant d'écrire ainsi ce qui traverse le billard électrique de mes neurones en flash, c'est égoïste, égotiste, subjectiviste, nombriliste, égocentré, tout ça a beau clignoter, tinter, s'illuminer de couleurs fluorescentes, tout le monde s'en fout, car c'est dérisoire, misérable, futile, beaucoup plus que vide, peut-être méprisable.

Ecrire des romans, peindre le monde tel qu'il est, sculpter des formes trouées ou dressées, composer des hymnes, c'est tout aussi absurdement vain, mais au moins ça sort un peu, au moins en apparence, bien que l'auteur ne donne jamais à voir que ce qu'il est, que ce qu'il a été fait, bien que tout "créateur" ne projette que son ombre et ses fantasmes, des images même pas choisies qui se sont imposées à lui, provenant d'une grande machine liquide, de ses nappes, de ses chutes, de ses canaux sans fin et de ses résurgences, c'est à dire de son caléidoscope intérieur, son mode de fonctionnement sous couche d'aménité sociale et de bienséance (toujours respectée mais variable d'une époque à l'autre) ça sort un peu en apparence du narcissisme brut, du journal en monologue clos, du point de vue unique du récitant, du solipsisme soliloqueur s'adressant aux murs, aux lecteurs imaginaires, à l'autre supposé sinon identique tout à fait un peu au moins mêmement fait, écorché, vif et réactif.

Ne vous y trompez pas.

Vous êtes dans l'erreur.

C'est aussi vrai à l'envers, le journal le plus intime parle du monde et pas que de mon moi.

De fait il me semble que le point de vue du scripteur est le seul honnête. De quel droit, de quel poste, de quelle pose et comment s'ériger au-dessus ?

J'ai toujours eu du mal personnellement (j'insiste vous le remarquez sur la position qui est mienne, en tant que me sentant prisonnier du moi) avec tous ces grands écrivains qui peignent à fresque des tableaux universels, impersonnels, ciblant le consensus collectif.

Non seulement je ne parle d'abord qu'en mon nom (un nom que j'ai choisi pour parler) et que pour moi pour être vraiment assis ou debout là où je suis, mais de plus, ce que je raconte n'est jamais une fiction, je l'ai vu, vécu, éprouvé, et cela même dans les portions d'imaginaires que je parcours, livre et revendique (tel roman que j'ai pu lire et dont je dis un mot, tel mien texte publié (très rarement), inachevé ou terminé mais non publié, ou en cours encore, .. . . ça vous allez le voir bientôt . . . . . J'anticipe sur le cours des événements..

samedi 9 décembre 2023

Beau jeu . . .

 . . . me direz-vous d'étaler ici des titres d'articles que j'oublie ensuite d'écrire.

Justement, je dirai, c'est le jeu. Désirer toujours plus, sans limite, ne pas mourir d'ennui ni de monotonie. Quitte à ne pas tenir ses promesses, mais justement essayer jusqu'à l'impossible.

Rien ne serait plus triste que de vouloir limiter ses expériences, ses paroles, ses récits, à un cercle mortuaire et fermé. C'est là l'aspect le plus insupportable de la corrida de toros, cette fermeture une fois ouvert le corral obscur et refermée la porte d'entrée de l'arène lumineuse. Ce cercle de mort. Ce plancher de sable absorbant le sang. Ce moment où il faudra bien que l'épée, la lame, rentre profondément dans le corps gigantesque, musculeux, noir, vivant.

L'indulto, la récompense du taureau vaillant par la vie sauve et le retour aux immenses pâturages, qui lui est parfois, encore très rarement, accordée, est le seul moment sublime de cette cérémonie archaïque, lourde, ah cette musique tellement épaisse, cadencée, chargée, convenue ! tragédie symbolique, dégoulinante, animale et funeste.

Bon eh bien justement, voilà un article qui n'était pas prévu.

Je n'ai révélé aucun nouveau titre.

Combat avec la Courge (un double C pour moi).

Bien sûr je le savais, la courge qu'on nous avait offerte, elle était belle avec son renflement à la base et sa longueur un peu tordue en forme de pénis géant, mais il allait falloir un jour, bien que ça se conserve assez longtemps ces fruits nés au ras du sol, la peler (ail !) et la découper pour en faire 1/ un gratin, 2/ une soupe délicieuse.

Oui j'aime trop la courge bien que je n'en cultive pas, mais le travail est trop dur, j'ai le poignet faible et les doigts gourds, j'en appelle tout en pelant avec un énorme couteau coupant comme un rasoir aux saints qui patronnent les soupes en boite ou en poudre, ah Liebig ou autre, priez pour moi et aidez moi, que je n'aille pas en forçant me blesser, m'entailler, me couper un doigt, en enlevant cette carapace si dure, mal partout, à la main devenue si faible, à l'épaule, au bras, c'éti pas possible un truc, une chose pareil/le, si résistant/e à mes efforts, après ça va mieux pour tailler en petits bouts quand on l'a déjà coupée en rondelles énormes et déjà (façon de parler) pelée à la va comme j'te pousse, en poussant des jurons et des cris que je vous épargnerai.

Décidément la prochaine fois, je ne sais pas si j'accepterai ce cadeau de la nature et de ma voisine.

mercredi 6 décembre 2023

Seu d'Urgell (La).

D'abord la prononciation : La Séou d'Ourgéï

Ce siège, ce lieu, ce centre de pouvoir, je n'y ai jamais été et n'irai peut-être ou probablement (sait-on ?) jamais.

C'est parce que j'ai été un jour, à Perpignan, invité dans un quartier du Sud de la ville, atteint après avoir franchi un nombre incalculable de ronds-points (et qui pourtant est très proche de l'axe rectiligne Perpignan-Figueras, une fois qu'on a compris le plan hors bizarreries et extravagances des planificateurs de voieries, un quartier qui s'appelle Catalunya, où tous les noms de rue sont des noms de villes catalanes - plus chauvin tu meurs - dans une jolie rue d'un lotissement des années 2.000 qui s'est développé mathématiquement en tournant comme une spirale frôlant en tangente le Canal Royal qui au Moyen Age devait amener pour l'irrigation, l'alimentation des moulins et aussi pour la boire de l'eau empruntée à la Têt un peu plus haut, rue qui porte ce nom résonnant de façon si exotique dans notre parler rendu homogène par les conquérants nordiques et par les académies royales qui ont ensuite prolongé cette croisade intérieure, que j' y pense.

Ancien siège du gouvernement de l'Andorre, aujourd'hui situé en Catalogne espagnole, ce lieu "siège d'apparition ou de surgissement" si l'on traduit selon une étymologie discutée, regorge d'histoire et de monuments. Lieu de batailles, fief royaliste, au cœur d'affrontement de franquistes et républicains dans les vallées montagneuses, il serait avant tout, lieu stratégique de commandement, siège de l'évêque co-prince d'Andorre avec notre président (comme vous le savez), capitale mythique de l'ancienne principauté.

Or, vous savez quoi ? N'ayant pas assez de visites de lieux à mon actif et dans ma mémoire d'éléphant carnivore, je crois que je devrais quand même y faire un tour.

Opera Imperfecta.

 Ce que je voudrais c'est laisser un témoignage, plutôt qu'une "oeuvre" imparfaite certes,  une trace inachevée inévitablement, mais surtout morcelée, décousue, éparpillée, exp(l)osée en mille morceaux, bref en miettes, 

minutatim . . . . .  morcelée

opus in fracturae . . . . . . . .  en éclats

Bon, vous me direz, comme tout blogueur. Non, je vous répondrai, pas autant que moi !

mardi 5 décembre 2023

Lieux. Maisons, Masures, Appartements, Espaces, Paysages, Vues, Balcons, Belvédères, Rêves, Cabanes, Châteaux, Résidences, Refuges, Lofts, Logis, chaumières, Gourbis, Cavernes, et Tanières.

Non . . .  ce n'est pas une pub immo. C'est une véritable obsession.

J'ai pu habiter, ou accepter l'hospitalité, être invité souvent à charge de revanche ou pas, être logé, provisoirement dormir, ou rêver de loger, ou avoir la chance de loger, acheter finalement ou seulement louer, un peu n'importe où. Et par ailleurs, j'ai visité toutes sortes de lieux de vie modestes ou somptueux, par chance, goût du changement, appel de vies imaginaires, goût de l'aventure ou désir de comprendre, de cerner, de saisir de l'intérieur les autres et/ou de me trouver moi-même en solo ou en couple ou au sein d'une petite famille, puisque la vie, selon certains et selon moi aussi, c'est chercher son lieu, mais aussi changer, expérimenter, adopter d'autres perspectives, ne pas se contenter de tourner en rond et de creuser sur place.

Avec bien sûr une prédilection pour d'incroyables surprises, d'éloignements, de renouvellement, de retour, d'enracinements au bout.

J'estimais que ma vie était soumise à assez d'aléas extérieure engendrant suffisamment d'épisodes privés accidentés, abrupts, risqués, Odyssées, ruptures d'abord géographiques et ensuite ou d'abord amoureuses, passionnelles, pour avoir le droit quand je choisissais, de sortir du répétitif, de la norme courante, de l'habitus. J'ai donc souvent occupé des lieux rares ou au moins singuliers et peut-être excentriques.

Dont, parmi tous ceux qui me reviennent à l'esprit, celui de ce couple de professeurs d'anglais, partis en vacance qui louaient une petite maison à Biarritz, sur une colline avec vue assez éloignée de la mer qui comportait cette particularité de posséder une grande volière transformée en serre à ciel ouvert, si l'expression peut être usitée . . . contenant une variété inouïe de plantes grasses miniatures en petits pots, maison qu'avaient louée mes parents pour un prix modique à condition d'arroser tous les cinq jours en quantité très modérée et en tenant compte du ciel et des ondées, un par un, chacun de ces pots.

Est-ce de cet émerveillement devant cette collection inattendue et cachée dans le logement banal de ces gens pour lesquels mes parents avaient à la fois respect et curiosité amusée, que me vient ce goût de découvrir de nouveaux logis ? j'avais huit, neuf ou dix ans, peut-être moins, je ne sais plus et le souvenir que j'ai de la ville autour se confond avec d'autres impressions et images qui se sont formées plus tard, dans d'autres logements de vacance de la région, avant que mes parents décident plus tard d'aller voir de l'autre côté de la frontière la baie de San Sebastian.