lundi 15 août 2022

Chanchito.

 Ce matin après une bonne journée d'averses tendres et douces comme des pluies bretonnes à peine accélérées, les cloportes (que nous continuerons toujours à appeler "chanchitos" soit : petits porcs, ma bien aimée et moi, après ces séjours longs en Sud-Amérique) sont sortis de leurs grottes, cavernes, abris sous feuilles et composts de jardin. Il y en a partout, ronds, annelés et bien noirs, se repliant en boule comme des tatous. Ce coup-ci, en ce jour de l'Ascension, ce n'est donc pas "la Métamorphose des Cloportes", titre fameux, mais leur triomphe de crustacés terrestre.


Parenthèse : allez-y voir dans l'article WIKI sur cette bête répandue sur notre planète en 4.000 variations, article qui a dû être rédigé par un excellent spécialiste plein d'humour (déjà il en fallait pour consacrer sa vie à cette créature) ; on y voit l'accouchement filmé d'une mère cloporte ( animal dénommé "cochon de St Antoine" en diverses provinces et en Bourgogne notamment, j'en témoigne) et l'étrange conception de son petit, transparent en sortant de la poche qu'elle a sous son ventre, le marsupium et on y apprend que tel était le nom des concierges dans l'argot parisien d'antan, par plaisanteries purement verbale mais absurdement dévalorisante sans doute pour celui qui "clôt la porte".

Donc ce matin, échappant au bien terre à terre sort du cloporte, après ces ondées, déjà bien sec, je suis monté sur mon toit. très modeste ascension.

Rassurez-vous, malgré mon âge avancé c'était plutôt un bon exercice de déroulement des muscles et de postures, remuer l'échelle, la déployer, escalader, charrier quelques tuiles gardées, authentiquement romaines, en réserve et me déplacer à quatre pattes là-haut ou ramper à l'envers comme un crabe en restant appuyé sur les fesses, par sécurité et pour éviter de briser des tuiles déjà vieillies et fragiles bien qu'épaisses, sur ce grand toit de mon mas dingue, où j'ai vu que la pluie était entrée sur l'auvent et inondait le perron, car ,de fait, j'habite une maison sans étage toute de plain pied.

Là-haut, j'ai entendu et vu passer en bandes, me saluant joyeux, répétant ce crissement aigu si caractéristique, les premiers engoulevents qui ce soir n'allaient faire qu'une bouchée en l'air des moustiques, des dernières cigales et au sol de mes "clos portes" annelés, enroulés ou pas, l'été touche à sa fin. Déjà.

jeudi 11 août 2022

Petit matin du monde.

 Façon de parler . . . mais comment éviter la grandiloquente et terriblement égocentrique expérience quotidienne que nous avons tous ?

Et de quel monde s'agit-il d'abord ?

Soyons sérieux, il y en a tant, pour chaque "âme qui vive", voire chaque "existant" pensant ou pour le moins sentant, éprouvant, gonflé de vie. Chaque minou, couché au soleil à peine apparaissant, de ma voisine, chaque chien-chien des voisins aussi qui, il ne va pas tarder, hurle à la mort si fort pour son petit corps à ras de terre, dés que les "maitres" sont partis au travail / en effet, garder cette grande maison quand on mesure à peine 43 centimètres de long est une tâche épuisante et déprimante, faut le comprendre / chaque fourmi ailée cherchant dans l'air en train de se réchauffer, son fécondateur-trice, bref chaque parcelle de destinée existante sous le soleil peut revendiquer ce droit aux sensations du matin du monde. 

Certes pas le premier mais à chaque fois un miracle chanté par les anges incarnés en piailleurs, déjà disputailleurs, mais pas encore trop, volatiles qui traversent le ciel à toute allure dans cette fraîcheur si particulière, encore humide et sans vent, silencieuse et à peine moulue déjà par le grignotement de l'écureuil maigriot plus noir que roux qui trouve à chaque réveil son petit déj en "pignons" du grand pin là-haut. Et j'oublie volontairement ce monde subalterne des escargots, des limaces, des criquets, des lombrics qui retournent le sol en petits tas, des larves qui rongent les feuilles nuit et jour en dentelle et je passe sur l'infiniment petit des multi et poly cellulaires invisibles pour notre œil si limité en champ et en spectre.

Donc au milieu de ce grouillement, moi encore un peu, pour ce jour au moins, vivant, ne saisissant pour l'instant que deux couleurs de part et d'autre de cet horizon échancré, le vert des feuilles, herbes, aiguilles, décliné en toutes les tailles, formes et nuances du brun, du jaune au bleu, et justement au-dessus le bleu du ciel encore rougi du levant et vaporeux de nimbes nocturne, silencieusement, avant, juste avant les gros gratouillis et gratouillages, raclages, lissages, brefs et répétés coups de marteau, puis percements trouant les membranes, plus tant d'autres non identifiés vacarmes, que ne va pas tarder d'élever en oraison au jour besogneux et qui appartient aux futures victoires à venir, mon voisin matinal, courageux et irrespectueux, qui n'en finit pas de compléter, peaufiner, aménager, finaliser, aux horaires indus, sa maison toute neuve, terminée depuis deux ans déjà et jamais finie de finir, moi en cet instant de silence en sursis, très menacé de mourir vite, silence précaire et primitif, je crie intérieurement, silencieusement quant à moi, encore faut-il se dépêcher, ma joie. 

mercredi 10 août 2022

B de Barbe.

 Ce n'est pas mon habitude de parler pour rien de ma barbe, cependant je me dois ce matin de le faire, c'est peut-être un signe.

Car depuis toujours et surtout maintenant en ce millénaire ou plutôt ce siècle bien avancé, depuis le Bug mondial qui n'a pas eu lieu en 2.000, depuis toutes ces annonces et prophéties multiethniques de fin du monde, ( et n'oublions pas, mini signe mais pas si mini, avant coureur des dérèglements dans nos populations, depuis les Gilets Jaunes qui ont presque réussi à paralyser, au moins chez nous en notre hexagone réduit mais paradigmatique, nos trafics et nos pronostics, donnant le la, la note des refus, absurdités et de nos vraies impuissances), depuis la Pandémie et la grande et bien utile guerre ouverte des masques et anti-masques, depuis la Grande Canicule planétaire et égalitaire, depuis que la croute de notre sphère, incendiaires suicidaires, lanceurs de briquets et de mégots ou pompiers pyromanes, brûle ses quelques résidus de forêt originaire, primaire, ou replantée et industrialisée sans trêve et sans répit partout, depuis qu'au mieux couve le feu, depuis que nous avons peur comme jamais que le ciel noir ou la terre brûlée en aient assez de nos galopantes, autogénérées et saccageuses grouillantes engeances, nous guettons tous des signes, 

pas seulement ceux que nous adressent nos dirigeants qui n'en peuvent mais et sont condamnés à survivre tant bien que mal un peu comme nous, mais eux, plutôt mieux et en faisant mine de savoir où ils vont et surtout où ils doivent à coup sûr et de fouets nous mener. Je veux parler des signes du ciel obscur et de la terre craquelée que nous attendons tous. La pluie, l'orage, en cette période irrémédiablement sèche où le monde entier et la garrigue ici, vont ressembler au Sénégal où  / sauf pendant la période dite d' "hivernage" (terme colonial d'origine militaire signifiant que toute manœuvre devenait, vu les circonstances météorologiques, sinon impossible, du moins difficile, voire extrêmement difficile et finalement inutile), période de grande chaleur humide et de pluie à tout rompre, vers le mois d'août  / . . . où le ciel était bleu, très bleu, d'un bleu monochrome, irrémédiablement bleu d'un bleu ciel si sombre dans son omniprésence dominante et sans nuage que n'en naissaient qu'insolation, violente sècheresse, éclatement des écorces, désertification.

Donc à ces signes extérieurs, atmosphériques qui ne viennent pas s'opposer aux discours catastrophistes qu'on nous assène, politiquement, scientifiquement, maladroitement, cruellement surtout, en totale inconscience des ravages et sans garantie du gouvernement, il serait peut-être bon de substituer ces signes naturels ou intérieurs qui nous viennent. 

D'autant que dans leur univers, mais sorties de leur cadre, de leur niche, de leur sphère matérielle, hors tout discours officiel, les bêtes se mettent à (nous) parler, à manifester sous nos yeux, à crier à notre face que tout va mal. Dernier témoin de cette vague de créatures sorties de leur univers clos, partiellement extérieur au nôtre mais le jouxtant, après quantité de singes, frelons, araignées, tiques, moustiques, porteurs de toutes sortes de dangers biologiques pour nos cellules, d'êtres minuscules enfermés dans les forêts impénétrables mais pénétrées qui sont venus infecter notre sang, d'invasions indirectes en dû retour, des parasites de poissons doués de poisons, chauves souries et Cie, pangolins et laborantins. . . 

le bélouga au corps si blanc, si beau, dans l'eau boueuse et polluée, qui remontant la Seine s'est exposé à ceux qui, prétendant l'aider, l'ont "euthanasié", représentait un signe d'une autre nature.

Et soyons clair, en aucun cas je ne confondrai les perspectives et ne mêlerai mes petits ennuis de peau et de poil aux graves désordres subits par tout le règne minéral, végétal et animal de notre univers, cependant . . .

Oui, cependant, depuis plusieurs jours ma barbe st anormalement dure, presque métallique.

Certes j'ai vieilli et il est possible qu'elle ait naturellement durci depuis ma jeunesse en devenant grise et blanche. J'aurais pu moi aussi, profitant de l'occasion, prendre l'air d'un prophète ou d'un aventurier aux traits burinés et pas rasé. Mais non, je préfère, négligeant l'apparence de celui que j'ai été ( un vrai baroudeur on aurait dit, parfois, quelle apparence !) . . . donc, non, je me rase presque tous les jours ou du moins j'essaie, mais voilà.

Voilà qu'aucun rasoir n'en vient à bout. Ma barbe en ce siècle fort avancé est dure comme fer. Elle tinte ou se couche roseau flexible, bambou miniature et résiste à toute lame motorisée ou manuelle. Voilà pour moi un signe des temps . . . , serait-ce que je me suis endurci à ce point ? métallisé , cuirassé ? tentant d'éviter l'extinction peut-être prévisible de l'espèce , déshumanisé ?