vendredi 30 octobre 2020

SF (paradoxe de l'ethnologie)

 Dans la position où je me trouve je ne peux retrouver dans ma seule mémoire de citation de ce livre dont, par ailleurs, je me souviens parfaitement et aussi y compris de l'effet qu'il a fait sur moi et sur d'autres longtemps après sa parution.

Quand Margareth Mead écrit l'étude traduite en français sous le titre Trois Sociétés primitives de Nouvelle Guinée, en 1935 - le titre original parle de sexualité et de tempérament, nous, nous parlerions aujourd'hui de genre - elle étonne, fait scandale, est amplement contestée . . . et suivie dans des controverses qui débordant de loin le terrain de l'ethnologie, deviennent philosophiques et politiques.



C'est que son observation des familles et enfants d'Océanie repose sur trois exemple de groupes humains aux noms et caractères qui pouvaient sembler relever de la fantaisie fictionnelle : Arapesh qui ne sont que douceur et sensibilité quel que soit le sexe, Mundugumor agressifs et combatifs, femmes aussi bien que hommes, indifféremment et enfin Chambuli qui établissent entre les sexes une différence pratiquement "renversante" et inversée par rapport aux mœurs occidentales, les femmes ayant le pouvoir économique et les hommes étant voués à la décoration et au divertissement. Ses descriptions suspectes de parti pris pour le public de l'époque, se sont révélées matrices de réflexions qui sont maintenant les nôtres et de la plus brûlante actualité. 

Aux yeux de certains de ses collègues et surtout au regard des plus traditionnalistes des penseurs, elle pouvait apparaître, et encore aujourd'hui, comme un auteur ayant plié ses collectes scientifiques supposées descriptives, objectives, dans le sens de ses options de femme engagée.

Était-elle, celle que son père appelait la petite "Punk", descendante en troisième génération de femmes remarquables au caractère affirmé  auteur de science ou de fiction ?

SF.

L'un des plus grands auteurs de SF se voulant réellement scientifique, est, 

au moment où on commence à réfléchir sérieusement aux machines créées depuis l'aube de l'humanité, qui, ayant lentement progressé d'Archimède à de Venci, commencent, avec les horloges, les fontaines et les automates mis à la mode jusque dans les jardins des rois, à faire un singulier bond en avant et à se rapprocher des nôtres,

notre vénéré, rabâché et inconnu René Descartes, 

l'un des inventeurs de la modernité accouchant d'une rêverie transhumaniste. Il imaginait  des arcs-en-ciel artificiels (il était capable de les calculer) et une vie prolongée par science et mécanique.

Il va jusqu'à imaginer un homme ayant vécu "en quelque lieu" (où sinon sur une autre planète, car serait-ce possible sur la nôtre, regorgeant, en son temps encore plus, de toutes formes de vie ?) 

où il n'aurait connu là, en l'absence totale de bêtes, que des hommes et des machines, dans une lettre datée de mars 1638. ( Re-parenthèse encore : bien sûr cette fable SF n'est là que pour défendre la thèse de l'animal-machine si décriée aujourd'hui mais tellement "en avancée" sur une époque où l'on pouvait justifier théologiquement la pendaison d'un animal, chien ou porc jugé démoniaquement coupable.)

Cette missive retrouvée, parfaitement claire mais cependant mystérieuse est adressée à on ne sait trop qui.

Peut être (Ferdinand Alquier, l'auteur du Désir d'Eternité, a ses raisons de le penser) à un certain Alphonse Pollot dit aussi Alfonso Palloti, né dans le Piémont italien, ayant perdu un bras dans une bataille et néanmoins fait une grande carrière militaire au service des Etats néerlandais où s'était réfugiée sa famille protestante et persécutée, grand ami du philosophe, militaire un temps par défi, et qui fut le premier à comprendre l'importance de ses découvertes mathématiques et qui aussi lui fit rencontrer l'une de ses plus fameuses lectrices et admiratrices, la savante princesse palatine Elisabeth de Bohème (grâce à elle nous avons droit maintenant au travers de cette correspondance à de très précieux éclaircissements et autant de véritables leçons particulières du maître).

Aujourd'hui, comment n'aurions-nous pas mille fois imaginé, bientôt 400 ans plus tard, cette planète, Mars ou la Lune ou ces satellites de Jupiter ou tels astéroïdes intermédiaires ou plus lointains, un jour déjà colonisée par l'homme et peuplés seulement, en effet, d'hommes et de machines anthropoïdes ou zoomorphes ?





samedi 24 octobre 2020

Pomme (sixième).

 Si nous voulons sauver nos pommiers et nos pommes abâtardi(e)s par tant de cultivars il nous faudra approfondir nos recherches sur les forêts primaires de la région d'Almaty au Kazakhstan.



jeudi 22 octobre 2020

Pomme cinquième et fin du truc à la va vite si vous permettez.

Moi qui ne suis ni Newton ni Fourier ni inventeur de rien ou pas grand chose, qu'un vieux voyageur étonné de ce qu'il voit et a vu, aujourd'hui enfermé dans les hauts murs de son jardin, réduit aux voyages immobiles tout aussi étonnants quoique moins colorés, odorants, violents et excitants, drogué au net et aux textes, parcourant la profondeur de mes étagères où se superposent brochures, reliures, encyclopédies, traversé de souvenirs en vrac et en nuées, les yeux au vert pour me calmer, observateur de rouges-gorges mangeurs des vers que je fais apparaître en creusant le sol assidument pour planter, planter encore, des plantations qui peu à peu vont obstruer les sentiers et l'horizon, qu'il me soit permis de parler de la cinquième pomme qui m'appartient.

Tout à commencé au marché couvert, aux halles de Nîmes, entre un aller et un retour en Afrique. quand je vois un ancien élève ou étudiant tout joyeux de me reconnaître, qui participant à une campagne de promotion voulait me faire goûter une pomme du Gard. Coléreux comme il m'arrive de l'être, je lui dis :

- Ce n'est pas une pomme du Gard, comment peut-on appeler ça une "pomme du Gard", où il existe tellement de variétés de pomme au goût beaucoup plus remarquable !

- Mais si, me dit-il.

- Mais non !  Golden et Red delicious c'est tout sauf "du Gard".

- Cultivées dans le Gard . . . 

- Oui, voilà, c'est une honte de venir faire de la pub au marché pour un truc envahissant et sans intérêt qui se vend partout déjà en masse et de détruire la richesse et la variété des reinettes, des pommes spécifiques à chaque vallée des Cévennes qu'on a de plus en plus de mal à trouver même ici, au moins une dizaine.



Maintenant je serais, si cette expérience se renouvelait, quarante fois plus en colère.

La pomme qu'on me présenterait (je n'en mange plus jamais depuis que le dernier petit pommier est mort de vieillesse et de chaleur dans ce fameux et si maigre jardin dont je vous parle toujours et depuis que je leur ai trouvé, c'est inévitable, même en bio au point où on en est, ce goût pur DDT résidu des 40 traitements subits dans le sol, dans le tronc, dans le bourgeon, dans la fleur, dans le fruit) serait ce que j'appelle celle de Blanche-Neige, une pomme empoisonnée par la marâtre industrie qui nous nourrit.


Pomme (la cinquième, première suite).

Sous ses dehors de récit onirique traversé par l'obsession géométrique, l'ensemble des textes que Fourier nous a transmis, tels la Théorie des quatre Mouvements et des Destinée générales, " prospectus" qui annonce et résume ses inventions, est souvent à la pointe de la critique de son époque et à l'avant-garde des inventions qui naîtront plus tard. Son expérience du commerce l'a focalisé sur l'observation du gaspillage absurde de nos efforts et ressources. Son imagination active le conduit à imaginer déjà la coopérative agricole comme système synergique des uns et des autres dans la gestion de nos richesses. La pomme son transport et son prix sont déjà au centre.

Il prophétise aussi que nous vivrons 144 ans dont 120 dévolus à l'activité sexuelle ce qui n'a rien d'absurde, eu égard à la précision de ses calculs . . . mais allez-y voir vous-mêmes comme l'ont fait Barthes et Foucault pour ses multiples avancées dans le domaine de la libération des femmes et de leur désir, pour son exécration de l'excision ou pour le constat que chaque génération est, illusion persistante, guerres, travail, progrès, culte de l'avenir radieux, allègrement sacrifiée à la suivante. 

Faut-il s'étonner que ce grand rêveur solitaire ait suscité tant de disciples passionnés dans le monde et plus étonnamment, de constructeurs de phalanstères impatients de mettre en pratique tout ou part de ses théories ?

Ainsi le dernier et troisième monument érigé boulevard de Clichy en l'honneur de ce penseur hautement subversif, posé sur le socle resté vide à la suite de diverses interventions fomentées au fil des années par anarchistes et phalanstériens (à la suite du rapt et de la fonte au profit des nazis de la statue hommage  initial, sous Pétain en 1941), est-il, pomme banale, sphère aplatie reflétant le monde qui l'entoure, idée de pomme sans caractère autre qu'universel, à valeur plastique de pur miroir critique . . . un joli point de départ de réflexion.



mercredi 21 octobre 2020

Pomme (la cinquième ?)

 Si je reprends Fourrier l'utopiste des phalanstères, il y en aurait eu quatre déjà :

celle d'Adam et surtout Eve, pomme de l'arbre interdit, celui de la connaissance,

celle que Pâris offrit à Vénus, pomme de discorde et jalousie, déclenchant la guerre de Troie,

celle que Newton reçut sur la tête en dormant, origine de la théorie de la gravitation,

celle enfin qui, vendue à Paris dans le restaurant Février, valait 14 sous l'une, soit cent fois plus qu'à Rouen, devenue la sienne, à l'origine, en prolongement de la théorie de Newton, de celle de l'attraction universelle qu'il eut l'idée d'appliquer aux passions humaines, champ nouveau qu'il lui revenait d'étudier en créant les sciences sociales pour comprendre enfin scientifiquement et compléter cette théorie générale de l'attraction , ce qu'il s'ingénia à faire, inventant au passage le féminisme.


(A suivre . . . )




mardi 20 octobre 2020

Covid 2.

Phase II, reprise.

Je me demande si un jour nous sortirons de ce vide partagé (c'est ce que veut dire le mot), générateur de redoublement, que dis-je ? quintuplement de nos 

incapacités

incuries

imprévoyances

inorganisations 

incompréhensions

inadaptations

puis-je ? imbécilités grandioses.

par ce mot

je veux juste dire comme Littré le

disait avec un gros doute sur l'étymologie :

sans bâton, sans béquille, bien faibles donc.



 

En clair.

 A vous fidèles lecteurs qui avez tant de mérite

de bien vouloir suivre un discours échevelé et hachuré en tranches, virgules et paragraphes, parenthèses, incises et répétitions de sens légèrement déportés, relevant d'un fil qui s'enroule sans qu''y paraisse toujours (à première vue ou lecture) l'intention et surtout l'aboutissement,

je dois avouer que je le fais exprès

sans le vouloir vraiment, mais c'est ainsi toujours et depuis très longtemps que je tente au mieux de rendre compte (ce ne serait pas l'expression exacte), disons plutôt "exprimer", "manifester", laisser filtrer serait plus exact, ce déroulement de ce qui s'enchevêtre et tente de se mettre au clair et à nu ou de quelque façon de se rendre présentable tel quel dans ma tête aussi bien qu'au dehors,

n'ayant pour but, quand je raconte un cheminement ou une aventure, une rencontre ou une peine ou une joie ou une déconfiture ou un éblouissement, et surtout aujourd'hui quand notre avenir se bouche et le mien encore plus, double peine, que de décalquer ce mouvement interne fait de projections et de souvenirs, de revécus sous forme d'images que je m'efforce de traduire et forcément de trahir en mots,

au plus près d'une sorte de rêve éveillé, parlé et articulé de telle sorte qu'il devienne transmissible et éventuellement compréhensible . . .  

donc . . . à vous fidèles lecteurs, merci, si cela vous fait du bien malgré l'effort nécessaire, tant mieux, pour moi c'est un plaisir de vous savoir présents et à mon tour de vous écouter en retour espion et attentif toujours.

De plus écrivant souvent couché, surtout quand j'arrive d'un élagage ou abattage d'arbre ou autre, bras un peu tétanisés, yeux pas encore accommodés, je tape à côté dans le clavier miniaturisé, ce qui ajoute aux difficultés de lectures, d'autant que je ne corrige que plus tard quand je vois le texte mieux mis en page et hors brouillon un peu dur à manipuler par toutes ces machines qui s'amusent constamment à changer et à cela s'ajoute le fait que ce texte que vous voyez est un palimpseste écrit avec des clous dans la cire (certains n'ont pas encore oublié que je suis logé dans mon ultramort qui n'a rien de factice sous la Maison carrée que je hante et squatte illégalement mais avec la négligente bienveillance de la municipalité après une lutte homérique pour me faire attribuer bien qu'à contre coeur cette adresse quand j'étais après d'autres aventures, en fuite)  que je m'adjuge le droit d'effacer et enrichir ou supprimer à tout instant. Oh lala quel pataquès mes aïeux ! Et quel dur métier ! faut vraiment s'accrocher (je parle de vous autant que de moi). Sans parler de ce p * * * de changement d'heure qui arrive ce WE . . . rien ne nous sera épargné.

lundi 19 octobre 2020

Langue (niveaux de).

 Certains éditeurs sélectionn-ent-aient (ou encore aujourd'hui ?) au niveau de langue plus qu'à la cohérence globale et au projet d'ensemble, sans parler de la recherche et des apports, des inclusions de nouveaux domaines, allant parfois du côté (à la rigueur) d'un nouveau regard, à condition que ce regard soit bien dans l'air du temps et finalement baigne dans le convenu y compris en y incluant comme licence valorisante les anglicismes derniers nés de nos snobs en voie d' . . . .(j'hésite) . . . américanisation (ce mot méritera tout un développement). Mais justement, la langue ne devrait-elle pas évoluer en embrassant et malaxant aussi ses (ou ces) niveaux pour intégrer, au-delà des effets de suivisme et de mode qui ne sont que des tics ou plus absurdement encore des prescriptions officielles ou au moins artificielles de groupes de pression, les trouvailles des chercheurs quelle que soit leur spécialité et aussi celles de tel ou tel parler populaire lié à des pratiques, des régions, des métiers ou des milieux ?

En tout cas, moi petit rien du tout, flâneur de clavier et homme de parti-pris cherchant le clivage ou la bagarre, à tout prendre, plutôt que le consensus beni-oui-oui, je vous avertis, je fais exprès d'y mettre dorénavant et plus qu'avant de l'allant et du feu, formé que j'ai été aux contraintes de la belle dissertation pendant tant d'années, forçat volontaire du bien écrire académique et des périodes un peu surannées ( . . . que je me garderai bien de renier, tiens donc !) et amateur avec fureur, emportement et angle calculé, des mots, des tournures, des graphies parfois que j'emprunte, au cours de ces combats, oui, combats, et emprun-terai, taillant à vif, pillant aux marbres typographiques et pages lues à haute voix des  :

hispanismes, catalanismes, sudaméricanismes puisant leur souffle eux-mêmes aux orients des tournures italo-latines construites solidement et en arabesques, 

argots des cours de récréation de mon enfance, 

occitanismes grand-maternels, archaïsmes, francophonies fraternelles, éparpillées et multiples, étonnamment riches en trouvailles à exploiter 

. . . et néologismes de mon cru ou repris de lectures oubliées.

Langue (de bois).

 Parmi toutes les langues celle qui ne saurait se retourner et ne peut que gêner dans la bouche celui qui la profère toute belle, tapant sur ses dents et son palais, flottant sur sa salive, excrément durci et léger qui ne trompe personne sur sa qualité réelle, mais va constituer, un de ces jours, novlangue ou vieille rhétorique, un vrai continent à force d'îles bien matérielles, comme celui de plastique, à force d'envahir l'océan de notre pseudo morale aux vagues de dentelle en papier cul. 

dimanche 18 octobre 2020

Nemausa.

A vrai dire j'avais deux brouillons sur Nemausa, l'un à O de Observatoire et l'autre à A de Astéroïde. Voilà que sans vider l'un ou l'autre ou les deux de leur substance de note griffonnée comme pense-bête et ultra-courte, je m'aventure à parler de Nemausa en direct et sans rien y connaître.

A Nîmes les imaginations ont toujours vagabondé au sujet de la chose et du mot Nemausus, source, lieu sacré, ville, dieu éponyme, etc . . . . Et Nîmes, ville somme toute réduite après avoir été capitale et s'être mesurée à Montpellier, a depuis longtemps fait la preuve qu'elle était une ville de phantasmes concentrant ou suscitant bon nombre de rêveurs mais aussi toute une pléiade d'écrivains, historiens, archéologues, inventeurs et minutieux chercheurs.

Parmi eux, ayant vécu au centre de son centre, au carrefour de la rue Nationale construite sur l'écoulement naturel de la Fontaine qui alimentait moulins, tanneries et teintureries, formant le ruisseau Agau couvert seulement depuis la fin du XIXe siècle, et la rue des Lombards, rue des banquiers au Moyen-Age, Benjamin Valz mathématicien remarquable, manieur de logarithmes, ingénieur et "calculateur de comètes" émérite, lieu où son disciple, dans la maison qu'il lui avait confiée et sur ses calculs, Joseph Jean-Pierre Laurent découvre en 1858 dans l'observatoire privé dominant ce carrefour, construit par Valz en 1825, la petite planète, astéroïde tournant autour du soleil entre Mars er Jupiter, qu'ils nommèrent d'un commun accord Nemausa.





Brouillon.

Laisser le moins possible de brouillons, de textes en panne, de notes dont devait sortir une idée qui maintenant ne tient plus la distance ou même s'est complètement éteinte, grillée ou évaporée, cependant il arrive que par une sorte de non-sens-contre-sens un brouillon qui a perdu tout éclat ou résonnance s'illumine à nouveau, racler, chercher dans les poubelles la pépite, dans le vrac tout venant du quotidien une clé perdue.
Ainsi en ce jour où événements brutalement criminels, catastrophe développée en continu et prodigieuses ruines annoncées se précisent, à peine voilées de réactions épidermiques et d'inutiles discours, je tombe à nouveau sur cette note où je me proposais de parler de Nemosa (voir ce nom) petite planète, astéroïde qui brille à mes yeux à nouveau.

lundi 12 octobre 2020

Q

 Qu'y mettre en Q ? Peut-être encore une fiction ? Ou du vécu ? Ou les deux entremêlés mais authentiquement perçus ? Perçus au travers, sans filtres, de lentilles et miroirs optiques.

19Q4 ? 1984? une année qui a fait tellement pour la fiction et le vécu, mais diable, pourquoi ? Ce devait être et ce fut, SF ou pas, rétro-fiction ou pas, une année comme les autres dans le monde, malheurs, calamités, lot de décès, pour l'instant me revient seulement ce prix du pain en Tunisie que Bourguiba dût changer. 



Où étais-je cette année-là ? 1984, ça fait déjà 37 ans.

Déjà revenu dans cette ville exil-repos-base arrière où je ne suis pas né mais où à force d'arrêts et retours, hasard et choix, nominations, commissions, coups de tête, rivalités, coups d'arrêt, clans, coups du destin, élections, j'ai fini par me sentir comme (mieux peut-être que) chez moi en cette capitale carrefour du plat pays. 
Par où, quelle trappe, étai-je passé du Congo alors Zaïre, avant d'être balancé, parachuté à ma demande, au Pérou au pire moment ("vous qui avez fait déjà un pays en crise . . . " me voilà devenu spécialiste des temps de guerres civiles, pénuries, massacres annoncés ou passés, misère et inflation galopantes obligeant les gens à acheter des dollars puis à tout perdre ou à descendre dans les villes pour mendier ou voler) ?
Par quel jeu des miroirs solaires réfléchissant des rayons imprévus allai-je, passant par ce repos-intermède, donnant quelques aperçus, au fil de pensées flottantes ou systémiques, fonctionnaire détaché à nouveau rattaché, enseignant ou gestionnaire, d'administrateur à périodiquement attaché, ramené parfois après le long cours à refaire ou improviser des cours ramassés donnant quelques aperçus . . . des longs errements de quelques penseurs nous ayant précédé en chimères, perspectives, utopies et systèmes, dont j'avais pu, au hasard de quelques lectures et parfois expériences tourmentées, emprunter les ponts tendus vers nous, humbles mortels à têtes creuses incapables de telles visions, en passant par Ledoux et Fourier,  à des apprentis artistes tellement avides de savoirs anciens, de textes où se raccrocher et de souvenirs vécus - quelques uns dont de vrais créateurs, sont restés longtemps proches avant de disparaître dans leurs propre vies éloignées - de pays en guerre en pays en guerre ? 
. . . . . . .
Wiki écrit : " 1984 est une année bissextile commençant un dimanche" 
* et personnellement je ne m'en souviens que comme d'une année charnière . . . /

. . . / chair prisonnière, grincements, doigts pris, 
une année  où passant de la maison de village que m'avait prêtée Claude V qui aurait bien voulu que je reprenne, à sa place, il en avait assez, la direction, chiante administration entre impératifs municipaux, clientélisme, indépendance supposée, budgets restreints et directives parisiennes, de l'école des Beaux Arts de cette ville antique, à un petit mas que j'avais loué à des parisiens qui n'y venaient plus, au milieu des bois, cerné de taureaux au pacage, de manades clôturées, marquées au fer et de chasseurs ne respectant aucune barrière (je me souviens en avoir arrêté un dans le fond du pré pointant une huppe fasciée), mas où nous avions passé un hiver ensoleillé sur la terrasse et même pour fêter ça déjeuné torse nu et en maillots sur cette terrasse à Noël avec d'autres parisiens amis depuis Dakar venus nous voir en cet exil provisoire, bouseux et joyeux. 
Puis nous avions pu jeter l'ancre ici, quittant le village refuge pour la ville, et pu acheter un appartement installé au dernier étage sans ascenseur d'un très vieil immeuble du centre ville, cette ville où je suis encore aujourd'hui, cultivant maintenant, loin des bruits de cette sacrée ville, mon petit lopin de terre ingrate, de pierraille, murs secs et chênes verts, lieu où nous rejoint peu à peu, tentaculaire et insatiable, constructions hâtives ou interminables et nouveaux lotissements, la foutue ville étendue, sans arrêt en croissance, alors . . . autres temps, à l'époque, jeunes encore, nous grimpions au troisième et grenier sous les poutres, odeur du café brûlé du torréfacteur depuis trois générations dans sa maison Renaissance non loin, fières façades de pierre, ombre des rues étroites, bruits de ferias et bandas assourdissants, scandale, cris, légionnaires en goguette, toujours présente la légion étrangère renaissante de cendres millénaires, césariennes, dépôt de boucherie en gros, bruits vivants ou bruits abhorrés, livraisons nocturnes, cette ville où se négocia le bétail longtemps sur son boulevard aujourd'hui le plus chic, avec vue sur la cathédrale, ses toits et son unique tour, l'autre démolie par les guerres et le retour de rage des persécutions, ancien temple de Jupiter pour base et vue sur les toits roux de tuiles immémoriales.


Cette année là le prix Nobel de la Paix revint à Desmond Tutu (prononcez tout tout) qui disait "faites le bien par petits bouts", l'année de la mort d'Indira Gandhi, assassinée, l'année où moururent Losey, Foucault, Michaux, Truffaut.
L'année des peut-être plus de 25.000 morts tués par pesticide à Bhopal en Inde, 

je me souviens avoir relu 1984
et n'avoir pas un instant pu imaginer, que je lirai beaucoup plus tard, qui n'avait rien à voir . . . le 19Q4 d'Haruki Murakami comme la merveille . . . qu'il serait et est encore, ou pas. . . va savoir . . .  mais je me souviens parfaitement,
resserrement du regard, parlons de ce que je sais savoir, qu'écrivant cette année-là à la machine portative Olivetti sur des feuilles A4 repliées et coupées en deux, ce format correspondant parfaitement, encore aujourd'hui, à mon temps de souffle, j'essayais, 
écrivassier non rassasié, écrivaillon vaillant, producteur écrivant d'écrits vains minuscules,  écrivailleur d'ailleurs, tapant déjà sans majuscules le clavier par froid ou canicule, 
d'une seule phrase déjà, 
d'aller presque au bout, en bas de la demi feuille coupée en deux et cible redressée, ce qui faisait presque le format d'un livre, enfantine, ridicule imitation, 
d'écrire des romans en miettes et parfois même de franchir le cap d'une seule traite, 
d'arriver en haut de la page qui suivait, blanche 
à conquérir de quelques mots 
suivis d'une virgule
                                                                                                                            et c'est ce faisant que j'ai eu cette vision de ce que je fais maintenant, par quel canal, quelle trappe, quel passage secret, écrire directement sur une feuille en transparence, comme sur un écran, comme en peinture sans repentirs, ou au contraire tout effacer, retoucher par touches, remplir ou dessiner ou même souvent bourrer les aplats, de lambeaux de vie, de ma vie minuscule et de celle des autres si grande parfois, étale ou tortueuse, torrentielle ou monotone, fleuves et affluents en particules bues par les sables
et le buvard bavard, 
coulées, flux, dépôts, raccourcis, enfilades, un œil fermé, vus derrière mon prisme et par le petit bout de mon alpha-lorgnette.

lundi 5 octobre 2020

Balourd.

Notre nouvelle machine à laver est automatisée et incompréhensible. Si j'étais sur un forum spécialisé en nouveaux produits prétendant penser à notre place et (même) agir (nppppa) je demanderais conseil mais je me suis contenté de lire la notice succincte et incompréhensible. Donc j'ai un peu essoré à la main en tordant serviettes éponge et draps avant d'étendre le linge au soleil revenu après les pluies modérées et entrecoupées d'épisodes venteux ici, oui merci pas d'inondations méditerranéennes ni cévenoles ici pourtant plat pays de sècheresse et excès en tous genres de climats (y compris avant détraquement et conquête de la Gaule par Jules César).

Maintenant que j'ai un peu de temps je lis et relis la très courte notice et je découvre qu'en cas de non essorage satisfaisant - et je vous jure que je n'ai pas fait d' "arrêt cuve pleine" pour linge fragile, fonction importante qui a d'ailleurs disparu des écrans - c'est peut-être un problème de linge balourd, dixit le paragraphe consacré aux anomalies.

Balourd, moi je veux bien, plutôt du genre maigre je ne suis pas un gros balourd, mais balourd je le suis et reconnais l'admettre et l'être quoique pas trop gras.

Quant à la machine, que me veut-elle ? Reporte-t-elle sur elle, par politesse extrême, mes défauts ? 

Quelque part ça m'interroge, comme on dit. Et je finis par comprendre bien que balourd moi-même que ce que la notice internationale traduite dans toutes les langues de façon à être mieux répandue à la surface de la terre entière et tout y lessiver, que ce balourdage lingier (diagnostic possible) peut provenir d'une mauvaise répartition du linge dans le tambour battant et roulant (aurait-il fallu qu'au lieu de jeter en vrac je dispose harmonieusement mon linge de maison dans cet exigeant et délicat, de plus doué de capteurs insoupçonnés, tambour) de ma surdouée nouvelle machine qui d'après le poids a évalué de façon sans doute erronée, sans que je lui demande rien, sa charge de travail et l'eau à mettre ou à éjecter . . . donc si je comprends bien voilà le résultat du progrès qui fait rage sur nos machines en tout genre, nos ustensiles et nos voitures et voilà que nos engins déjà pas si simples à faire fonctionner en version primitive mais qui pouvaient avec une pratique assidue, une transmission de bouche à oreille et un peu de jugeote ou bon sens ou application (oh que ces termes-là sonnent et fonctionnent mal aujourd'hui au moins dans le verbiage quotidien sinon dans le réel des efforts qui nous sont demandés chaque jour !), prétendent aujourd'hui, pour nous aider mieux, débiles profonds que nous sommes, se substituer à nos évaluations et gestes maladroits en calculant et s'ajustant pour notre confort à nos objectifs supputés, en toute absence de réflexion et d'action consciente de notre part, normal les machines commencent à nous prendre pour des nœuds, et si ça déraille grave en laissant le drap imbibé peser dix ou vingt kilos calculés par ordinateur et protocole dédié (en véhicule à moteur, on calcule en tonnes le coup de frein, tu rigoles encore plus), oui, en plus, si donc elles font, par anicroche de computing, des bourdes lourdes qui leur incombent totalement, elles nous le reprochent.