mardi 23 janvier 2018

A de Amis lointains à jamais.

Jadis, j'ai eu beaucoup d'amis, quand j'y pense. Mais en effet je suis devenu plutôt reclus et sauvage. L'ayant toujours été d'une manière, mais de plus en plus. Autrefois, tout le temps à courir, j'ai pu connaître des gens que j'appréciais par mon métier et par goût aussi. Des gens presque tous perdus pour la plupart. Des gens éloignés, des gens autres, des gens fous. C'est pourquoi quand j'en retrouve certains, je craque, je craque ma solitude. Joie ! Et puis il y a les nouveaux, les plus étranges. Ce voisin l'opposé de moi. Dix fois plus fort que moi, éructant, physique, avec lequel nous avons des débats sans fin, purement théoriques, sur ce que devient le monde et sur les meilleures techniques de bricolage ou jardinage ou sur l'intelligence des animaux et des végétaux. Cette devineresse anglaise vivant dans le Var, rencontrée dans l'avion avec laquelle par-dessus l'allée centrale nous eûmes une conversation invraisemblable et qui savait tout de nous, de notre trajectoire de couple, sans nous avoir jamais connus avant, pourtant . . . Et puis simplement ceux qui sont loin, très loin, trop, et s'effacent. C'est pourquoi, au bout du net, certains que je ne verrai peut-être jamais, qui ne sont que numériques à mes yeux rivés à l'écran, mais agissants et là, bien réels, m'importent tant.

dimanche 21 janvier 2018

A d'Abraham mais aussi d'animal.

En temps de guerre les pères envoient leur fils à la mort, se sacrifier pour eux. En temps de paix ce sont les animaux que nous envoyons à l'abattoir en masse pour tenter de nous incorporer leurs vertus de vie corporelle maintenue hélas de moins en moins naturelle. Quitte à manger du bélier égorgé, du poulet ou du bœuf d'usine à viande ou de la bête de corrida. L'homme est bien le fils d'un dieu anthropophage, sarcophage et sanguinaire bien au-delà de toute cruauté.
Je me souviens de mon père qui m'avait dit : essaie de te faire réformer, ton père et ton grand-père et ton arrière grand-père ont déjà donné. Je me souviens de mon grand oncle, paysan montagnard, blessé par accident par un jeune taureau qui m'avait dit : je n'aime pas ces gens du pays bas (il parlait de la plaine côtière) qui jouent avec la force de ces bêtes et s'en amusent bêtement.

vendredi 19 janvier 2018

I d'Indiens. Au sens d'Amérindiens.

Ça me fait drôle de voir, sorties des archives, un peu retravaillées, ces photos géantes d'indiens prises aux alentours des années 1900, prises en Nord-Amérique dans des conditions très dissemblables. Certains sont magnifiés, découpés sur des ciels de gloire. D'autres apparaissent perdus et affalés dans la neige sale des villes. Le noir et blanc ou le sépia sont terribles, ingrats ou sublimes; grandeur épique ou abaissement immédiat. Un des mythes des plus formidables de l'histoire humaine est là : trace ethnographique d'une entité philosophique surexploitée et devenue universelle, le bon sauvage qui a pourtant tellement servi, tellement surexposé, trouverait encore le moyen de nous atteindre ? 

mardi 16 janvier 2018

Tin.

La pièce de bois qui soutient l'embarcation .
Cher lecteur, n’espère pas trop de moi. Ceci n'est qu'une petite fabrique artisanale, un radoub ou même un embarcadère ruiné où n’apparaît plus que cette poutre, cette cale qui jadis tenait de petits navires qui ont coulé, certains n'ayant même pas pu prendre la mer. Alors on rafistole, on reconstruit pièce à pièce tant bien que mal. Ce site n'est fait que de restes de tins. Et de plus comme j'y travaille épisodiquement, j'y fais apparaître des zones particulièrement détruites où se tenaient des radeaux, des bateaux peut-être, des barquettes le plus souvent, des pirogues taillées dans un seul tronc dans le meilleur des cas, dont je m'ingénie peu à peu à imaginer les formes manquantes pour . . . non pas clore le récit, mais le faire à nouveau, ou le rendre capable de voguer.
Il m'arrive aussi de lancer de nouveaux plans et de les laisser pour l'instant en rade, marquant seulement, pour mémoire, leur place incrustée dans le sable dont la couleur indique aussi bien une présence disparue qu'une construction avenir.

F de Fissure.

Faire une visite tel était mon propos hier avant de faire ces constatations qui vont suivre irrémédiablement (écrit en préambule un jour de pessimisme ambiant qui m'avait peut-être contaminé). Donc, à suivre pour la suite éventuelle.
. . . . . . . . . . . . .
Je n'avais plus leur téléphone ou alors ce n'était pas le bon, sonnerie dans le silence. Aller les voir, ce n'était pas très loin. Marcher, marcher; j'aime marcher.
J'ai pris par le chemin le plus court, un endroit qui s'appelle, on ne sait plus vraiment pourquoi, boulevard de la Source, de source on ne voit plus trace ici, on sait en revanche que le moindre passage prend la dénomination d'avenue ou boulevard dans cette ex-cité, ce village (devenu très m'as-tu-vu) de pécheurs, de moines, de récolteurs d'écorces de chêne-liège, de mimosa. Ce qui est sûr c'est qu'en suivant la voie ferrée, ici comme partout de Barcelone à Gènes, on n'est pas loin de la mer.
Tout au bout de ma quête, le haut du petit immeuble, oh un très petit immeuble de deux étages coincé entre de beaucoup plus grands et de très vieilles et nobles villas gothiques à armoiries fausses, bien décaties, était fermé; personne, ni table ni siège sur la terrasse, autant que je puisse voir d'en bas. J'y reviendrai demain et j'interrogerai les autres occupants s'ils veulent bien répondre.
Ayant tardé, j'y suis quand même revenu et ne vous fais plus attendre. Les occupants étaient morts tous deux. Assez brutalement, l'un puis l'autre. Normal vu leur âge, rien à dire contre cette application normative, statistique, de la dure loi une fois passé 82 ans.
C'est le fils inconnu de moi dont je voyais poindre le crâne chauve et qui semblait racler le sol, que je distinguais d'en bas avec un peu de recul, quand il se relevait, mais qui ne répondait pas, qui m'a renseigné après que des voisins, vieux, très vieux, sur ma bonne mine faut-il croire, mais un peu imprudents sans doute, m'eurent immédiatement ouvert sans autre forme de procès quand j'eus émis le souhait de monter là-haut. Surpris de ma visite il ne savait trop que dire et me montra son travail : boucher avec un joint spécial une grande fissure qui traversait la terrasse et entrait dans le séjour.

lundi 15 janvier 2018

Amériques

A d'Amériques.
Quand j'y étais aux Amériques . . . Quand j'y fus la première fois, c'était au Brésil, ensuite j'y revins souvent mais cette force de l'impression première s'est imprimée à jamais dans tout mon corps au point d'en écrire tout un roman qui était plutôt un poème et qui fut refusé comme de juste en tant que tel. Je sens que cet article va être un peu long. Donc, à reprendre plus tard.

jeudi 11 janvier 2018

Oasis.

O comme Oasis.
C'était une villa qui s'appelait ainsi, "L'Oasis". 
Une villa 1930 avec tour carrée, pignons à festons et balcons multiples, placée maintenant entre la voie de dégagement et la voie ferrée surmontée plus récemment d'une autre voie rapide , elle qu'on avait voulu établir seulement face au train pour le voir passer un peu loin, cachée dans son jardin ombragé et étroit, derrière une végétation ayant repris ses droits, coincée entre deux immeubles plus tardifs et des murs surmontés de panneaux en treillis de bois disloqué, ornée et protégée de belles grilles en fer forgé aux courbes se voulant mauresques ou andalouses, peintes en vert bouteille et un peu rouillées, signalée à l'entrée par un cartouche enchâssé dans la brique et étalant son nom sur un portique. 
Je passais par là souvent, pour gagner ensuite des coins restés presque idylliques, dans mes promenades.
Un jour, indiscret, alors que je glissais mon œil par un trou de la clôture en longeant le jardin, j'ai vu une forme allongée sur le gravier. Une forme humaine, une femme âgée aurait-on dit, cheveux gris, longues mèches blanches, jupe aubergine retroussée sur des bas noir et bras étendu au-dessus de la tête en prolongement du corps, à côté, au-dessous d'un citronnier couvert de fruits. J'ai tout de suite pensé qu'elle était morte comme elle ne bougeait plus du tout et qu'à côté d'elle une petite échelle, une sorte d'escabeau de bois, était renversé. J'ai appelé, crié, en vain. Elle aurait pu ne pas m'entendre étant donné le chahut constant de la voie rapide et des avenues en bordure. Sans réfléchir j'ai poussé la porte du passage piéton à côté du grand portail qui n'était pas fermée à clé.

mardi 9 janvier 2018

A comme Apocalypses apocryphes.

Un jour je ne sais plus où (j'ai tellement vécu de moments comme ça), c'était sans doute à Lima, un jour gris comme les autres. Oui sans doute puisqu'il y avait dans la salle ce psychologue qui se trouvait à ce moment-là dans presque toutes les réunions où j'étais aussi convié et qui m'avait impressionné quand il avait déposé son revolver sorti du holster sous l’aisselle en franchissant en même temps que moi cette sorte de checkpoint qu'était devenu le sas d'entrée de l'ambassade après un attentat pas trop grave mais évidemment inquiétant quand même. Le fait est que je n'avais pas fini de m'énerver ce jour-là puisque dans la petite salle de projection nous attendait un film apocalyptique assez pénible, lent, répétitif et mièvre tourné en couleurs verdâtres qui évoquait rien moins que la catastrophe atomique enclenchée par l’inconsistance criminelle des hommes et qui était l'oeuvre d'un ancien assistant de *** , assistant devenu très vieux, assistant de je ne sais plus non plus qui, non je n'ai pas effacé son nom par simple courtoisie, réellement je ne m'en souviens plus, d'un des "grands" du cinéma français de l'après guerre, mort et oublié, lui depuis longtemps, mais qui apparemment avait peu tiré profit des leçons  éventuelles et de la fréquentation assidue du supposé "maître". Donc, énervé et même excédé, c'était très impoli étant données les circonstances et le milieu, je suis sorti avant la fin du film, avant l'accomplissement final de cette apocalypse qui ne révélait rien mais était bien apocryphe au sens de fausse, flambarde, fumiste et toute en charlatanisme, me disant : faux dieux inspirant les mauvais prophètes . . . faites qu'à son âge . . . je ne projette pas, moi aussi, ma trouille et mes angoisses de vieillard à la face du monde pour le punir de vouloir survivre à mon propre trépas.

samedi 6 janvier 2018

T de tête de lit

après voir commandé une tête de lit sur le grand net me voilà envahi de têtes de lit bien sûr mais aussi de colifichets variés et sans rapport et même de chambres entières à louer de-ci de-là, en pub faussement ciblée, ils ne savent pas où, comme je suis sans arrêt en train de consulter des cartes, des photos, des blogs se rapportant à des lieux éparpillés dans le monde où j'ai déjà vécu ou parfois jamais été et bien sûr ayant déjà payé, commandé ferme et bientôt reçu ma nouvelle tête de lit je ne vais pas encore en commander une douzaine

jeudi 4 janvier 2018

Uirapuru.

U de uirapuru.
Dans la jungle amazonienne rien de plus émouvant que le cri de ce petit oiseau qui attend que les autres chants s'arrêtent, insectes, crapauds, singes, perroquets, musique massive et assourdissante qui surprend toujours le visiteur nouvel arrivant, pour lancer ses notes en refrain ne varietur mais étrangement mélodieux, au point qu'il inspira Villa Lobos.