samedi 14 novembre 2020

Belges.

 Je sais c'est complètement absurde de les mettre, tous les Belges, dans le même panier à gaufres ou à spéculoos, mais l'impression que j'en garde des Belges 

que j'ai fréquentés quand j'étais frontalier et voué (en tant qu'agent contractuel intermittent,  car j'ai toujours aimé les expériences éloignées de ma formation initiale) à l'interprétation ponctuelle et sujette à évolution et recalibrage officiel des statistiques de l'économie européenne voire (oui, oui) mondiale et avant d'être recruté comme agent spécial, autant dire espion presque reconnu et déclaré, par l'Office National de Prudence, Intelligence, Soupçon et Sécurité rattaché aux IFEDEX - cet organisme peu médiatisé qui porte le nom compliqué de : Instances Francophones d'échanges et de développement extérieur dans le cadre d'une paix durable - puis ensuite envoyé en mission au Congo où j'en ai rencontré quelques uns qui, autant que j'ai pu en juger, n'avaient pas hérité par atavisme local de l'insensible cruauté de Léopold II, 

c'est que ces gens qui nous ressemblent un peu en apparence sont souvent plus calmes, plus drôles, plus facilement prêts à expliquer et à aider et surtout à ne pas prendre tout à fait aux sérieux leurs propres blagues, si on les compare à leurs voisins si imbus de leur supposée supériorité (cartésienne ou voltairienne), les Français.

vendredi 6 novembre 2020

Tueur (en série).

Il y eut d'autres époques. Celle des grands guerriers, d'Achille de Troie à Roland de Roncevaux, longue période où se succèdent toutes sortes de Bayard ou Du Guesclin, nos héros.


Ensuite, bien plus tard il y avait eu l'immense Quichotte qui était déjà magnifique mais un peu dérangé.

Puis reparut d'Artagnan, le personnage de roman, (1844) après Quasimodo (1831). Enfin vint le polar fils de la révolution industrielle déjà incarné par le détective Auguste Dupin d'Edgar Alan Poe dans le Double Assassinat (1841). Là comme les dates tout se resserre. 
Nous entrons dans la période féconde et terrifiante où industrie, culture populaire et goût manifesté (faut-il le croire ?) par le public, goût du mystère, de la mort, parfois du fantastique - ça commence réellement avec Jackie l'Eventreur comme personne et personnage (1888), ça avait pris un développement littéraire avec Eugène Sue (grands feuilletons de 1842 à 1845) ah Eugène, c'est lui que je préfère à Dumas et bien d'autres, sans parler du Comte mort dans le neuvième et natif de l'Uruguay . . . et bien d'autres, et bien d'autres . .  - et peu à peu, de plus en plus souvent du lugubre, du trash, du glauque, du  morbide, émerge et submerge en surenchère de scénario alambiqué en meurtres croisés ou imités et pris en référence comme maquette débonnaire et banalisée de quintessence d'horreur à répétition sans beaucoup d'imagination ni d'effort, le roman, le film, la série supposée tenir en haleine le pauvre spectateur bercé par des musiques mystiques ou du folk song sympa, ou pire la comptine enfantines dans les plus mauvais.

Point culminant et plateau (altiplano) atteint : le tueur en série mon triste, bien triste contemporain.
Tueur à répétition décrit et déployé en usant systématiquement jusqu'à la nausée de toutes les variantes.

Alors la question pourrait être : sommes-nous des victimes enfermées dans nos fantasmes d'horreur et surtout de peur entretenue et cultivée, par une société qui nous broie et mouline, machine effroyable qui nous domine ? Une société qui ne nous inspire qu'effroi, dégoût, tremblements des membres, nausée, suée de cauchemar ? Ou est-ce le développement de nos désirs d'exploration au-delà des limites déjà atteintes par l'art, l'imagination, la représentation, y compris dans nos divertissements qui nous pousse à nous jeter dans cet enfer de l'imaginaire, qui fait que nous sommes incapables d'envisager le monde, nos semblables, nous-mêmes et notre avenir autrement que sous ces espèces catastrophiques ? cataleptiques, paralysés, ligotés, hallucinés que nous serions dans un univers créé par nos cervelles ?
Pour ma part, je répondrai les deux mon capitaine.
Nous tournons en rond dans la spirale d'un maelstrom.

C'est pourquoi, ô espoir dérisoire ! j'ai rêvé longtemps de créer (et peut-être de vivre en partie) le personnage tout aussi hors-norme, franchissant de multiples frontières, fascinant, tordu et approfondissant tout autant des perversions exploratoires perturbant et son être et le destin des autres, mais à mon sens, plus ouvert sur le monde, plus curieux, plus banal somme toute, plus universel puisque nous sommes rarement des tueurs mais sommes tous lui, dédoublés, comédiens, joueurs, observateurs de nous-mêmes et des autres, 
j'ai rêvé de
et vous êtes vous aussi donc . . .  l' espion.
(Mais aussi secret soit-il par définition, peut-être méritera-t-il un jour un autre article.)



Note : bien sûr ces remarques ne prennent nullement en compte l'univers extrême oriental du polar chinois du conte horrifique japonais, du récit populaire horripilant au sens premier transmis en Auvergne autour de la cheminée en hiver. Immense univers des peurs qu'on se donne à plaisir. Et sans parler encore du récit des divinités de cimetière haïtien ou des histoire qu'on se plaisait à me raconter dés mon arrivée dans les soirées mondaines ou pas au Congo.

mercredi 4 novembre 2020

Omnibuller.

ATTENTION ! ce mot n'est qu'une tentative sinon aveugle du moins un peu éberluée et est,  faute d'examen et d'usage répandu, dans l'état actuel de notre histoire, interdit par l'Académie française.

Si vous voulez dire qu'une réalité ou une idée vous obsède, envahit votre cerveau et vos discours comme un brouillard ou un troupeau de nuages, vous empêchant de voir autre chose au travers, dites que vous êtes obnubilé.

Si vous pensez comme moi que nous sommes tous (omnes en latin) emportés aujourd'hui plus loin que dans les nuages épais de l'obnubilation, dans une sorte de bulle qui nous arrache au monde d'avant, qui nous extirpe du réel tel que nous l'avons connu avant la pandémie et que cette bulle où nous sommes tous enfermés de force, plongés dans un état qui nous paraît irréel, impossible à admettre comme notre nouveau quotidien 

et vraiment impossible à supporter tel quel indéfiniment sans que personne puisse nous promette de rémission, 

peut-être ce mot . . . dérivé fautivement et par glissement de syllabe, venu d'un trébuchement d'ignorance enfantine, d'une erreur sur la prononciation d'obnubiler, gardant une parenté avec lui, un peu comme le mot omnibus avait rencontré fortuitement le mot bus alors que la forme "omnibus" n'est, en latin, que la forme attributive de "omnes", voulant déjà dire, sous cette forme : pour tous, quand il n'y avait encore, au demeurant, ni diligence ni bus et que la piétaille n'avait reçu en héritage technologique pour circuler collectivement que des charrettes (il aurait fallu donc pour être correct quand on a inventé le bus dire : "bus omnibus" mais cela aurait pu paraître inutilement lourd) . . . 

et dire  "je suis obnibullé" vous conviendra-t-il.

lundi 2 novembre 2020

Arts premiers.

Les arts premiers ou primitifs en sont, comme nous, à un drôle de point.

Sortis des collections ethnographiques où ils avaient été rassemblés plus que par de vrais ethnographes, savants courageux au regard bienveillant ou amical, par des conquérants curieux et avides de conversions des survivants aux massacres (encore s'agissait-il des moins destructeurs en termes d'objets incompréhensibles pour eux), ces objets ayant d'abord halluciné le regard des peintres et poètes à la recherche (eux aussi . . .) de terres "vierges" à conquérir, auteurs eux-mêmes d'une autre exploitation de ces "matériaux" retirés de leur contexte, de leur appartenance à des mondes tribaux disparus, sont devenus des lingots d'or ornant plus élégamment que de l'or en barres, les murs de nos banquiers. 

Que s'est-il passé dans cette métamorphose, ajout d'énorme plus-value reportée sur ces beautés choquantes et opaques encore aux yeux de la plupart de ceux (les mêmes, en général) qui n'ont rien assimilé de l'art contemporain, sauf la valeur de certaines pièces lors de ventes médiatisées ?

Comment ce saut a-t-il été possible ?

On serait tenté de renvoyer pour l'expliquer à l'extraordinaire démonstration que Marx inflige au lecteur stupéfait dés l'entrée du Capital, livre I, chapitre premier, vous savez, celle de la chaise bien matérielle reposant sur ses quatre pieds et sa fabrication à partir du bois et qui "se dresse tout à coup sur sa tête de bois et se livre à des caprices plus bizarres que si elle se mettait à danser".

En effet, l'oeuvre d'art premier, la sculpture qui trône dans les musées ou dans le décor spectaculaire des riches privilégiés se donnant ainsi un diplôme affiché de culture sans frontières et de modernité n'est-elle pas, "hiéroglyphe" (Marx tient à ce mot) à déchiffrer, dans son parcours historique et masqué, triplement fétichiste et passée par

le fétichisme au sens des premières analyses ethnologiques, celles qui ont vu en elle un objet arraché au monde de la production matérielle et divinisé, devenu digne d'un culte (phase que toute étude même passée par les sciences humaines a bien du mal à reconstituer et à comprendre)

accessoirement aussi au sens freudien de détournement d'une adoration sexuelle et d'un amour humain vers son représentant matériel, d'un corps à une partie du corps ou un fragment qui le représente ou à un objet qui en tient lieu (phase névrotique par où passera, même s'il ne l'avoue pas, tout collectionneur)

fétichisme essentiellement au sens marxien de substitution, recouvrement par une valeur "magique", "suprasensible" de la valeur d'usage et même de la valeur sociale d'échange par une dernière phase où l'argent devient seul signe, substitut et garant de l'objet n'ayant conservé son sens premier dans une culture donnée que comme valeur de nomenclature, de référence, d'authenticité dans une classification marchande .

 




Dieu.

 Il y a bien longtemps, quand j'enseignais la philosophie, j'en étais à une explication du texte de Freud sur 

la Gradiva de Jensen, un texte simple que j'adore car il permet de bien situer le rationalisme humaniste et non dénué d'humour de l'inventeur de la psychanalyse. 

Absent de ma "chaire" (c'est marrant, j'ai toujours fait cours debout en me promenant) pendant un temps, j'avais été remplacé provisoirement par un très jeune zélateur de l'athéisme (Dieu ait son âme, mort dans un accident de voiture, il n'a pas fait de vieux os) qui avait cru bon de reprendre "mon" cours en commençant par un tout nouveau chapitre qui n'avait rien à voir et qui était en totale rupture avec mes approches des thèmes de réflexion que j'avais établis en programme.

Il avait intitulé ce nouveau départ :

Pourquoi Dieu n'existe pas ?

Il avait par ce manifeste suivi d'arguments, suscité, on s'en doute bien, des débats, internes et externes à l'établissement.

A mon retour, au lieu de reprendre là où j'en étais resté, interrompant moi-même "l'ordre des questions" du programme primitivement fixé, j'avais réagi par un cours sur les Lumières, la lutte contre l'obscurantisme et la tolérance.

Aujourd'hui, je ne sais pas, je me trompe peut-être, ou je me nourris encore d'illusions, mais il me semble et ce n'est qu'une idée banale, qu'au point où nous en sommes, il pourrait être bon d'en revenir aux Lumières, ces Lumières qui aujourd'hui, chez nous et dans le monde, se sont encore si mal répandues. Avons-nous mieux ?

Ce serait déjà pas mal              


non pas que les gens aillent jusqu'à penser comme moi, à savoir que Dieu, que Son Idée n'est en rien une solution mais pose plutôt un certain nombre de problèmes, est en soi, comme explication, un problème que nous avons ajouté à ceux que nous pourrions résoudre,

qu'au moins, moins de gens, ici et ailleurs, pensent que les malheurs qui nous arrivent sont la volonté d'une puissance divine et non le fruit de nos propres actions étudiées à la lumière du peu de science que nous avons acquis. 

dimanche 1 novembre 2020

R de Robinette ou le plan B.


L'affectueux prénom accolé à son nom, que Joseph Biden-Robinette ou Robinette-Biden, dit Joe Biden, explique par des ancêtres venus au pays de la Liberté au temps de Lafayette, serait, je ne l'ai appris que ce matin en cherchant un peu, un nom de sa lignée colporté, belle origine, depuis  la France et le Roman de Renart, roman où chaque animal à son nom, dont le mouton Robert ou Robin ou plus gentiment Robinette.