mardi 28 novembre 2023

Reconnecté ma montre et retrouvé un livre cru perdu.

 Pas tellement à cause de toutes les informations qu'elle me fournit que de la couleur fluo de ces mêmes indications qui s'affichent et s'éteignent sr l'écran noir rond et classique en apparence, mais en apparence seulement. et évidemment pour le plaisir de téléphoner avec, recevoir un appel ou l'envoyer, sans sortir de la poche mon téléphone. Je l'avais un peu mise au rancard par lassitude puis je n'arrivais plus à la re-connecter. C'est un sport complet avec ces Chinois surtout si on ne tient pas à être déragé pour rien et emberlificoté dans leur réseau de pub. Mais plus gamin que moi tu meurs. J'ai toujours adoré les gadgets.

Retrouvé aussi cette biographie d'Alexandre Yersin, étonnant voyageur / chercheur / inventeur, pionnier extraordinaire de l'Institut Pasteur. Peste et Choléra de Patrick Deville, collection Fiction et Cie au Seuil, 2012, il était passé derrière une pile et je ne le retrouvais pas. Ca c'est une vie (pourtant totalement discrète, n'ayant reçu presque aucun éclat de sa trajectoire d'obstination, de courage, d'abnégation, une épopée scientifique secrète au service de l'humanité)

Par ailleurs pesté comme d'habitude sur l'absence d'ergonomie de divers objets, c'est pas grave, étourdi par l'absence de cohérence des remboursements de la SECU, ça peut être bien pire, vu notre monde civilisé plonger peu à peu dans une phase régressive de sous-développement, superstition, sadisme et cynisme acceptés. 

Titre(s).

 Si j'étais tout à fait honnête je devrais faire une page complète, voire plus, de titres.

OUI, je n'arrête pas , au passage, ça ne m'obsède pas, mais quand même . . . de chercher des, ou UN TITRE à ce fatras de circulation dans ma tête dont je tente de rendre compte ici.

Par exemple :

Passerelle.

Rien ne va plus.

Folies et pensées rabougries.

Cinéma.

Jusqu'où ?

On disait courant de conscience.

Quand tu seras au bout tu verras.

Apologie du quant-à-soi.

Rétrofuturisme intérieur.

Ce qui passe n'est pas que passé.

Bon, j'arrête, je pourrais y passer la journée et j'ai tant de choses à faire par ailleurs.


dimanche 26 novembre 2023

Perspective et profondeur.

Jeux et calculs des peintres renaissants, architectes, mathématiciens, ingénieurs.

Où l'art géométrisé fait apparaître les arrière plans dramatiques de la surface.

Opposer 

aux planches peintes de tradition médiévale où l'espace plat comme la terre joue la hiérarchie en grandeur de la représentation du sujet, d'autant plus puissant ou royal que agrandi dans l'image, met en aplats bien codés, vie paradisiaque, infernale ou quotidienne, 

la fuite en arrière, le trou profond, la boîte sans fond, la fenêtre du tableau sur toile où se nouera bientôt le mouvement pris sur le vif et désormais amené à sortir de l'atelier pour gagner le plein air, préfigurateur de photos saisies en gestes encore figés et plus tard, sorti de cette même camera oscura, schématisation de notre oeil,  l'image agressive, agitée, devenue celle du cinéma.

Ce qui se joue après le tragique historié de nos vies mises en images juxtaposées, closes, suffisantes, ordonnées, arrêtées, bornées, iconifiées, c'est l'ouverture d'un espace mouvant, troué d'échappées, espace à chaque instant romantique déjà avant la lettre, menaçant, fuyant, insaisissable, ouvert sur la décomposition, la ruine, la mort. Précipice de nos existences. Volcan du surgissement. Fragilité. Inachevé. Chute infinie. Vertige de la Sixtine menant au Caravage ou à Courbet.

Chaque fois que je visite le Petit Palais d'Avignon, ses incroyables collections d'oeuvres de peintres italiens, depuis les primitifs médiévaux jusqu' à la lente apparition de cette vision de la profondeur, je suis bouleversé.

Non que la peinture religieuse archaïque soit dénuée de sens du tragique, d'émotion, de drame, de compassion, au contraire elle les exalte et les fige, les codifie, les énumère, cela peut nous convenir et nous rassurer, nous re-stabiliser, nous ré-ancrer dans les attitudes et sentiments humains fondamentaux, mais elle ne connait pas encore cette folie dont le monde va s'emparer qui nous a porté au paroxysme de ce que nous vivons aujourd'hui. 

Salutaire impression, en visitant cette grande exposition rétrospective de Claude Viallat 

 - oui la ville de Nîmes se décide à glorifier son glorieux enfant longtemps après Beaubourg - 

re-visite de cette oeuvre que je connais par cœur, depuis ces traces de main pleines de peinture sur des cordages aux déclinaisons sur tout support de l'éponge, du haricot, de cette empreinte si banale et caractéristique de son travail, maniée en coloriste d'arcs en ciels infinis et sans arrêt renouvelés, parcourant de ses recherches instinctives, vécues en peignant sur toile ou surface quelconque au sol, une histoire de la peinture qui - "Support-Surface" l'a toujours dit clairement et Viallat est le seul à s'y être tenu aveuglément - 

re-trouve, dans ce parcours, ces pas, cette course quotidienne, ce travail incessant, rituel, contemporain, rigoureux, modeste, continué à 87 ans,  progression patiente, obstinée, inspirée, un espace de sérénité anti-romantique, de déploiement neuf à l'infini, anti-illusoire, illimité, illuminé.


Utopiaire.

 Cette passion qui m'est venue de tailler les plantes qui veulent bien pousser ici, dans cette garrigue ravagée de vent, de soleil, de pluies intermittentes, de terre plantée de rocs et de cailloux, en formes géométriques, cube, parallélépipède, arc, sphère, portion de sphère, cylindre, colonnes triangulées, me semblait bien échapper en quelque sorte et quelque forme au classique art topiaire, c'est pourquoi j'étais heureux, tout à coup, de décider de l'appeler art utopiaire.

D'autant plus utopiaire que comme toute taille, tributaire du temps et des directions, vecteurs, longueurs de pousse,

mais ici, tributaires d'un futur rendu plus incertain encore du fait des sècheresses, invasives maladies, invasions de parasites, colonisations de lianes, qu'il ne devrait, pour être parfaitement géométrique, pas outrepasser trop maladroitement, approximativement, victime d'initiatives végétales capricieuses à nos yeux, les droites, tangentes, arcs, cercles, figures fixées dans l'idéal évidemment impossible à atteindre,

d'autant plus utopiaire que parfois, ou toujours en définitive, cet idéal à atteindre, sommet d'artifice ignorant, outrepassant, brimant, niant le développement biologique lent qui suit inexorablement ses propres lois, se situe très loin de l'état actuel de la plante et qu'il y faut beaucoup de bon vouloir imaginaire pour se le représenter accompli dans l'espace.

mardi 21 novembre 2023

Portiques, Enfilades, Ouvertures, Passages, Tunnels irraisonnés, Couloirs de mémoire.

Souvenirs, illuminations, retrouvailles.

Comment vous faire part de cette réminiscence précise et vague à la fois qui comme d'autres, sans raison apparente, certains jours, traversent mon esprit, quand il se passe des choses tantôt ou à la fois terribles et réjouissantes dans ma tête, dans le monde, dans mon quotidien aussi bien sûr, les bons jours, quand je me sens encore, contre vents et marées, 

maître de mon destin, de mon corps amoché, tendu et un peu tordu, usé comme un vieux pneu sur une très vieille guimbarde, épaule douloureuse à droite, genou un peu raide à gauche, encore résistant, usé, mais vaillant - je viens de couper des arbrisseaux et de défricher au milieu des ronces, salses pareilles jaillissantes et lianes piquantes qui avaient envahi l'intérieur de ce maquis méditerranéen de presque trois mètres de haut, formant haie, fourré, rempart que je ne taillais que de l'extérieur, depuis quelques mois, masse interne à mon territoire, buisson arborescent un temps taillé en sphère géante, tiges dressées, serpents rigides, même coupés se redressant ou tombant des cimes encore fleuries et me venant dans les yeux, déchirant la surface de mes paupières de leurs petits piquants, troncs vivaces durs à scier et couper dans ce fouillis entrelacé, et vous le savez, bizarrement, cet effort ça me rend joyeux - des percées en retour, des éclairs de lumière, une force tellurique et végétale s'insinuent dans mes nerfs et mes muscles raidis, remontant du sol ? certainement pas . . . mais passant par mon fol imaginaire, ça oui ! et entrant par mes narines en effluves d'herbe et écorce coupée, ça c'est sûr . . . 

quand tout à coup, sans raison apparente, espace ouvert, après avoir ruminé ces désastres du monde actuel et à venir, ces déconvenues prévisibles des électeurs enthousiastes, ces vagues d'illusions qui montent sempiternellement à l'assaut du monde, ces . . . . je me souviens, sans raison apparente, d'avoir rencontré chez Gilles Deleuze, mais je ne sais plus où ? je n'ai pas le texte, ni sous les yeux, ni sous la main, ni dans mes vastes meubles et mes étagères secrètes, ces remarques à propos de l'histoire de L'Homme de Kief , un roman sur un pauvre Juif qui néchappera pas aux persécussions et qui pour l'instant ayant acheté, reléguée dans une brocante,  l'Ethique de Spinoza pour pas cher, un kopek, se met à lire, n'y connaissant rien, emporté par un vent qui le pousse d'un paragraphe à l'autre, sans résistance possible, . . . 

. . . quelle mise en parallèle peut-on espérer raccorder entre cette force, cette attirance mathématique, cosmique, le courant qui emporte à la lecture de ce livre, et cette nuit que Descartes a passée en Allemagne, entre deus campagnes militaires, la fameuse dite du "poêle" où, poussé par un vent violent dans son rêve alors qu'il venait de mettre en route la "Mathesis Universalis". . . . mère de tous les triomphes et tous les maux de notre industrieuse et implacable modernité, alors qu'

il est à la fois inquiet, se sentant presque coupable, emporté et marchant un peu de travers, songeant surtout aux interdits de l'orthodoxie et aux rigueurs de l'Inquisition que de fuite en fuite il réussira à déjouer, 

oui, retrouver ces découvertes, ces ouvertures plus souvent intellectuelles qu'effectives, dans un monde presque toujours obscur, ces joies qui m'ont porté depuis ma jeunesse.

samedi 18 novembre 2023

AM, autre tentative

Des plus fréquentes, compulsives, dans ma vie.

Je vous ai déjà dit que parmi mes fantasmes de vie rêvée et projetée sur un écran, dessins, photos, photos aériennes ou satellites rapprochées, 3D, esquisses en élévation, plans complets au 50/e parfois même, 

se tenait celle d'architecte, mais non . . . c'est beaucoup plus profond (et grave que ça ?), une obsession d'occupant interne projetant une vie qui allait avec, qui aurait pu . . . et qui parfois a vraiment été, à la Perec me direz-vous, mais non, avec plus de passion, moins de détachement apparent, c'est ma propre vie que je projetais, pa celle de personnages.

Ayant habité beaucoup de lieux j'ai vécu de l'intérieur tant de maisons, de couloirs, d'escaliers, d'ascenseurs, de terrasses, de paliers, de maisons, d'appartements, de pignons, de jardins, de patios, de toits où j'aime grimper, de balustrades, de garde-fous, de colimaçons, de lieux souterrains, de voies d'accès, de . . . je n'en finirais pas . . . 

mais ce n'est pas seulement cela . .  

j'ai exploré mille fois, squattant, me faisant inviter, louant, tenté d'essayer pour m'y introduire et peut-être y demeurer tant de logis . . . c'est une folie dans laquelle je me suis souvent projeté . . .

ainsi cette incroyable maison-surprise posée comme une soucoupe volante sur la côte du Brésil, au ras des flots agités sur un socle de rochers ou ce ce haut d'un immense chalet dans les Alpes chic, un peu trop cozy-aérien, ou cette maison à Lima, dans le quartier de Mirafores où avait vécu un metteur en scène collectionneur d'art pré-colombien ou encore . . . ce grenier sous les toits à Paris avec vue sur Montmartre, ce studio avec terrasse avenue Foch non loin des empires réunis en pleine propriété par divers dictateurs y blanchissant l'argent de leurs pillages, ou ce toit de terrasse dans une maison inondée durant un méchant orage à Essaouira et encore . . .  car je ne suis guère, encore, rassasié.  

Ce que j'ai en tête.

Etrange et fraternel Sénégal, quand j'y pense, il faut que je témoigne de cette époque révolue où s'y nouaient de si inattendus, réjouissants et sympathiques rapports d'amitié dans la rigolade, hors toute hiérarchie et rapport de domination.

Etrange rêve où apparaissait, je n'ose pas dire "cadavre exquis" puisque là c'est du pur vivant congelé ou encore tout vif,  on ne sait ni comment ni pourquoi, ni que ni quoi, au milieu de tout ça qui n'a rien à voir, alors que j'étais pieds nus sur des rochers rouges car j'avais perdu ces sandales de cuir tressé achetées au Brésil que je portais le plus souvent en dépit du protocole, ou juste après, quand j'étais en conversation avec une amie allemande qui cherchait un logement, fuyait-elle alors son mari ? ce stakhanoviste et déroutant Elric Dufau, je ne sais plus s'il portait sa casquette ou s'il illuminait la pièce de son crâne fécond, celui qui signe ELRIC les dessins les plus enlevés de l'univers et de la création BD. 

Etrange aussi cette longue galerie d'amis que j'ai longée et parfois animée au cours de ma vie, dont ce journaliste à Jeune Afrique, fondateur de revue, devenu diplomate puis créateur de parfums qui s'est employé à faire connaître une femme peintre de premier rang, passée inaperçue ou presque durant sa vie discrète et recluse à Gordes, avec lequel j'ai travaillé à la création d'une fondation qui a remué quelques staffs de municipalités et n'a jamais vu le jour.

mardi 7 novembre 2023

Anniversaire.

Comme beaucoup de mes amis je ne les aime pas.

Ni celui des autres ni le mien.

Surtout ce genre d'anni qu'on souhaite très formellement dans les lieux de travail, bureaux, chantiers ou champs agricoles (ça paraît plus rare . . . ), salles de réunion, couloirs, bistrots 

et coulisses de FB. 

Temps perdu, insignifiant, impersonnel, abstraitement vide.

Sauf . . . en occasion spéciale de rappel d'amitié, de resurgissement du vécu, d'encouragement à . . . disons . . .  continuer.

Je déteste les vieillards qui se gobergent alors que sous ce prétexte ou pas ils auraient dû commencer depuis longtemps à entamer le régime d'Epicure : un verre d'eau et quelques olives avec un bout de pain. Un quignon de pain frotté à la tomate ou/et à l'ail aurait dit ma grand-mère maternelle qui était cuisinière et s'y connaissait en agapes.

Pourtant ce jour une annonce humoristique de Saint AF à mon sujet (comprenne qui pourra) a sinon illuminé du moins bien réjoui mes quatre-vingt-deux balais, peuchère, et je me dis que j'ai bien fait, bonne mère, d'en profiter.

Egotisme, blague et narcissisme mis à part, j'espère que vous pardonnerez, bande de fêtards,  mon stoïcisme entrelardé d'épicurisme pris à contre-pied (c'est fou ce que les mots peuvent être retournés contre eux-mêmes !) . . .




dimanche 5 novembre 2023

AM (Ceux que je n'ai pas pu, voulu, su, choisi d'être) Autres Moi finalement autres que moi.

Oui, ça parait compliqué, ça ne l'est pas.
Et les AM yen a plein, vous verrez, vous en avez aussi, j'suis sûr, en tous cas moi, oui.
A un moment de votre vie et sûrement à plusieurs vous avez eu le choix entre deux chemins, deux ou parfois plusieurs vies possibles, un choix crucial déterminant de tout un avenir que vous imaginiez.
Je ne sais pas ce qui m'a constitué ainsi. 
Au fait, je songe à ce film, pas le meilleur, d'Alain Resnais "La Vie est un Roman" ? ou non . . . , un autre, je ne sais plus lequel . . . où un homme au lieu de vivre la passion de sa vie choisit la petite vie tranquille un peu étroite, déjà bien entamée qu'il a bien mise en route.
Pour ce qui est de mes choix d'orientation professionnelle initiale, aucun problème, à 17/18 ans aucune hésitation : études de philo, aucun autre choix possible, après avoir, avant contact avec les grands textes de Spinoza ou Descartes ou Bergson à l'époque ou Présocratiques, d'abord et sans la même passion, envisagé l'histoire ou, alors que mon père me voyait dans l'agronomie, en architecture, voire en peinture.
Donc vécu la passion de la philosophie, non pas au sens, si lointain, inaccessible, aujourd'hui . . . alors spécialement irréalisable et devenu obsolète, vue de mon point de vue juvénile et enthousiaste,  non pas au sens d'aimer l'amour de la sagesse mais, tout au contraire, de soif, fringale, immense curiosité, folie de chercher à entrevoir, à apercevoir dans quelque illumination subite, tous les points de vues inventés par d'autres . . . sur le monde comme il va, foutraque, insaisissable, mystérieusement compliqué, terriblement structuré et millimétré au quart de micron près, tel qu'il fonctionne mal mais/et tient en équilibre sans arrêt restructuré, au cours de l'histoire humaine en perpétuelle errance, cherchant à se positionner dans celle de l'univers, adoptés par des gens suffisamment libres pour prendre un peu de recul, en équilibre sur leur colonne, roulés dans leur tonneau, assis dans leur chambre surchauffée, bonnet de fourrure sur la tête ou pas, isolés dans leur bureau feutré, sur un champ de bataille ou chevauchant avec la gravelle, heureux dans leur jardin, en marchant, dans les rues d'Athènes, d'Amsterdam ou su les toits de Normale Sup à Paris et y songeant ou s'y consacrant entièrement au point d'y approcher, d'y atteindre parfois la folie.

(Avertissement adressé au lecteur que le temps presse : ça va être long, très long, ce qui commence par un petit paragraphe, étant donnés les parcours et détours de mon aptitude excessive et de ma rage à toujours tenter d'imaginer plus loin ces autres vies avant de choisir à coup sûr la mienne, l'unique, celle qui s'est imposée à force d'évidence à tous ces carrefours que j'ai dû franchir.)