samedi 25 avril 2020

Atacama 2.

La ville n'était ni vivante ni illuminée; il nous tardait dans l'humidité fraîche du soir, dans l'odeur d'algues et de poisson, avant de rejoindre notre chambre d'hôtel vétuste, de gagner, après la tournée des boutiques où s'entassaient sur le sol toutes sortes d'appareils à brancher dans une prise américaine (il faudrait ensuite des convertisseurs en Europe, forme de la prise et voltage, pour faire fonctionner le moindre mixer), du ventilateur tricolore ressemblant à un avion mono-moteur à hélice, sur pied géant, au mini-rasoir électrique gros comme une gomme dans son écrin de velours rouge rubi surdimensionné, en passant par les déshumidficateur constitués de simples résistances à peine isolées et mobiles au bout de fils souples, par des téléviseurs carrossés en faux bois et à visières en casquette et antenne repliables, par d'énormes radios à gros hauts-parleurs ronds comme des yeux de chouettes ou par les sonos de jardin vendues en kit, le tout généralement fabriqué en Orient lointain, un lieu plus accueillant pour y goûter un quelconque repas chaud.
Le marché où nous étions arrivés trop tard dans l'après-midi pour y lamper les fameuses palourdes que servait un marayeur-traiteur directement sur le comptoir poisseux d'eau de mer, était bien entendu fermé, nous nous rabatîmes sur un immense cantine très populaire dénommé "Pica del Muerto" ou même peut-être, je ne me souviens plus très bien, "La Pica del Muertito". Il nous fallait trouver une place et tout étant pris nous nous assîmes au bar pour avaler un pisco et attendre quand débarqua un groupe de joyeux drilles en tenue de carnaval, c'était la période.
Surprise, l'un d'eux était français qui nous ayant repérés vint se percher à côté de nous sur un tabouret.
Il étai jeune, rayonnant et son parler du Sud de la France surprit d'autant plus nos oreilles qu'une minute au paravant il plaisantait en parfait chilien chantant et fluide avec un comparse déguisé en Zoro et qu'il était quant-à lui tout vêtu de plumes multicolores comme un cacique chimu ou un sorcier paracas.
(A suivre . . . encore, il y aura au moins une partie 3)

mardi 21 avril 2020

Atacama.

Ici mon témoignage souvent évoqué sera dérisoire.

En effet je n'ai fait que traverser cette petite portion du désert fort restreinte par où on passe quand on va d'Arequipa la splendide, entourée de pics enneigés, isolée au sud du Pérou, à Arica, ville frontière du Chili, ville-plage moche bourrée de commerces au bord du Pacifique. C'était à une époque où on ne trouvait rien au Pérou, personne étant donnés les droirts de douane et les conditions économiques du moment, ne se serait risqué à y importer des produits industriels même très courants ailleurs. Un Français avait tenté le coup essayant d'introduire un stock de petits cyclomoteurs qui auraient pu être populaires et utiles à une population placée en régression, mise à pied et vivant d'une économie marchande clandestine et parallèle de petits artisanats et petits commerces multiples, vrai tissu vivant et mouvant des cités mais non déclarés, à la mercie des administrations et des polices, déplacés à petits pas furtifs en charrettes à bras et remorques sur roues de vélo sans vélo. Effort inutile. Echec. Rien ne pouvait entrer au Pérou ni voiture, ni scooter, ni radio, ni mixer, ni radiateur électrique, ni appareil sono, ni TV, ni téléphone, ni . . . dans un pays où on ne fabriquait que des tissus, des céramiques, de l'argenterie traditionnelle, ah ça ! de belles coupes très ouvragées et des produits agricoles.
Donc, avant d'être éblouis par ce désert rouge, inhumain, d'y tomber en panne dans une côte, radiateur percé par les cailloux du chemin, sur la vieille, très vieille Buick qui nous amenait, celle d'un ami et complice, d'y trouver un vague forgeron qui la réparât, nous allions chercher dans cette moche ville d'Arica où Pinochet prenait paraît-il ses bains de mer (c'était après qu'il eut perdu son hochet principal de chef suprême) et je dois dire que les douaniers chiliens, conséquence de son règne maudit, habitude acquise ou plus lointain dressage ? c'était tout autre chose en pontilleuse fouille - apparente du moins - que le laxisme indifférent et fatigué de leurs homologues péruviens, nous y allions pour y trouver diverses petites fournitures électroniques qu'autrement il aurait fallu aller acheter, au plus près, à Miami en Floride, tous les Etats du continent, y compris le Brésil étant en pénuerie d'industrie.
C'est là, cependant, à Arica, ville moche dévorée de commerces frontaliers, plage envahie de pubs de bières et boissons à bulles sombres locales, que nous avons fait une rencontre céleste.
(A suivre . . . )