dimanche 21 avril 2019

Rêve (rapide).

Ce rêve rapide que je viens de faire, aujourd'hui, jour de Pâques, avant de m'éveiller et qui peut intéresser beaucoup de gens en cette période de changement de temps, de brusques sauts de température et d'humidité.

C'est une discussion animée, en fin de repas. A une table garnie de collègues inconnus lors d'une de ces rencontres perpétrées statutairement entre colloque formel et copinage naissant qui se produisent en off des heures où on est censé plancher sur certains sujets dits de société où on sollicite aussi bien les goûts du public, l'état des budgets disponibles, l'esthétique et les grands principes philosophiques au milieu de petites blagues pour signifier qu'on n'est pas dupe, qu'on sait fort bien que ces rencontres ne vont pas résoudre grand chose.
Celui qui est en face de moi veut me faire passer un plat (que contient-il ? après coup je dirai peut-être des lentilles . . .) que lui prend des mains une collègue femme qui a mené pendant les joutes oratoires un dur réquisitoire assez charpenté en principes et qui tout à coup . . . alors que me penchant et m'étirant moi-même pour le saisir et qu'elle me le tend en se hissant légèrement au travers de la table (il faut croire que la table est assez large), reste bloquée et me dit : 
" Oh, je n'y arrive pas  . . . je suis bloquée".
- Est-ce votre jambe ou votre bras ? 
- Non, c'est entre les deux, mes reins, me répond-elle et je re-réponds très sérieusement  :
- Dans ce cas, c'est une question de métaphysique, pour sûr.
Comme cet échange s'est fait dans un moment de silence de l'assemblée, les regards se portent vers nous. On évite de poser une quelconque question sur ce diagnostic. Je continue :
-  Oui, la morale ça passe, à condition de n'être pas trop raide, la logique aussi mais attention à la rigidité . . . en philosophie générale . . .
Là certains commencent à rire.
- . . . mais la métaphysique est carrément à proscrire, personnellement j'ai tout arrêté. En effet pour y réfléchir, il faut rester trop longtemps assis.

samedi 20 avril 2019

Attente (liste d').

Trois mots attendent ou peut-être quatre ou cinq
(quand aurai-je le temps d'en rendre compte d'après leur incursion et leur histoire dans 
ma vie ?), les voici par ordre de préséance :

                         1 - Saltesque, c'est le nom d'une araignée minuscule dite aussi salticidae
                                             je ne l'ai pas encore apprivoisée mais presque

            2 -  Trois-six, c'est le nom qu'on donnait à l'époque à un alcool d'avant la guerre; celui que j'ai retrouvé perdu au fond d'une cave est millésimé 1934

3 - Rétro-futurisme : je suis actuellement plongé dans le;  et en ai fait sans le savoir.





jeudi 4 avril 2019

I d'imperfection(s).

L'imperfection est notre raison (au sens de constitution logique) d'être.
C'est vrai, si le fait même que nous puissions imaginer la perfection, le parfait, nous renvoie à un autre monde, un monde supérieur qui n'est pas le notre,
celui d'une divinité (supposée par bien des hommes . . . et que de spéculations ou croyances étranges selon les peuples !) qui pour communiquer avec nous, par ses forces, par ses dieux secondaires, ses émissaires prophétiques ou par son fils peut-être, devrait descendre d'un cran majeur et s'abaisser jusqu'à nous pour se manifester en assumant et en passant par le chemin de notre propre imperfection . . .
ou bien à l'idée de perfectibilité de notre monde, de nous-mêmes, de nos œuvres et nous suggère des utopies (imaginées par quelques uns seulement, avec des succès très divers, du bûcher au parti unique).

De fait, la perfection est totalement hors de nous, elle est l'irrespirable, l'inhabitable, ce en quoi nous ne pourrions vivre.
Si, au contraire, nous sommes vivants, incarnés, projetés, enracinés, individualisés dans un corps si unique et typé, même son odeur est unique, dans un monde, dans un être, si nous sommes tous si irremplaçables sur cette foutue planète si esquintée déjà, souvent en raison de recherches de totale perfection de pouvoir ou de profit, rarement altruiste et humaniste, c'est que nous sommes immergés, nourris, productifs et constitués d'imparfait. 
Alors, réveillons-nous de tous ces sommeils d'ombres et nuages ou prétextes théologiques qui embrument encore nos visions, n'est-il pas ridiculement, dérisoirement illusoire de penser encore en ces termes spéculatifs ?
Et peut-être n'est-il ni inutile ni absurde / mais peut-être cela pourrait nous mettre en route vers . . . ? / de devoir, pour rester encore crédibles, actuels, comme certains s'y sont aventurés depuis longtemps, de tenter de définir la supposée perfection (posée encore là comme idée ?) comme négation de tout ce que nous pouvons ou même pourrions (maladroitement, inadéquatement et donc imparfaitement) en affirmer, en dire. Comme ces théologiens (plus humanistes que mystiques, quoique . . .) qui ont tenté jadis de le dire, à l'envers; évoquant non pas ce que Dieu est, mais ce qu'il n'est pas et de le dire en niant ces attributs (éternité, perfection, etc . . . ) qu'on lui avait jusque là collés sur le dos.

Donc certains ont pu le voir, je taille des sphères (et aussi des cubes) dans mon jardin.
Mais pourquoi justement des sphères ?
C'est assez désespérant, c'est ce que je me dis en retaillant vainement quelques haies où je sais qu'il n'y a pas de nids d'oiseaux.

vendredi 22 mars 2019

F de forcené.

Ici pour commencer, ce nom de rue me disait bien quelque chose, presque rigolo, mais je ne savais plus trop quoi et j'ai dû chercher. Gloire à Charles Rigoulot, né le 3 novembre 1903, organisateur de spectacles, lui-même boxeur, catcheur le meilleur du monde, coureur automobile, plusieurs fois champion en diverses matières et surtout haltérophile très populaire, blessé en tentant de soulever plus de 185 kilos d'un seul bras (le gauche) en épaulé-jeté, l'homme le plus fort du monde, un temps, qui donna son nom à plusieurs stades, s'est aussi distingué en s'évadant de la geôle, un stalag, ou les autorités allemandes l'avaient enfermé fin 1942, en écartant les barreaux de sa lucarne à la seule force de ses mains et de ses bras.

lundi 11 février 2019

S comme source.

Mots à faire dans le S :
il y aurait du boulot, plein de turbin, de taf et d'ouvrage à sueur et souvenir, à commencer par ce mot SOURCE où je remonterais au boulevard de ce nom dont j'ai fini par découvrir la véritable raison, la source qui, tenez vous bien, débouche sur une maigre plage pierreuse et pleine d'affleurements d'écueils visibles au soleil dans l'eau transparente, lieu un peu oublié, du moins en hiver, et sur la mer ouverte par une sorte de tunnel bâti en pierre taillée avec soin, tagué cependant par des amoureux ou des idiots, les deux peut-être,
à continuer par cette autre source murmurante où (auprès de laquelle) nous nous étions cachés dans le vert des fougères, en plein bois, pourtant pas si loin d'un village de montagne assez abandonné,  un hameau déserté plutôt et où, autre source, ton sang se mit à couler,
et aussi cette source glorifiée auprès de laquelle je vis aujourd'hui,
mystérieuse, profonde, antique, maçonnée, divinisée et si urbaine, si mythique
serait-elle étrangère au choix que j'ai fait de cette ville 
de ses ruines et de ses arcades au soleil ?


lundi 14 janvier 2019

Z

Que mettriez-vous en Z ?
Aujourd'hui, j'y mettrais zizanie, zoom ou zèbre et zeugma.

Il m'est arrivé un temps d'y mettre Zweig, Stefan qui est allé mourir au Brésil, cela m'avait préoccupé un moment, d'autant que j'ai passé de jolis moments dans les parages de cette pittoresque et perchée maison devenue petit musée depuis, à Petropolis, ville de noblesse et de villégiature, retirée au-dessus de Rio, avec un climat humide mais moins chaud, des rivières, des lacs, des oiseaux, de violents verts végétaux, une lumière de peintre, des couleurs sans pareilles et où il aurait presque cru trouver le bonheur, un havre possible en ce pays que les navigateurs ont confondu avec le paradis, avec sa nouvelle femme si aimante, mais voilà, alors qu'il avait tant de projets, que les Brésiliens l'avaient si bien reçu, comme un homme d'importance et que ses louanges sur leur terre et son épuisante beauté ne pouvaient que lui attirer plus de sollicitude et de bienveillance, de plus en plus d'admiration aussi, alors qu'il travaillait si dur, écrivant comme un fou, n'oubliant pas ce qu'il avait cru, car il avait cru à la force harmonieuse de cette culture qui maintenant au cœur de l'Europe s'autoconsommait détruisant ses cellules vives par système, en masse et au cœur, y compris ses amis, lui qui avait fui, à raison, hésitant d'abord à prendre un parti radical, lui qui voulait croire en l'harmonie, plein de repentance, sans plus d'espérance, soutenant lettre après lettre ses amis ses parents, restés dans cet enfer, c'est là qu'il décida avec sa compagne de se suicider.

Qu'il fut dépressif, certes, ce grand humaniste, ce grand ami de Freud et de Romain Rolland, on pourrait bien le croire, il est permis de déprimer à mort quand on a cru si fort aux merveilles civilisées d'un monde finissant, mais qu'on aille chercher en troupe grandissante depuis quelques temps chez de scrupuleux critiques projetant leurs pénétrante étayées analyses, des raisons de sa disparition dans son égoïsme, son inaptitude à s'engager et à être un héros, son abandon des siens y compris de celle qui avait tout sacrifié pour le suivre et qui jusqu'au bout le suivra, me semble affreusement aveugle, mesquin et éloigné du respect minimum qu'on doit toujours à ceux qui décident de quitter de leur  propre chef ce monde, eux dont nous ne connaîtrons jamais les vraies raisons et l'ultime débat inerne.

Cependant et tout à fait indépendamment, à l'autre bout, en autre urgence, pourquoi ne pas se demander du A d'Amérique au Z final de l'alphabet, quelles impressions si fortes l'assaillirent quand comme Magellan il mit le pied sur cette terre fabuleuse où, croyant encore aux conjurations du malheur, il avait fui et espérait réécrire de bout en bout sa vie ?

jeudi 3 janvier 2019

homonymes

Fascination des homonymes.
Je me souviens de cet article de François Bon, si humoristique, si caustique, sur ses dissemblables du même nom, élus ou géographes, commerçants ou photographes, que les journalistes parfois interpolent dans leurs illustrations tirées du net sans malice.
Perso j'ai un autre rapport à l'homonymie, ayant un nom de famille qui a peu d'étendue géographique pour ce qui est de sa déclinaison et de sa réplique et ayant choisi pour publier ici un nom inventé qui donc n'a pas son pareil. L'homonymie que j'ai pu partiellement éviter et tenté volontairement d'exclure est donc pour moi une affaire qui concerne . . . 

nudités

Quel long chapitre ça va être, ici évoquée(s), ces nudités, cette nudité, ça pourrait être je le sens, ou du moins, ça devrait être à raconter en vrac et sans ordre de préséance, si tant est qu'on aille au bout, fuseau déroulé du temps, corps-même des parques sur elles-mêmes tournant, si je n'étais amené à protéger (sans pour autant les voiler) ces corps dénudés (le mien et d'autres) qui se sont mis à nu de tous ces voiles, masques, maquillages, cols empesés, apprêts, bijoux et semblants, dans cette visio-spatio-sphère, dans cette chambre close qui constitue une vie ramassée en molécule-planète (la mienne ou une autre tout aussi bien sans doute) dans sa presque entière linéarité, syncopée, déroulement de plans posés en circonférences, équateurs de visions posées en surface, aussi nettes et confuses à la fois qu'une projection kaléidoscopique tournant sur elle-même et lancée sur l'écran d'un mur, aussi télescopée et hachée dans sa projection qu'un vieux film passant du noir et blanc à la couleur et parfois occupant tout l'espace en sensations d'hologramme augmentées d'odeurs et de parfums, dans le silence ou les cris.

Tout d'abord ce rire joyeux qui nous prenait au commencement d'un film prêté par cet ami canadien,  dans un pays où nous étions tellement frustrés de projections, au préambule toujours présent mettant en garde, systématiquement contre violences et nudités. Comme si l'une n'allait pas sans l'autre ou comme si l'une entraînait l'autre et était finalement du même registre à la fois présentant danger et attendu du public ainsi mis en garde et préparé.
Sériant les questions donc il sera ici question de nudité(s) sans violence à moins que la mise à nu puisse être en soi considérée comme un acte relevant déjà d'une violence contre la pudeur ou le masque ou le simple réflexe de cacher.
Scènes de nudisme sur des plages qui incitent au dépouillement et peut-être dans l'illusion purement acquise et sans doute ancrée dans quelque livre primitif ou sacré d'un retour non à la sauvagerie mais aux limbes de l'humanité.
Et tout aussitôt scènes d'enfance. Cette propension des familles à glorifier le bébé nu, trônant ou pas sur son siège de pulsion-défection ou défécation impulsée dans la joie.
J'ai vu plusieurs cousins et cousines ainsi, moi qui n'ai eu ni frère ni sœur, et j'imagine avoir été aussi acteur du même spectacle pour eux.
Souvenir aussi du premier bain (à quel âge ? et je crois que jusque là je n'avais pas eu ce privilège ayant dû être lavé au-dessus de cette sorte de grande bassine de bain ou du moins de douche en zinc soudé qu'on appelait un tub) dans l'eau d'un bassin réellement plein où l'on pouvait  tremper tout le corps et moi criant de plaisir, déjà. Ma grand mère m'ayant arraché ma culotte, mon slip de bain, c'était après la guerre et ma mère l'avait tricoté. Premier surgissement, qu'on le veuille ou non, de douce violence.
Ce commencement de mise à nu serait incomplet sans évoquer aussi et plus fort encore, violence du cri, l'apparition d'une femme nue en vrai qui était ma tante, ça reste encerclé pour l'instant dans le giron familial d'une époque où la salle de bain n'avait pas pris l'extension actuelle et où on utilisait pour se laver, surtout en hiver, la chaleur de la cuisine.
(A suivre . . .)