dimanche 21 avril 2024

F de Fiction.

Drôle d'affaire que la fiction.

Fable de toute vérité conquise.

On ne peut qu'imagine le réel.

Ainsi dites-vous bien qu'ici nul souci de rapporter le vrai. Impossible. Tout est reconstruit et jusqu'à être remonté et décapé d'oxydation de chaînes de souvenirs, tiré(e)s de puits si profonds ! pouvant aller quand j'avais quatre ans, ( exemple blason historique : les maquisards des FFI entrant dans le village, drapeau bleu blanc rouge et voiture marqués en noir de grandes initiales des Forces Françaises Intérieures lors de la Libération, image vue et vécue de la fenêtre où je me tenais debout sur un tabouret soutenu par mes parents) jusqu'à ces premiers souvenirs, enfouis sous les couches intermédiaires de soixante-dix-neuf ou quatre-vingts ans bientôt.

Commentaire implicite : je ne peux qu'avoir vécu ça, ce jour mémorable, le souvenir est profond au sens où il m'a si fortement marqué que j'en vois bien encore les couleurs et la lumière, mais aussi je sais qu'il fut maintes fois raconté, remémoré, réactivé dans le roman familial. Il ressemble sans doute à ces visages reconstitués "par artistes" à partir de crânes retrouvés et nettoyés par les archéologues préhistoriens.

vendredi 15 mars 2024

VST. Exceptionnel triangle.

C'est curieux que personne n'y ait pensé.

V, S et T forment le triangle Nîmes, Rodez, Barcelone. On peut si on veut y ajouter Sète pour en faire un losange ou un cerf-volant. 

Ce triangle, en peinture, c'est celui des illuminés repoussés, créateurs inspirés par les formes élémentaires, les matériaux pauvres, le monde dévasté, champ de batailles obstinées, producteurs d'oeuvres qu'un certain public souhaiterait "mettre à la décharge".

Le monde de Viallat, son empreinte, sa marque banale et impossible à confondre, éponge  mille fois reproduite, chargée d'arcs en ciels modestes et jamais répétée, seul survivant de ces géants solitaires, né non loin de et vivant à Nîmes, de l'immortel et colossal Soulages ayant travaillé son regard scrutateur à Rodez et un peu sur l'île-montagne de Sète pour y changer de lumière pour en descendre et fendre la mer de ses bras puissants, mort à Nîmes, de Tapiès homme des cités et espoirs dévastés, de lacérations, entailles, griffures, sur fond de poussière et de sable, enraciné, aujourd'hui plus que jamais par sa fondation, dans Barcelone, capitale blessée.

Dans cette portion du Grand Sud méditerranéen où toute une séquence d'histoire de la peinture s'est déroulée, traversée par Courbet,  Matisse, Derain, Picasso ou bien sûr Dali, loin de Paris, loin de côtes devenues plus riches, plus bleues, fréquentées plus tard et promises à la surexposition cosmo-commercialo-médiatique, ils font figure, encore souvent décriés, de lumière et de gloire isolées, universellement reconnus et peu prophètes en leur pays. 

samedi 2 mars 2024

L (de ces lieux)



Celui qui revient le plus souvent dans mes rêves.

La première maison de Rio. Ou au moins un morceau.

Nous ne sommes restés au Brésil que deux ans mais c'était notre premier long séjour à l'étranger, le plus marquant peut-être pour nous, un séjour d'explosion des sens, ça commençait mal pourtant.

D'ailleurs mon prédécesseur qui venait pourtant de Bombay où il était en mission précédemment, n'avait pas tenu le choc. Il avait décidé, écrasé par ce retour à la misère, à la crasse, à la chaleur suffocante, d'abandonner son poste, de rentrer en France à ses frais au bout d'à peine quelques semaines.

On nous avait indiqué un hôtel propre et pas cher situé sur une belle place assez proche de mon lieu de travail, mais qui sentait le désinfectant frais répandu tous les jours (accueil fatal pour nous, néophytes des tropiques, d'autant que nous venions de voir "Mort à Venise" à Paris, quelques jours avant de prendre l'avion) et ensuite dans une rue proche qui avait compté des demeures bourgeoises, dont celle occupée par Paul Claudel, ambassadeur de France ici durant la fin de la guerre 14-18, un appartement exigu, bruyant, malcommode comme accès et communication des deux pièces, mais que nous avions du adopter un temps pour les mêmes raisons de commodité des déplacements à pieds dans cette énorme ville. Ce quartier central était, par ailleurs pourrait-on dire, s'il était permis de faire abstraction des hommes et des femmes le peuplant à certaines heures, une vraie cour des miracles. Mendiants vêtus de loques, estropiés rampant au sol sur des patins bricolés faute de fauteuils ou de béquilles, aveugles les yeux crevés de plaies, visages patibulaires de passants pressés traversant en diagonale l'espace (j'ai pris à la suite de ce type d'expérience l'habitude de prendre cet air de tueur à gage quand je traverse une zone urbaine à risques). Puis nous avons eu la chance.

Assez rapidement, par cooptation, nous avons pu prendre la place d'un attaché d'ambassade qui lui, désolé qu'il était, devait rejoindre son poste à Brasilia. C'était au moment du grand charroi des meubles et personnels des dernières administrations et services annexes jusque là récalcitrants à ce chambardement et à cet exil (députés, sénateurs, diplomates étant les derniers évacués de la Superbe Rio devenue ex capitale).

Nous avons donc par privilège de recommandation, habité plus de neuf mois le rez de chaussée surélevé et le premier étage de cette très grande maison familiale haute de cinq étages. Elle était l'unique survivante de l'urbanisation massive. J'ai vérifié, elle est encore là, dressée, aujourd'hui, entourée d'étouffants buildings et surplombée par une favelle, plus que jamais menacée avec cependant l'avantage d'être à deux pas de la mer.

Cet appartement duplex était trop grand pour nous et trop cher en loyer dans ce Rio super Côte d'Azur où j'avais un salaire plus important qu'en France avec la prime d'éloignement mais où nous étions, tous comptes faits, assez pauvres. Parenthèse, par la suite, quand je serais entré au circuit des postes diplomatiques, on me proposerait sans rire d'être attaché culturel à San Francisco où le titre qui n'attirait plus grand monde bien qu'apparemment enviable et mirobolant offrait un gain inférieur à celui des éboueurs locaux

Nous avons cependant, entre temps et dans un contexte encore d'euphorie, ce départ avait été vécu comme une aubaine inattendue, cédé à la tentation d'occuper ce lieu.

Bien nous en a pris. Il faut dire c'était un logement unique bien que sans grand confort. 

La maison avait été construite par un ancien fabriquant de fenêtres d'aluminium qui y logeait, par tranches d'âge, y régnant encore et s'étant réservé le haut agrémenté d'une immense terrasse, étage par étage, toute sa descendance. Nous n'y occupions, simples très provisoires locataires, pièces rapportées à la famille hiérarchisé, et il se trouvait justement que nous y étions inclus par là, au moins dans la superposition de générations, les plus jeunes, que le bas.

Le bas du bas n'était pas super-agréable et manquait un peu de lumière malgré ses belles grilles et sa vue sur jardin en contre-bas mais l'entrée était spacieuse et menait par un superbe escalier de marbre tout droit à un étage qui avait été le grand salon de réception et de musique de la maison avant d'être réaménagé et loué à des étrangers pouvant garantir un paiement en dollars. Entre autres bizarreries l'espace contenait un bas-relief de Diane chasseresse accroché à la rampe protégeant la cage d'escalier et, sur le mur du fond du grand salon, face à cet escalier, une petite lumière ronde et incandescente  s'allumait quand l'un des occupants très légitime héritier supérieur utilisait l'ascenseur qui ne s'arrêtait pas, ou plus, chez nous, gens d'en bas.

Finalement nous avons vécu là peu de temps mais comme des princes, recevant nos nouveaux amis français et brésiliens qui s'extasiaient sur l'escalier à balustrades nobles, sur les colonnes supportant l'ensemble du bâtiment, sur la Diane chasseresse de plâtre, sur la vue que nous avions du petit jardin tropical avec ses deux palmiers voisins des colonnes, faisant face au fond de la rue Anchieta, sur les gigantesques rochers qui sous la favelle et aux approches du Pain de Sucre, se transformaient en spectaculaire cascade les jours de pluie, sur la proximité de la petite plage du Leme assez tranquille où nous posions souvent nos serviettes pendant le bain, ayant garde de ne pas y laisser traîner, à côté, de vêtements ou chaussures trop neufs.

C'est là en mangeant la feijoada maison que nous osions faire, en buvant force caipirinha, que, grâce à la prof de dessin du Lycée français qui était devenue une copine et qui nous avait introduits, nous avons connu une bonne fraction de la jeune garde montante des plasticiens de Rio de l'époque, dont le graveur Eduardo Cruz venu du Sud qui dessinait des gauchos, ces cow-boys qui jouxtent l'Uruguay ou le très turbulant inventeur d'une planète où sont relégués les gens très riches et très laids, Fernado Duval, dont je vous parlerai un jour.

jeudi 29 février 2024

Sagesse (avez-vous parlé de ?)

Manque total de chance ou plutôt de cohérence pour un vieux philosophe en herbe.

Car en effet, philosophe on ne l'est pas, au grand jamais encore moins, sage, jamais au grand jamais on ne le devient, on peut tout au plus y tendre. C'est déjà prétentieux que d'y tendre.

Foin de ces étiquetés tels lors des débats. Avec pancarte sous la photo ou sous la tronche directement. Ils me font rire. Ou carrément m'attristent. Guignols. Commission de sages (désignés de l'extérieur du cercle) peut-être; mais philosophes auto-proclamés  . . .

Pour en revenir à ma pomme ( toujours ou presque de discorde ) si je me suis intéressé à la philosophie ce n'est nullement dans l'espoir de devenir sage, je n'avais pas l'étoffe. Mon tissu est fait de trop de soif et de joie à aspirer à des situations nouvelles, de trop de curiosité et de sybaritisme pour y prétendre. Donc je peux dire que la philosophie faisait, à un moment donné de ma vie, fondamentalement partie de ces expériences avec autour d'autres pratiques dont quelques unes au moins aussi vitales ou presque aussi passionnantes.

Mais il se trouve quand même que l'enseignement de la philosophie et la lecture des philosophes, et c'est déjà en grande partie contradictoire avec ce que je viens de dire, a été au moins un quart de ma vie, que même en dehors de cette activité limitée dans le temps, j'y puise souvent perspectives et référence et qu'en outre j'ai beaucoup aimé la fréquentation de quelques uns réputés tels en quelque manière : Montaigne, Descartes, Leibniz, en profondeur, Alain au vol, Sartre lui-même, observateur du monde de sa terrasse du Flore, Husserl, Merleau-Ponty (réenfanter la vision du monde) et en-deçà les présocratiques dont Héraclite, sage et dédaigneux, le Nietzsche antique, et même le super-géant Platon, visionnaire inégalé qui au lieu d'être dans un premier temps poète aurait fait un accompli cinéaste du fantastique. Sans parler de l'infatigable Marx, Anthée porteur de mondes et son troupeau de pilleurs, commentateurs. parasites et détrousseurs naufrageurs.

Ceci dit, voilà que (effet de mon âge préhistorique, j'ai lu que chez nos ancêtre ces dents devenues inutiles et parfois nuisibles pouvaient tardivement servir à mastiquer de nouveau chez un être humain mangeur de viande crue ayant massacré ses premières molaires au fil des ans, de mon métabolisme propre, de la lune et ses effets sur les germes et plantations ? ou répercussion anormale des perturbations cosmiques ? vengeance des dieux ?) j'ai trois dents de sagesse, deux en haut, une en bas de mes maxillaires, qui me poussent, bousculent les autre et me font à tour de rôle ou toutes ensemble, horriblement mal.

mardi 27 février 2024

Cet homme qui sourit.

 C'est incroyable, dans le contexte actuel, au vu de sa propre situation, il ne devrait pas avoir l'air aussi aimable. Il sourit et il n'y est pas tenu. Il sourit et ce n'est pas pour la photo. Et ce n'est peut-être pas un code . ( Reportez-vous à l'étude d'André Gunthert "Pourquoi sourit-on en photographie". C'est . . . ou ça a l'air naturel, autant que ce mot ait un sens. Il y a des gens comme ça. Que ce ne soit pas commercial, je le crois aussi. Quand on va au drive chercher ses provisions, beurre, bananes, farine, œufs, conserves, vinaigre, huile d'olive, et autres aussi banales, c'est pour aller vite, ne pas perdre son temps à hésiter dans les allées du super en scrutant toutes les étiquettes et qu'on a commandé des produits qu'on connaît et qu'on a au préalable sélectionnés. On peut rester poli, dire un mot gentil, plaisanter, reconnaître la personne, mais c'est fait pour passer en filant, tout dans le coffre en vitesse, il me tarde de rentrer chez moi, déjà ranger tout ça c'est du boulot et bientôt il est l'heure de la sortie des bureaux et des embouteillages à chaque croisement, vite, pas de temps à perdre.

Et bien non, croyez-le bien, le type me reconnait, il y a peu de temps qu'il est là, la rotation des employés en dit long sur le privilège confortable et lucratif que représente ce travail (je parle par anti-phrase c'est sûr) mais peut-etre pour lui après tout et après avoir galéré c'est quand même une aubaine. La dernière fois déjà nous avons un peu conversé, la météo, le changement de climat. Il a eu le temps de me demander si je pensais que tout ça allait s'améliorer, et aussi de me dire qu'il avait seulement un enfant.

Ses yeux très bruns rient, ils ont l'air de chercher le contact, la conversation, l'échange. C'est vrai on a un peu plus de temps en province mais quand même c'est rare à ce point. Cette fois encore il aurait bien taillé une bavette malgré les voitures qui se rangent dans les stands et les clients qui font sonner les bornes avec leur carte ou leur téléphone pour appeler leur commande.

Il s'attarde et a encore le temps de me dire, après l'attendu "passez une bonne journée", "oui et vous allez pouvoir profiter d'une éclaircie cette après-midi".

Pour ne pas être en reste je lance en chargeant mes courses et en lui rendant les sacs de papier de la dernière fois : heureusement, c'était jour de lessive chez nous. D'habitude on rate pas une occasion de rincer à la bonne pluie chargée de pesticides, une dernière fois !




lundi 26 février 2024

Absent.

Parfois je suis absent, poursuivant 36 lièvres à la fois.

Ainsi il est bien possible qu'un jour je me délocalise.

La mono-manie, l'obsession de la tâche unique n'a jamais été mon truc, ni ma tasse de thé. Expression qui supposerait encore, condition suspensive, que j'aime le thé. Or j'ai tout essayé, je n'arrive à aimer aucun thé. Le café convient mieux à mon fond de rêveur lymphatique et paresseux contrarié.

Mon regard s'enfonce, revient attentif, ou se perd.

L'enracinement qui me guette quand je deviens casanier, quand je cultive à ma manière sauvage ce lopin de terre, résidu atavique peut-être, pas le lopin mais mon attachement à lui, m'insupporte fondamentalement. Il y a là une contradiction profonde. On ne re-passe pas à rebours du nomadisme à l'agriculture, au labour appliqué à ce sol ingrat.

Je suis très loin d'ici souvent. Loin de vous sans vous oublier pour autant.

Par exemple ce matin j'ai encore rêvé, présent avec moi dans un lieu inconnu, c'était peut-être une île, l'air y était humide et frais, d'un ambassadeur que j'ai eu au-dessus de ma tête en Afrique, à Dakar, en fait au-dessous de mon bureau qui était au dernier et troisième étage avec un balcon et une magnifique vue sur la mer comme vous savez, le sien étant au premier, traumatisé qu'il était par les ascenseurs. Nous parlions dans un moment de loisir, hors toute tâche urgente ce qui dans la réalité n'était jamais arrivé, des avantages et inconvénients d'une vie en province, impensable pour lui et d'une vie à Paris, difficile à choisir pour moi même si de temps à autre j'ai beaucoup aimé y flâner, y voir des spectacles, des expositions et y retrouver des amis inconditionnels et indéracinables de cette capitale. 

Même si j'étais arrivé à aimer vraiment Paris, et j'y serais arrivé à force d'y vivre plus longtemps, j'aurais toujours, il me semble, rêvé sur des cartes, des guides de voyages et eu besoin d'horizons inconnus, de déplacements, d'espaces échappant à l'urbanisation, de rencontrer des gens hors des cercles déjà connus.

Il m'arrive aussi de rester de longues heures, voire des jours, loin d'un ordinateur ou d'un téléphone connecté ou même loin de ces bibliothèques auxquelles je suis tellement attaché, où je classe par genres, les livres majeurs à mes yeux, ceux que j'ai plus ou moins emportés partout, poètes et philosophes, souvenirs de mes recherches, toutes sortes de documents sur les lieux où j'ai pu vivre, dernières acquisitions, apparentes trouvailles susceptibles d'éveiller une curiosité, une forte excitation nouvelle, quelques très rares grands classiques fondamentaux, quelques dictionnaires, Gaffiot, Littré, (Quillet), vieilles encyclopédies, Robert en six volumes, etc . . . 

Lourdeurs. Impedimenta.

Or je suis un piéton, un randonneur solitaire, sans sac à dos, un pèlerin des sites sacrés, mains, tête et épaules nu/e/s, essentiellement, un nageur sans palmes occasionnellement, et surtout un enquêteur observateur amateur d'espaces, de parcours, de repères visuels, de conversations  et de curiosités accessibles sans bus, sans métro, sans vélo.

Finalement je fais partie de ces dilettanti (attesté par Balzac et Jules Verne) qui se passionnent toujours pour les mêmes objets mais avec de multiples alternances (voir, écouter, observer, écrire, dessiner, organiser des rencontres, monter des coups, tenter de comprendre, pénétrer des lieux solitaires, excentriques, m'assoir au bord de la mer, découvrir des ruines, jardins, berges, rives, ce peut être aussi des places publiques, je ne suis pas agoraphobe, choisir mon environnement, tenter de le transformer, au moins imaginer ce qui pourrait être transformé, lire indifféremment toutes formes d'écrits, de documents, de poèmes, de romans oubliés ou non, de biographies, d'histoires locales, aller au-devant des dernières recherches de l'archéologie, de l'ethnologie, explorer la peinture, l'architecture (et accessoirement les bizarreries humaines). 

Ainsi je vous regarde, quand je reviens, avec un sentiment d'étrangeté. 

Je ne vous avais pas vu sous ce jour. Bizarres et lointain, vous êtes. Du coup, je vous trouve chaque jour plus intéressants sur fond de ces choses et de ces êtres lointains que j'ai pu connaître, que je remémore, que je retrouve en songe. Vous avez quand je vous retrouve un air de sérieux, de constance, de stabilité, de puissance qui m'avait, lors de fréquentations quotidiennes, échappé. Si j'en suis plus zombi vous en êtes, aussi lointains soyez vous, plus vivants plus forts. Proches en quelque sorte.

Ainsi, je vous le promets depuis longtemps, vais-je pouvoir vous décrire un à un, successivement et en détails, (vous allez enfin entrer dans mon récit) tel que je vous vois, sans vous nommer.

Car mes yeux absents vous voient, vous observent.

Retournement du miroir que je promène.

(s') Attendre à tout.

 Plus que jamais il est nécessaire de s'attendre à tout. Mais comme on ne sait pas à quoi ça ne sert pas à grand chose.

dimanche 25 février 2024

Que m'apportez-vous ?

Outre le fait de savoir que quelqu'un ou quelques autres est ou sont à l'écoute n'importe où, jusqu'en Inde ou en Indonésie ou évidemment aux States ou en Allemagne ou en Irlande bien sûr m'importe, je ne tape pas dans le vide sidéral.

Mais aussi c'est un exercice qui a sa discipline, j'aime parfois vous laisser muets, cois.

Et puis surtout, n'est-il pas légitime et nécessaire d'exister par tous les moyens à notre portée (? fausse question) ; même avec un poste à galène jadis j'ai tenté le coup d'écouter une minuscule fraction de la galaxie.

Masques funéraires.

De toutes matières et toutes civilisations.

Moulages de plâtre du XIXe, d'or antiques, égyptiens, grecs ou précolombiens, de carton ou d'argile.

Glorifier ou garder autant que se peut l 'image de surface


du mort.

L'identifier.

Ses yeux creux ou fermés, disparus ne nous disent rien de la mort.

Visage si expressif de Goethe ou Lincoln ou de l'inconnue noyée dans la Seine.

Je me souviens avoir été choqué de l'épaisseur du maquillage sur le visage de ma grand mère paternelle qui quasi muette avait déjà un visage immobile, sur le visage de mon père anormalement lisse et bronzé, sur le visage de ma mère tendu en une expression sévère. 


Chien de Casse.

 En tout état de cause, d'après ce que nous savons par les témoignages d'époque, par sa sur-vitalité et, dés sa jeunesse, son aptitude à imposer sa parole dans un groupe de discussion d'étudiants néo hégéliens, par ses yeux de braise et son invincible ardeur à combattre, Marx était un chien de casse *.

Expression dépréciative a priori mais de fait, qu'on y réfléchisse, rien de grand ne se fait sans passion et j'ajouterai : avec beaucoup de hargne.

* Un film récent pas trop mauvais m'a fait découvrir cette expression venu des bas-fonds new-yorkais et plus tard des rings de boxe ou de catch. Vous savez ces chiens méchants, diaboliques, fidèles, inflexibles déchaînés, prêts à sacrifier leur vie pour une cause, qu'on choisit pour garder les sites de casse de véhicules afin de limiter les inévitables vols de pièces ou d'accessoires.

samedi 24 février 2024

S comme nouveau "Spectre qui hante l'Europe".


N'étant ni politicologue émérite bardé de publications, ni spécialiste en haute stratégie des nations, ni consultant des grands de ce monde, ni économiste éclairé par de savantes courbes, ni historien du passé récent ou immédiat, ni (même pas) prévisionniste au petit pied, je me pose parfois des questions Hors Champ . . .  des questions auxquelles je ne saurais répondre.

Ce sont juste des trucs qui trottent dans ma tête, des impressions, peut-être de fausses évidences qui m'assaillent, ainsi :

Aujourd'hui je me dis :  ce n'est plus le communisme à proprement parler qui effraie l'Europe.

L'Europe libérale s'effraie de ce que sont devenues, à l'épreuve des inerties historiques et dans la pratique réelle des impulsions et tendances humaines, les nations anciennes emportées d'abord par le mouvement et l'idéal communiste. Elle s'effraie de ce que sont devenus aujourd'hui les blocs post-communistes à la russe, à la chinoise, à la coréenne ou autres, blocs qui n'ont pas refusé l'héritage du communisme dans ce qu'il peut avoir de plus menaçant pour le libéralisme.

Le libéralisme européen triomphant a encore peur de ce si puissant résidu qui a survécu et qui reprend du poil de la bête.

Ce résidu qui bien que transformé lui apparaît comme la principale menace. 

Aujourd'hui il prend peur des guerres brûlantes induites et engendrées depuis la guerre froide. Et le libéralisme européen semble en avoir, à tout prendre, plus peur que des conséquences des  guerres post-coloniales de domination économiques qu'il enclenche perpétuellement lui-même hors de son territoire ou de la remontée en pente douce mais constante, du nazisme sur le sien propre.

Au grand jour on nous prépare à la pénurie, à la guerre, à faire plus d'enfants pour être capables de nous défendre face à l'ennemi.

Cependant, en sous-main, par avancées rapides et souterraines, de fait, le libéralisme européen s'est engagé sur son aire d'influence dans un autre combat beaucoup plus systématique, ou plutôt systémique, comme on le dit d'un insecticide, et silencieux, contre tout un secteur de sa propre économie productive (ce secteur qui précisément nous différenciait du mode de vie et du rêve américain).

A la traîne des ultra-libéralismes d'Outre-Atlantique, il s'ingénie depuis des lustres et sous des présidences alternées à combattre l'économie productrice non marchande.

Au point de la présenter, du fait qu'elle est productrice de biens non destinés à engendrer un bénéfice purement monétaire, comme quasiment NON productrice.

C'est cela son nouveau spectre. 

S'attaquer, dans un large "spectre" en un tout autre sens plus concret englobant amicales, mutuelles, services sociaux, éducation, hôpitaux, système juridique, à tout service n'engendrant pas de profit au sens strict de rémunération marchande, à toute aide gratuite, à toute activité productrice de mieux être, de savoir, d'enrichissement intellectuel et moral, de progrès collectif, de soin et préventions des misères humaines, en réduisant le service public au minimum et proposant des services privés payants, en échange comme seul choix.

Au point de prétendre remplacer la mutualité par la charité. Certes la charité ne s'en prend nullement à l'injustice et permet beaucoup mieux le contrôle et la domination des faibles.

Au point, autre exemple, de créer par une sorte de prestidigitation se faisant passer pour magique et inspirée, par un tour de bonneteau magistral (vente aux enchères, publicité, presse, pseudo-critiques complices, galeries, fondations, système de mise en valeur créé de toutes pièces) par manipulation et spéculation, un marché de l'art totalement indépendant de la valeur artistique, substitutif de cette valeur, atteignant aux absurdités et scandales que chacun relève et aux dépends d'une sous-rémunération systématique de la plupart des acteurs du champ artistique, écrivains, dessinateurs, rédacteurs, traducteurs, inventeurs et créateurs en tout genre, etc. . .

 . . . Autrement dit tout réduire au monnayable, au rentable, tout inclure à des Centres de Profit, voilà l'objectif final du libéralisme qui ronge notre sol et nos racines comme une taupe aveugle. Sa valeur cible et unique (ce que Marcuse appelait "la société unidimensionnelle") le libéralisme hanté par la peur d'un avenir incertain la trouve dans le monnayable immédiat, toute valeur autre niée, annihilée, ravagée, violée, prostitution des objets naturels ou fabriqués, des corps, des vies. 

Marx avait raison, il est vital, par réflexe autant que par réflexion, d'arrêter notre prostitution.

 


lundi 12 février 2024

C'était la nuit dernière mais au matin.

 Je me suis retrouvé au réveil un peu étonné et rieur. . . . 

car en effet je venais sérieusement de vivre une drôle de saynète d'abord devant l'immeuble où j'habite pour l'instant puis dans le couloir d'entrée à côté de l'ascenseur de l'immeuble en face.

En effet le gardien de cet immeuble d'en face que je connais bien pour l'avoir engueulé quand sa meuf maintenant l'ayant quitté vivait avec lui dans le petit appartement attenant à sa loge avec son clébard (maintenant, pour ma chance, parti avec elle) qui aboyait voire hurlait fréquemment la nuit, se ventait de pouvoir peindre sur le torse ou sur les bras de qui voulait des images d'un film en mouvement.

Comme depuis qu'il n'y a plus de chien litigieux, me voilà après engueulot et réconciliation pourtant improbable, copain avec lui, il a toujours des choses à me raconter pour me tenir au courant des nouvelles du quartier, mais rarement à faire ensemble. Encore moins aurai-je pu imaginer et ses aptitudes à cette ultra-au-delà capacité de tatouage d'images de cinéma en mouvement ni que ma propre propension à tenter des expérience m'amènerait sous ses aiguilles, teintures et pinceaux.

Bref le voilà qui me peinturlure avec habileté sur le bras droit, une scène d'un vieux film en noir et blanc avec une péniche qui bouge et s'avance en les passant un à un les vieux ponts de Paris. C'est joli comme tout, car il montre ça en reflet dans le miroir de l'entrée de son immeuble où je peux voir tout ça ainsi que les gens qui passent et regardent le travail, faut le dire, avec une extrême curiosité.

Je lui demande dubitatif quand même et à la rigolade générale et c'est là que je me suis réveillé :

- J'espère que le film est assez vieux pour que je n'ai pas à payer des royalties à chaque passage sur mon biceps qui, bien qu'un peu amaigri et flappi peut encore être compté comme écran ?

Voyez même la nuit je vis des séquences de BD tout à fait rocambolesque ou du moins assez . . . extravagantes.

Mais ce n'est pas tout. 

Justement je l'ai salué très tôt ce matin ce gardien et je n'ai pas osé lui raconter l'histoire dans laquelle il intervenait dans ce rêve, de peur qu'il juge ça bizarre, mais . . .  , vous me croirez ou non, quand, pour rentrer une poubelle un peu lourde dans le garage il était, son pantalon boudiné et sa chevelure en bataille, chemise sortie de la ceinture d'un seul côté, il en a soulevé les manches, il n'avait sur ses bras aucun tatouage mais il m'a dit : 

- Vous avez vu, un vrai Clodoche



dimanche 11 février 2024

Plaine.

 Il est une plaine bordée d'un côté par plusieurs chaînes de montagnes échelonnées et de plus en plus bleutées en été au loin, parfois un peu de neige en hiver, de l'autre une mer découpée en une succession de côtes où alternent longues plages et calanques rocheuses, qui revient dans mes rêves et où je retrouve des personnages inconnus dont je prends conscience dans le rêve même, après quelques instants de dialogue, ou après, au réveil, qu'ils ont quelques traits communs avec ceux qui ont pu compter dans ma vie. Souvent la rencontre se fait en plein air devant une maison où je suis provisoirement logé. car même dans mes rêves je retrouve cette impression de passage, d'instabilité qui a accompagné ma vie nomade par changement de poste, voyages, missions, ou recherches de lieux nouveaux pour précisément et au contraire y rechercher un point de chute.

Mais étrangement cette plaine avec sa corniche dominant la mer revient de façon assez constante.

Plus étrangement encore j'ai découvert récemment un lieu réel qui ressemblait à ça. Mais ce lieu je ne saurais m'y fixer, il est trop éloigné des gens et des nécessités de ma vie telle qu'elle est déjà organisée. ou telle qu'elle pourrait se réorganiser à supposer que j'en ai encore la force et le pouvoir.

Pendant que je conversais avec un interlocuteur inconnu mais parent par quelques traits de quelqu'un que j'ai bien connu, pendant que m'assaillaient ces réflexions que je faisais dans ce rêve actuel où me revenaient en mémoire des rêves précédents et aussi ces réflexions faites après coup, éveillé, un oiseau c'est mis à chanter dans mon oreille.

Ai-je eu raison ou tort de penser alors, jouant les chamans pour mon propre compte que j'étais proche de trouver, quelle qu'elle soit, la solution adéquate ? Si proche que je l'avais peut-être déjà trouvée.


Ruses et mensonges maigres.

 Pourquoi cette accumulation, cette avalanche de mensonges dans nos discours ?

C'est assez ridicule de croire tromper son monde avec surtout des mensonges maigres, mal raccordés au tissu global du menteur occasionnel. Le seul truc qui marche c'est le mensonge mastodonte celui qui englobe tout et le dévore, celui du gentil et poli terroriste ou celui de l'escroc qui se fait passer pour ingénieur dans une spécialité rare dont il n'a qu'une maîtrise limitée à l'apparence extérieure d'une attitude et de quelques formules. Vous en doutez ?

Lisez les faits divers.

vendredi 9 février 2024

B de blanc.

Il ne m'arrive jamais de broyer du blanc.

Cette affaire de page blanche hypnotique et impossible à remplir m'a toujours étonné.

C'est le contraire dans mon cas. J'aurais plutôt le symptôme de la page noire, trop remplie, trop raturée.

Parfois gravée et regravée par dessus. Pléthore des mots qui se présentent; des impressions, des affaires, des histoires, des souvenirs, des analogies, des raisonnements, des revendications, des remarques critiques ou de cris d'admiration (rarement mais ça arrive).

Certains croient que c'est fatigant ce flux. C'est tout le contraire. C'est un courant continu qui me porte.

Je me souviens d'une réflexion de Mauriac ou peut-être un autre : Alain quand il était son professeur de rhétorique lui avait recommandé d'attendre un peu pour devenir romancier, d'avoir accumulé quelques expériences. C'est ce que j'ai cru bon de faire, non que j'ai rempli ma vie d'extraordinaire, mais remplie elle se retrouve malgré son cours officiel et classique, je dirai même conventionnel, institutionnel et voué au service public, de gens, de lieux, aventures, émotions, découvertes, pièges, défis et facettes, oui.

A tel point que je n'ai que difficilement eu accès de façon suivie à la tranquillité, à la solitude nécessaire, finalement aux servitudes et sacrifices de l'écriture. Encore moins au parcours public nécessaire pour essayer d'y présenter mes propres productions s'il est possible de nommer ainsi ces quelques impressions et récits tronqués par la vie réelle ou de quelque façon par ma propre censure, voire par simple pudeur. et peut-être malgré quelques audaces, par ma timidité maladroite.

Voilà comment je me retrouve fort vieux et heureux de ma chance, d'avoir affronté tant de difficultés, y compris celles créés par mes illusions, mes erreurs, mes préjugés, mes insuffisances, de les avoir finalement traversées, d'avoir accumulé ce discours retenu et caché qui coule dans mes veines et voilà maintenant que je tente d'infliger à vous étrangers inconnus.

Désolé, chers lecteurs épars, que ça tombe sur vos épaules innocentes.


S de sortir.

En effet, en effet, ces derniers temps je me suis un peu enfermé

et maintenant je sors, je n'arrête pas de sortir, d'aller au bord de la mer, aux abords des palaces, des voitures de luxe, des salles de jeu, des fosses des skate et trottinettes, 

et quand je rentrerai je voudrais aussi re-tallier/dessiner et/ou re-travailler un peu mes photos (façon de parler, roi de la photo floue je compte sur mon excellent appareil) de ce monde du dehors, de surface, de mon passage furtif et somme toute, très petit bourgeois, autre centre de ce monde mondain, surfait, surexcité, qui prépare actuellement en passant par de petits congrès multipliés, tentes, tentures, camions de matos et débris, écroulement d'immeubles vétustes, inoccupés depuis des années, éclairages led et travaux de trottoirs, réfection d'évacuation des eaux pluviales et récupération des mouvements de marée, gigantesque chantier sous-marin et terrestre, re-plantation de palmiers royaux, son show-cinéma, ouvroir de star et starlettes, n'interdisons surtout pas les paillettes, par où je sors, rompu à la scène, désabusé, amusé, de ma caverne de l'obscure Cella où je me tiens, taupe aveugle, habituel du dessous de sous la Maison Carrée.

Après avoir marché jusque là je fais même ma gym sur ces appareils tout neufs qu'ils ont mis devant la mer à la Pointe Croisette où je côtoie, Américains, Russes, Ukrainiens, Libanais, et même un Brésilien bavard comme moi. Nous avons parlé de Rio, faute d'y être. Ah les villes tropicales ou presque et cosmopolites !

R de rendre compte.

Il faudrait bien un jour rendre compte de tout.

Du vécu, du pensé, du projeté, du fait, du réussi, du raté, des victoires, des chutes, des bavardages, des récits pour le raconter en détail, par petits tas, mais aussi des tentatives de visions d'ensemble, des intentions, des calculs, des pensées sournoises, des erreurs, des vociférations et colères, déceptions, moments heureux et illusions, bientôt abolis bibelots du vivre simplement, au faîte ou au bas, cette impression d'exister d'autant plus belle que faussement éternelle et su fragile, mortelle, future victime du moudre, couper, s'éteindre, se dévitaliser, disparaître à jamais.

Non ce n'était pas une obligation de redoubler par le récit haché en pâté, écrasé en purée, découpé en lamelles, tranches fines et boutures, ce qui de toute manière et sans façon va s'évaporer d'un coup, chef d'oeuvre de concision (quelle que soit l'inanité du contenu), en un résumé de vision et de râle.

R de Rien de grave (Bribes, Moutures, Poussières, Dépôts)

Où prétendai(s)-je aller ainsi de-ci de-là, en inspirations subites (ou errances continues et quotidiennes) ?

Rien ne sortirait de là. Qu'un magasin en vrac, éventré à tout vent et où ne passent que des chalands venus au hasard sans attirance de chalandise, voir pour voir cet objet sans queue ni tête pour lequel j'ai enfin trouvé un titre passable, probable, éligible à court terme : Rien de grave.

C'est comme ça que je vois mon entreprise, mon magasin de nouvelles anciennes, périmées aujourd'hui pour la plupart.

C'est peut-être encore que je crois possible de jouer des passes avec la corne du hasard, moi qui ne suis pas joueur au sens où on peut aimer jouer aux cartes ou gratter des billets de loterie puisqu'à ce hasard-là évoqué en direct, en jeu à part, je n'y crois pas, je ne m'y intéresse pas.

Car je crois seulement au hasard de chaque jour qui se lève comme une page blanche.

Pourquoi jouer à d'autres jeux de substitution si ici est l'unique jeu ? n'est-ce pas suffisant ? A moins d'avoir déjà gaspillé ou dévalué ses jetons, ses dés, sa roulette, pour ma part j'ai encore plein d'avis à afficher. 

Lecteur subtil tu diras : quoi encore ? que veut-il nous imposer ?

Rien de grave. Des ou une vie passée, découpée en petites coupures.

C'est ça mon jeu du jour ou de presque chaque jour et tu le sais.

A toi de savoir si tu continues.

mercredi 7 février 2024

T de Tifs.

 L'importance de la chevelure dans l'histoire de l'humanité n'est plus à démontrer de Samson aux affres du crâne rasé des bagnards en passant par la natte chinoise ou les coiffures extravagantes du temps de Marie-Antoinette jusques-et au-delà des tifs post-soixante-huitards que j'ai portés perso, pris dans la mouvance, dans ma petite histoire individuelle bien courte au regard de l'universelle, assez longs déjà chez nous puis quand la mode brésilienne m'a permis plus d'exubérance, à Rio.

En ai-je déjà dit un mot déjà ? je crois que oui, ma foi, tant pif.

Ce qui me parle aujourd'hui c'est, outre le manifeste soin apporté aux cheveux des hommes qui s'en préoccupent à nouveau plus que jamais, cette portion de rue par où je passe épisodiquement et qui sur 150 mètres compte cinq boutiques de coiffeur dont les noms forment à eux-seuls et localement, un jeu :

Rébarbatif

Créatif

Berbère barbare (un fier de l'être ou du moins d'affirmer les racines de ses tifs)

Imaginatif (un salon de coin de rue pratiquant coupe et maquillage)

Anny coiffure, enfin, un peu larguée dans cette course au raccourci de tif et d'ailleurs fermée aujourd'hui.

Je n'en tire aucune leçon, aucune critique, aucune morale aucun poncif.