Je l'avais rencontré lors d'un grand raout où il était parmi les invités, d'une élégance extrême, rieur, smoking et écharpe blanche sur l'épaule, à l'Hôtel Teranga dominant Dakar et l'océan. Charmant, léger, il avait l'air heureux, c'était une bonne période et la capitale du Sénégal était encore amie des gloires et puissances de la France dominatrice.
Ensuite j'ai oublié sa présence déjà iconique en m'enfonçant au cœur du Congo alors Zaïre.
La politique, les souvenirs de rébellion et de guerre civile, l'état de la population, l'art et le théâtre local, l'épuisante chaleur, la lourdeur des relations culturelles et de coopération, éloignaient a priori toute velléité de relation facile ou de fraternisation avec la métropole de la francophonie et son auguste et prolifique cinéma.
Plus tard ce fut à Iquitos que je le retrouvais ou du moins sinon lui déjà son fantôme.
Autant Manaus, la capitale de l'Amazonie brésilienne est sur-documentée et même sujette par moments à la surpopulation touristique, autant Iqutos est aujourd'hui encore tenu à l'écart, du Pérou lui-même et du flot touristique bien sûr.
Pourtant une fois épuisés les charmes d'une visite à la "maison Eiffel" toute entière ramenée de France, pièce à pièce, boulon par boulon à l'époque, terrible époque, de la splendeur et de la richesse du caoutchouc (lire l'académicien marquis de Vargas-Llosa "Le Rêve du Celte"), que reste-t-il en cette ville des rapports entre notre pays ?
Pas grand chose mise à part une Alliance française difficile à instaurer et parfois intermittente.
Et aussi ce vieux souvenir chez certains habitants aujourd'hui plus tout jeunes d'une visite impromptue de cette célébrité bien française : Alain Delon venu quelques jours ici en solitaire.