. . . s'avérait être, peut-être, je ne sais pas, un voyant ou au moins un homme plein de réflexion(s).
Il avançait à tout petits pas, le corps menu, presque nain, soutenu, presque porté entre deux cannes, jambes apparemment grêles dans son pantalon élimé, et semble-t-il fracturée et comme ressoudées, casquette vissée sur la tête, grosses lunettes faisant loupe sur ses yeux clairs contrastant avec sa peau mate, boucanée et si ridée. Je l'avais rencontré le matin quand je partais pour des marches aux aurores, lui allait, cheminant comme un escargot patient, chercher son pain et sa gourmandise préférée, le pastel de nata, ou du moins ce qui dans cette boulangerie hispano-italienne de la petite place proche ressemblait le plus à ce gateau feuilleté garni de crème. J'avais bien remarqué qu'au lieu de dire le temps - il parlait souvent du temps qui passe et du temps qu'il fait - il avait tendance à dire phonétiquement o tempo et parfois carrément j'avais du mal à saisir ses paroles chuintées, car nous avions parlé à plusieurs reprises à cause de la porte d'entrée de l'immeuble ou celle de l'ascenseur que je lui avais tenue, lui me rendant la pareille quand il était déjà engagé.
les propos qu'il tenait en regardant vers le ciel ou le plafond étaient toujours sérieuses et empreintes d'une réflexion sur l'évolution actuelle, celle du climat principalement alors que les autres occupants de l'immeuble se préoccupaient aussi et plus intensément, après quelques remarques sur le soleil ou son absence, sur les incivilités, saletés, dégradations ou gestes malveillants de quelques rues voisines.
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