jeudi 3 janvier 2019

nudités

Quel long chapitre ça va être, ici évoquée(s), ces nudités, cette nudité, ça pourrait être je le sens, ou du moins, ça devrait être à raconter en vrac et sans ordre de préséance, si tant est qu'on aille au bout, fuseau déroulé du temps, corps-même des parques sur elles-mêmes tournant, si je n'étais amené à protéger (sans pour autant les voiler) ces corps dénudés (le mien et d'autres) qui se sont mis à nu de tous ces voiles, masques, maquillages, cols empesés, apprêts, bijoux et semblants, dans cette visio-spatio-sphère, dans cette chambre close qui constitue une vie ramassée en molécule-planète (la mienne ou une autre tout aussi bien sans doute) dans sa presque entière linéarité, syncopée, déroulement de plans posés en circonférences, équateurs de visions posées en surface, aussi nettes et confuses à la fois qu'une projection kaléidoscopique tournant sur elle-même et lancée sur l'écran d'un mur, aussi télescopée et hachée dans sa projection qu'un vieux film passant du noir et blanc à la couleur et parfois occupant tout l'espace en sensations d'hologramme augmentées d'odeurs et de parfums, dans le silence ou les cris.

Tout d'abord ce rire joyeux qui nous prenait au commencement d'un film prêté par cet ami canadien,  dans un pays où nous étions tellement frustrés de projections, au préambule toujours présent mettant en garde, systématiquement contre violences et nudités. Comme si l'une n'allait pas sans l'autre ou comme si l'une entraînait l'autre et était finalement du même registre à la fois présentant danger et attendu du public ainsi mis en garde et préparé.
Sériant les questions donc il sera ici question de nudité(s) sans violence à moins que la mise à nu puisse être en soi considérée comme un acte relevant déjà d'une violence contre la pudeur ou le masque ou le simple réflexe de cacher.
Scènes de nudisme sur des plages qui incitent au dépouillement et peut-être dans l'illusion purement acquise et sans doute ancrée dans quelque livre primitif ou sacré d'un retour non à la sauvagerie mais aux limbes de l'humanité.
Et tout aussitôt scènes d'enfance. Cette propension des familles à glorifier le bébé nu, trônant ou pas sur son siège de pulsion-défection ou défécation impulsée dans la joie.
J'ai vu plusieurs cousins et cousines ainsi, moi qui n'ai eu ni frère ni sœur, et j'imagine avoir été aussi acteur du même spectacle pour eux.
Souvenir aussi du premier bain (à quel âge ? et je crois que jusque là je n'avais pas eu ce privilège ayant dû être lavé au-dessus de cette sorte de grande bassine de bain ou du moins de douche en zinc soudé qu'on appelait un tub) dans l'eau d'un bassin réellement plein où l'on pouvait  tremper tout le corps et moi criant de plaisir, déjà. Ma grand mère m'ayant arraché ma culotte, mon slip de bain, c'était après la guerre et ma mère l'avait tricoté. Premier surgissement, qu'on le veuille ou non, de douce violence.
Ce commencement de mise à nu serait incomplet sans évoquer aussi et plus fort encore, violence du cri, l'apparition d'une femme nue en vrai qui était ma tante, ça reste encerclé pour l'instant dans le giron familial d'une époque où la salle de bain n'avait pas pris l'extension actuelle et où on utilisait pour se laver, surtout en hiver, la chaleur de la cuisine.
(A suivre . . .)

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