lundi 14 janvier 2019

Z

Que mettriez-vous en Z ?
Aujourd'hui, j'y mettrais zizanie, zoom ou zèbre et zeugma.

Il m'est arrivé un temps d'y mettre Zweig, Stefan qui est allé mourir au Brésil, cela m'avait préoccupé un moment, d'autant que j'ai passé de jolis moments dans les parages de cette pittoresque et perchée maison devenue petit musée depuis, à Petropolis, ville de noblesse et de villégiature, retirée au-dessus de Rio, avec un climat humide mais moins chaud, des rivières, des lacs, des oiseaux, de violents verts végétaux, une lumière de peintre, des couleurs sans pareilles et où il aurait presque cru trouver le bonheur, un havre possible en ce pays que les navigateurs ont confondu avec le paradis, avec sa nouvelle femme si aimante, mais voilà, alors qu'il avait tant de projets, que les Brésiliens l'avaient si bien reçu, comme un homme d'importance et que ses louanges sur leur terre et son épuisante beauté ne pouvaient que lui attirer plus de sollicitude et de bienveillance, de plus en plus d'admiration aussi, alors qu'il travaillait si dur, écrivant comme un fou, n'oubliant pas ce qu'il avait cru, car il avait cru à la force harmonieuse de cette culture qui maintenant au cœur de l'Europe s'autoconsommait détruisant ses cellules vives par système, en masse et au cœur, y compris ses amis, lui qui avait fui, à raison, hésitant d'abord à prendre un parti radical, lui qui voulait croire en l'harmonie, plein de repentance, sans plus d'espérance, soutenant lettre après lettre ses amis ses parents, restés dans cet enfer, c'est là qu'il décida avec sa compagne de se suicider.

Qu'il fut dépressif, certes, ce grand humaniste, ce grand ami de Freud et de Romain Rolland, on pourrait bien le croire, il est permis de déprimer à mort quand on a cru si fort aux merveilles civilisées d'un monde finissant, mais qu'on aille chercher en troupe grandissante depuis quelques temps chez de scrupuleux critiques projetant leurs pénétrante étayées analyses, des raisons de sa disparition dans son égoïsme, son inaptitude à s'engager et à être un héros, son abandon des siens y compris de celle qui avait tout sacrifié pour le suivre et qui jusqu'au bout le suivra, me semble affreusement aveugle, mesquin et éloigné du respect minimum qu'on doit toujours à ceux qui décident de quitter de leur  propre chef ce monde, eux dont nous ne connaîtrons jamais les vraies raisons et l'ultime débat inerne.

Cependant et tout à fait indépendamment, à l'autre bout, en autre urgence, pourquoi ne pas se demander du A d'Amérique au Z final de l'alphabet, quelles impressions si fortes l'assaillirent quand comme Magellan il mit le pied sur cette terre fabuleuse où, croyant encore aux conjurations du malheur, il avait fui et espérait réécrire de bout en bout sa vie ?

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