mardi 19 juillet 2022

A comme Ardilla, l'homme écureuil.

 Avant de rentrer bientôt pour rejoindre mon seuil, mes marques, mes repères, mes vieilles encyclopédies au papier gris, mes livres brochés, fripés, aux dos décollés, ou reliés de cuir, nimbés, aux pages ennuagées de vapeurs tropicales quand ils m'ont suivi partout, 

mes souvenirs de toute une vie et de quelques uns rescapées de ma lignée, ces images et objets relevant du culte des ancêtres, couteaux, haches, boussole-sifflet, et par ailleurs mes gris-gris multiples auxquels je ne crois plus, "pe de moleque" et balangandan du Brésil, 

aussi . . . portraits de mes saints préférés que j'admire hors toute foi, San Francisco l'universel et Santa Rosa de Lima, mes pénates et dieux lares nîmois purement symboliques et aimés comme tels avec les déesses mères, les dieux obscurs et souterrains suspendus sur le grand mur à côté de la cheminée où brûleront bientôt des tronçons de chênes abattus parce que contaminés de cet insecte qui profitant de et ajoutant à la chaleur pompe la sève du géant le plus combatif 

(faut dire je suis aussi, du fait que j'ai été, à l'emporte pièce ancien athée dés l'âge de 12 ans après ma communion solennelle, puis devenu un peu plus tard panthéiste en lisant Spinoza, fasciné, tellement fasciné, enfin multi-poly-déiste de foutaise ou de fantaisie et cependant fidèle au choix de ces saints admirables, si humains, souvent rencontrés au hasard de courses et trajectoires livresques ou bien d'incursions réelles dans le capharnaüm des cultes incongrus, des savantes et compliquées croyances locales, des . . .) , 

je ne parle pas de mes frères végétaux, 

ces pauvres plantes et jeunes arbres victimes de mes plantations qui ont dû subir déjà depuis plus d'un mois, le martyr et dont seuls les plus vigoureux ou les plus protégés par l'ombre auront survécu, 

mais aussi de cette émouvante exposition Viallat-Saytour qu'il me faudra à tout prix rejoindre, à peine à quelques milles romains de chez moi, dans ce village d'Aubais qui me tient doublement ou triplement à cœur . . . donc avant de rejoindre tout ça . . . 

et même le souvenir d'amis perdus en route . .  et les vivants absents qui ne seront pas rentrés, pas encore revenus en terre de garrigue et de vignes à sec sur terre grésillée de cailloux, fuyant la canicule qui ici gagne des championnats, 

dans une ville un peu écrasée où le touriste 

venu souvent de loin - des Japonais l'an dernier m'ont demandé comment attraper un taxi pour rejoindre la gare, épuisés, totalement perdus autant que d'autres à Tokyo - chaque année une foule en piétaille sèche debout en masse, en Juillet-Aôut et même avant, depuis Juin, en cohortes, écrasé d'histoire, 

d'autant plus qu' il s'acharne à lire des guides tout en marchant et en montant vers la Tour Magne. . .



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