vendredi 12 décembre 2025

Maisons (énièmes).

 Ayant habité plus de 24 ou 25 logements sans parler de mes logements d'étudiant, dont pas mal de maisons, et même fauché dans ma jeunesse ayant occupé plus de vrais maisons que d'appartements je suis je le sais un privilégié. Privilégié d'avoir pu fuir la promiscuité inévitable des couloirs, des parkings, des locaux poubelles, des escaliers, des ascenseurs, espace restreint où se joue un vrai théâtre forcé, sans parler de l'impatience de l'attendre ou de la peur du blocage, de la panne, l'arrêt à mi-étage, enfermé en prison cube d'acier, des cris ou coups de téléphone sur la terrasse voisine, etc . . . etc. . .

Je redoute le passage peut-être devenu nécessaire pour plusieurs raisons, le passage au septième étage avec vue par dessus les toits jusqu'aux collines (privilège encore), avec garage en sous-sol, à cause des voisins mais, n'étant pas tout à fait un sauvage, à cause des risques surtout de devoir de temps à autre les grimper à pied (ce que j'aurais fait il y a peu avec joie en guise d'entraînement, de défi, de substitut d'une vraie ascension sur un mont en plein air) ou de ne pouvoir les descendre à cause d'un incendie. 

C'est pourquoi, par compensation et retour de mémoire, nostalgie de vieillard, je vais devoir vous accabler de descriptions et récits ayant pour cadre mes (personnelles ou empruntées un temps) diverses maisons, dont beaucoup extraordinaires par quelque côté < . . . . comme j'ai déjà commencé à le faire avec mes maisons, vrais maisons, de Rio, de Lima, de Kinshasa ou plus récemment, rebattu et à devoir quitter en perspective, le Mas Dingue où je suis toujours encore quand je n'habite pas les soubassements de la Maison Carrée, ma préférée et de loin, indépassable demeure.

D du Dieu de Montaigne.

Le Dieu de Montaigne est avant tout celui de la prudence. Montaigne en effet a tout d'un païen adorateur de la nature et du naturel et il ne se risque pas, lui qui passe au crible de la raison tous les éléments du monde  qui l'entoure, à mettre un pied sur les plates-bandes de la théologie ! et il se montre peu loquace au sujet de Dieu . . . sauf qu'il en dit trop quand d'un revers de main tranquillement relativiste il attribue foi et croyance au hasard de la naissance, il dit :  à chaque territoire sa religion. N'est-ce pas déjà beaucoup dire quand on vit et qu'on a l'audace de la critiquer en période d'égorgements pour cause pro ou anti religionnaire, la période la plus folle des guerres dites de religion/s/(encore ne s'agit-il au sein de l'une d'entre elles de nuances et d'interprétations divergentes des mêmes croyances et textes) au travers de toute l'Europe ?

On aimerait avoir sa prudence en ces temps où "les gens" s'égorgent pour tout et pour un rien; religions, opinions, origine, déclarations publiques, attitudes, signes, façons de conduire, de s'habiller ou de s'exprimer, voter, s'enrôler, manger, chanter, sponsoriser, exposer, raconter des histoires et inventer des personnages, etc . . . 

Montaigne doute mais pas comme Descartes, du moins Descartes très jeune et encore guerrier, plus tard il sera plus circonspect. Descartes doute en scientifique absolu,  à fond . . . et pour dépasser le doute et aller se remettre après un tour extraordinaire, un saut périlleux métaphysique, sous la coupe d'un Dieu unique et CQFD, garantissant la certitude, sous la férule d'un Dieu monarchique et tout puissant despote créateur.

Montaigne doute déjà comme Voltaire mais peut-être plus de flegme et même, même si cela paraît impossible, plus d'ironie.

P de politique.

 En arriver au scepticisme total est-ce possible ?

D de plus de vingt-quatre déménagements.

samedi 29 novembre 2025

Hola ! braves gens du monde entier.

Vous avez bien du mérite.

De supporter la lecture d'un truc aussi dispersé, épisodique, fait de fragments, de bribes, d'épanchements spasmodiques.

Car avouez que ça fait bosser ce truc, à tric et à trac, et ce n'est pas du décalquage, recopiage, coupé collé, pompé, démarquage, je ne plagie même pas mes anciens écrits, ça vient comme ça vient et si ça frôle parfois au hasard de trajets et tirs involontaires ou facétieux, certains astres du ciel littéraire, oh de loin ! très loin, par pur rappel d'anciennes passions ou d'anciennes études, ça ne prétend à rien qu'à la reconnaissance au passage de certaines terres inaccessibles et de certains maîtres d'une autre dimension . . . et c'est surtout pure sincérité immédiate.  

vendredi 28 novembre 2025

Supporter le chahut des événements précipités.

Tellement besoin de calme pourtant, de plages de repos hors temps qui court. 

Mais être pris dans le tourbillon des sphères dissociées du monde multiple ce peut être aussi une joie et une plénitude.

Je me souviens d'une chargée d'affaire d'origine Saint Louisienne qui avait remplacé son ambassadeur au pied levé après une crise ayant secoué les rapports Congo-Amérique qui avait amené son gouvernement à rappeler d'urgence l'ambassadeur en titre . . . et qui avait pris le temps de venir voir un spectacle où nous l'avions invitée au "centre culturel " "franco-zaîrois" " (doubles guillemets) . . . et qui, comme je m'étonnais et la remerciais de sa présence malgré son travail, m'avait à peine surpris en me disant qu'elle espérait de nouveau être affectée à la centrale de Washington auprès du Département d'Etat, parce qu'on s'y sentait comme si on y était plongé au milieu les bouleversements incessants et parfois brutaux du monde en train de se produire.

Toute vie, hors travail et relations professionnelles est vouée y compris au plus intime, à ces secousses, ruptures, violences, désaccords parentaux de couple, de génération, d'intérêts, trahisons, désamour. Mais certains au lieu d'en être affectés ou affaiblis y puisent leur intense et quasi diabolique résistance. 

Là où se mettent en place les rouages de l'absurde sociétal.

. . . . constamment, affluent, le matin surtout, des souvenirs anciens, brins d'herbe desséchés ou encore verts quoique venus de loin.

Ainsi, pourquoi revois-je clairement maintenant en songe ce matin d'aujourd'hui, me racontant cela, au sortir du sommeil, et m'en souvenant en toute clarté alors que j l'avais totalement oubliée, cette scène ? mon cousin malin et observateur qui était dans la même classe que moi et qui du fait de sa position avait une bien meilleure vue de l'ensemble alors que personnellement je lui tournai le dos à cette perspective, dans cette classe qui se terminait par l'entrée en sixième au Lycée (dit "classique") ou faute de mieux,  au Collège (dit "moderne"), distinction terriblement élitiste ! pour certains élus de la prétendue méritocratie sélective et hiérarchisante, après un examen ressemblant déjà à un mini primo-concours de recrutement dans cette époque lointaine mais pas tellement, celle aussi où parallèlement ( pas d'échelle sociale sans violence) le maître nous convoquait sur l'estrade pour nous gratifier d'une gifle géante, assourdissante et déstabilisante, au point d'en faire tomber par terre ou contre le tuyau brûlant du poêle, les petiots que nous étions, parfois audacieusement insupportables et dignes des pires châtiments d'ailleurs conestés par les parents mais tout à fait acceptés par nous autres, rejetons adhérant au système, . . . me raconter ce qui se passait de totalement crapuleux, malgré cette sévérité implacable et affichée en acte, dans les coulisses de la classe, processus  que j'avais pour ma part en partie oublié.

Car les bons élèves étaient au premier rang, évidemment

pour qu'ils profitent au maximum des leçons et exercices, récitations, calcul, dictée, commentaire de compréhension du texte ou grammatical, etc . . .

Au fond de la classe une tradition assez laxiste avait laissé s'installer les cancres ou réputés tels, souvent je l'ai noté dans la vie réelle et courante qui a suivi, les plus astucieux et adaptés aux situations pénibles ou contraignantes, qui de toutes façons n'auraient guère profité des cours dont ils saisissaient peu l'intérêt et avaient ainsi, au moins, un peu de liberté pour moins s'ennuyer, bavarder, rire sous cape, déclencher parfois de grosses blagues, tout au fond de cette salle, sur les bancs et devant les tables les plus artistiquement ornés de graffiti à l'encre violette et sculptés à la pointe du compas nécessaire à la géométrie élémentaire ou même au couteau de poche spécialement recommandé parmi les plus émancipés d'une instruction il est vrai assez primaire dans le sens péjoratif. 

Dans cette configuration spatiale hautement différenciée du terrain scolaire, bons, mauvais, moyens situés dans la masse intermédiaire, au milieu peu vivant de la pièce, circulaient les nouvelles.

Blagues écrites maladroitement ou dessins à la plume sur tout petit papier plié plusieurs fois arrivant du fond et . . . dans l'autre sens, énoncés et conçus en première ligne du front et parcourant les rangs séparés par une allée de circulation au milieu, jusqu'à la place la plus éloignée du maître, la ou parfois les solutions du problème où circulaient des trains roulant à diverses vitesses et parfois divers sens, ou aussi, plus immobiles en apparence, des bassins d'eau qui se remplissaient ou se vidaient par fractions insupportables (beaucoup trop complexes pour être vraisemblables) avec une toujours introuvable mais calculable précision mathématique.

Cerise sur le gateau mon cousin m'avouait que lui au fond attendait avec impatience pour voir de quel côté de l'allée du milieu de la classe, la solution arriverait le plus vite, de la gauche ou dd la droite, élaborée par les condamnés au banc de première ligne, souvent des fils d'enseignants dont j'étais à gauche) privilège non de caste mais de corporation et transmission inégalitaire, quant à lui, gentil soutien de la tribu, il était fier quand la réponse arrivait du côté gauche de la classe où je siégeais en roitelet.

Pépite dans le noyau  [parenthèse : vous savez ce qu'il y a dans le noyau de cerise qu'il vaut mieux ne pas croquer ? . . . si vous cherchez vous verrez que ça rend ma comparaison, ma métaphore boiteuse ou inappropriée, à moins que là ne soit déjà le poison du népotisme républicain] c'est là que tout se joue, beaucoup plus tard, pour moi . . . c'est grâce au frère de ce rival du primaire, lui aussi habile calculateur et devenu en tant que VSN (volontaire du service national dispensé de service militaire par une mise à disposition de ses talents pour une mission lointaine) devenu ingénieur nucléaire au Brésil, que j'ai pu faire rentrer mes affaires importées à Rio par erreur et par méconnaissance de la part des instances maître d'oeuvres et supposées tenues au courant des nouvelles directives de coopération locales . . . Le rapport ? aucun ! le hasard, le hasard je vous dis.

* [ ici le lecteur lisant au hasard sans suivre le cours de cette histoire absolument invraisemblable et décousue mais vraie, devra se reporter à un autre chapitre antérieur / cependant le lecteur le plus agile, non déconcerté par ces détours, aura déjà saisi le fonctionnement du truc en tant que récit . . . tout à fait fondé en réalité, donc, en arrière plan et support, l'immense machinerie du monde lui-même faite de ces "coïncidences", rencontres, hasards].

De fait, c'est là, loin de l'école primaire, à Rio, que j'ai pris goût aux arcanes, aux détours,  et aux étranges affaires du ministère du même nom, un vrai résumé du miroir du monde et de son absurde fonctionnement que certains voudraient voir et expliquer comme s'il était rationnel. 

Rocambolesques erreurs, savantes tactiques et stratégies fondées sur des renseignements dépassés, lenteur des réactions, ambiance totalement "décalée" rendant parfaitement compte de l'univers qui est le notre, croyant coller au réel et toujours à côté, en porte à faux de nos désirs et croyances.