Une amie allemande me disait quand je la faisais rire gentiment, en tout bien tout honneur : "Tu es chou."
C'était sa façon à elle, après avoir étudié en Sorbonne dans sa jeunesse, de montrer qu'elle possédait les subtilités de la langue française.
Mon arrière grand-père maternel qui était peut-être, d'après son nom, de souche aveyronnaise, et incontestablement d'après le souvenir qu'il avait laissé, tels qu'on décrit cette engeance dans la transmission des stéréotypes, tenace et toujours partant quand se présentait l'occasion, lui, n'était pas chou. Je vous ai peut-être déjà raconté comment à soixante-dix ans passés il avait voulu aider des jeunes qui avaient versé leur charrette dans le fossé, en la soulevant seul du côté où elle était tombée et comment ces jeunes s'étaient, compatissants et rieurs, à son grand dam, car ce fut pour lui un grand coup, récriés . . . lui demandant d'arrêter ses efforts.
Si j'ai été bien informé par le récit de la saga familiale, ça se comprend.
Dans sa jeunesse, cet arrière grand-père avait été, vous le savez "scieur de long", je l'ai toujours clamé assez fort jusque dans les salons des appartements de l'avenue Foch quand il m'arrivait d'y faire un tour. Ce que je ne vous ai pas dit encore, c'est qu'il était capable de faire ce métier à la japonaise (si l'on en croit la fameuse gravure d'Hokusai), c'est à dire comme "chèvre" non pas sans chou, mais sans renard.
Encore faut-il savoir que la chèvre ou le chevrier, selon le contexte était le scieur placé au-dessus du tronc d'arbre équarri à la hache celui qui si possible, sans se casser le dos, par sa force, tirait sur le haut de la scie
quant au renard, il était en bas, tirant sur la niargue, dite par amusement de bûcheron "belle-mère".
Autant dire qu'après des jours et des jours de ce body-building, mon arrière grand père n'était ni "chou" ni mou.
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