Moi, spécialiste du "messager solaire", je vous dis pas . . .
. . . . quand j'ai soutenu ma thèse publiquement, dans la presse locale, pour l'annoncer, il y eut une coquille : "messager scolaire" . . . c'était ce qu'ils avaient trouvé le moyen d'écrire sur le journal, et comme elle portait essentiellement sur Camus, à l'époque où on lui reprochait d'être un philosophe pour classe terminale, je vous dis pas, la déception pour moi de figurer comme vedette, pour le coup bien scolaire, sous ce panonceau; mais vous en faites pas, ce fut plutôt la grande rigolade avec quelques copains et même avec ma fiancée du moment (toujours la même d'ailleurs et nous en rigolons encore parfois), mais surtout pour le seul "spectateur" qui était venu à la soutenance, lui vraiment très déçu (comme il me l'avoua) de voir que le sujet n'était pas du tout conforme à sa propre détestation et au rabaissement du prix Nobel qu'il espérait.
Quand un peu plus tard j'ai raconté ça à Barthes qui avait été le principal inspirateur de mon travail il était plié. Pourtant ce n'était qu'un début.
Par la suite un bureaucrate tout puissant, participant aux nominations me déclara sur le mode de la plaisanterie qui rend compte d'un fait réel, que si j'avais obtenu un poste au Pérou (il y avait toujours pour chaque poste un nombre impressionnant de postulants et le choix ne pouvait se faire en dernier ressort qu'un peu au petit bonheur) c'était grâce à cet intitulé où figurait le mot solaire pouvant renvoyer (pour des esprits sérieusement gestionnaires et néanmoins farceurs) au culte effectivement éminemment solaire des anciennes populations de ce pays dont la capitale est toute l'année . . . ou presque dans la brume et l'humidité pénétrante. Honnêtement, je n'avais pas à me plaindre, j'avais eu auparavant ma dose de solarisation tropicale dans mes affectations de part et d'autre de l'Atlantique.
Donc aujourd'hui plus que jamais, chaque jour, je ne m'en fous pas de Monseigneur l'astre solaire. je l'observe sans arrêt et le vénère toujours. Habitué à ses facéties, quand il se lève à peine à ma fenêtre je le vois resplendir en reflet sur la colline d'en face, rebondissant en miroir sur d'immenses verrières. Parfois même on voit d'abord son reflet avant même qu'il se soit extirpé des toitures et des cheminées.
Cependant la fois où nous l'avons vu le plus à l'envers ce fut ce jour où pour la septième fois et pour lui dire adieu, juste avant de quitter le Pérou, nous avons visité le Machu Picchu désert après un attentat ayant tué un notable bienfaiteur du pays et endommagé gravement le train qui accède au pied du site . . . et où, loin de nous prendre pour des tintinophiles aimantés par le si commenté et vénéré album du Temple du Soleil (voir la tartine écrite sur Wiki), nous avons pu voir sans guide ni gardien l'astre roi entré par une lucarne de son temple, ressortir par une autre en face et illuminer le visage de Miss Pérou, auréolé de parures en miroir, venue avec une équipe de cinéastes relancer la publicité touristique du haut lieu endeuillé.
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