Les psychologues insistent sur ce qu'ils appellent la "transmission générationnelle" et dans la psychanalyse du comportement violent sur le "renversement des rôles post-traumatique". Et certes il y a là quelque chose de bien curieux et mystérieux dans cette transmission d'une génération à l'autre de certains gestes et comportements délictueux de domination, de violence, de rabaissement, de cruauté, d'agressions et de viols, de sévices et meurtres, parfois inversés et parfois relayés semble-t-il au travers de messages in- ou partiellement conscients.
Ainsi le supplicié pourrait, selon certaines modalités de répétition quasi "automatiques" ? devenir bourreau.
Je m'étonne cependant, bien qu'effectivement encore plus hasardeuse, que ne soit pas évoquée en histoire des peuples, l'hypothèse d'une transmission et retournement des impulsions à dominations collectives brutales,
tels que répressions violentes, réductions en esclavage, exploitation sans contrepartie, création de liens de dépendance inextricables, privation de liberté, enfermement, tortures ou exterminations.
Bien sûr quand il s'agit de pure vengeance, revanche d'un peuple humilié, retournement de situation, personne n'a besoin d'explication ou de recherche de racines inconscientes à ces conflits. Les longues guerres entre voisins européens suffiraient à illustrer le thème à propos de petits ou grands royaumes ou de plus récentes grandes et puissantes nations voisines.
Mais qu'en est-il quand il s'agit de peuples massacrés, qui pour trouver une place, un territoire sécurisé, un espace de développement, reportent les conflits qu'ils ont vécu sur d'autres peuples étrangers à l'extermination qu'ils ont subie ailleurs ?
En un sens au travers de groupes eux-mêmes défavorisés, opprimés ou à plus forte raison traumatisés à la suite de génocides, ou au travers de leurs descendants . . . cet horrible mouvement de transmission et de retournement n'est-il pas l'un des mécanismes volontaires ou à demi conscients, "moteur pathologique" de toute colonisation ?
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