mardi 27 mars 2018

Prosécogénie quand tu nous tiens.

Attention ! Ce billet n'a rien de parodique ni pour autant de scientifique. Il n'est fondé, comme le plus souvent dans cette quête un peu hasardeuse que je tente lettre à lettre, mot à mot, que sur une approche purement subjective. Apparu dans un séminaire en 2010, ce mot, lancé sur l'océan des concepts nouveaux-nés, vogue pour désigner la "qualité de ce qui suscite l'attention" : ce qui, et parfois malgré nous, la capte dans ce monde numérique, publicitaire, artistique, lobbyiste et marchand auquel nous sommes - pour l'instant - voués. 

La paternité en est due à André Gunthert, historien du surgissement du présent dans le monde des images, autant dire une pointure en socio - iconologie.

Lui qui ne méprise pas de faire un tour sur Facebook (c'est là que je l'ai rencontré) et qui ne craint pas d'y divulguer, entre un conseil pour réussir la vraie sauce tomate ou des nouvelles de ses chapeaux, ses blogs et carnets où il ne cueille pas que des like et où il analyse et débat avec patience et humour, ce qui n'est pas forcément toujours le cas en ce monde des chercheurs reconnus.
Pourtant au début, moi si studieux et bon apôtre, j'ai eu du mal. Etant toujours par inadvertance un peu vagabond et flottant dans mon attention d'éternel étudiant vadrouilleur, faut dire.

J'avais même commencé par une blague semi-sérieuse en proposant à propos de ce mot, de cet article sur lequel j'étais tombé en cherchant à ma manière un peu je ne sais plus trop quoi, de distinguer dans l'économie de l'attention et de sa capture, deux prosécogénies ! Oui, oui . . . L'une  "attentive" faite d'attention captive et l'autre "détestive" faite de détestation non moins captive. Bien sûr ça allait un peu à l'encontre de la visée de ce néologisme qui justement " ne présage pas de la nature de la réception" dit justement son inventeur . . . . mais ce qui au lieu d'énerver mon interlocuteur semble l'avoir fait sourire dans le débat qui suit l'article.

Faut dire, oui, surtout, amateur de mots et latiniste contraint dans ma jeunesse, devenu tout à fait adoptif, par jeu mimétique en suivant la pente de tous ces chercheurs qui fouillèrent le sol ici, depuis que je vis ici : à Nîmes, j'avais en tête ce mot du Gaffiot "proseco" qui veut dire en latin (mais là, pas de pot, les racines sont plus profondes, sont grecques) couper en morceaux et renvoie à la notion de sacrifice et d'examen des entrailles, d'un agneau ou d'un bœuf ou d'un poulet.
J'avais aussi en tête le prosecco, vin blanc légèrement pétillant qui accompagne si bien charcuterie et anchois chez nos voisins transalpins.

Assez mal parti comme on le voit, j'étais.

Jusqu'à ce que je tombe sur cet autre article du même A. Gunthert où réapparaît à merveille la dite prosécogénie : "Détestons ensemble les petits mouchoirs" L'Atelier des icônes. 20 mars 2013. 

Là, je bute sur cette phrase :  "J'ai donc vu les petits mouchoirs . . . . " apparemment c'était plus par devoir réticent du chercheur qui ne doit rien s'épargner que par choix esthétique personnel . . .
Et là, je lis qu'un acteur célèbre. . .  n'aurait été ajouté à la distribution du film, à tout prendre et expérience faite que pour un résultat peu recommandable (je ne parle que de cette expérience qui consiste à s'imposer de voir le film  et j'avouerai que j'en conviens aussi), que pour être "martyrisé, défiguré . . . puis occis in fine".

Oh joie, pleurs de joie ! je ne comprends rien à la sociologie mais je savais bien que nous pourrions tomber d'accord  au moins sur un point ou deux : la prosécogénie peut être "détestive" et même sa racine profonde est parfois dans le sacrifice ou de l'acteur ou du spectateur (ou des deux à la fois). Nous faire prêter attention à l'insignifiant, à un monde de facilités imbéciles et auréolées de références et de clins d'yeux à ce vers quoi elles lorgnent bassement mais sont bien loin d'atteindre, tel est l'un des nouveaux idéaux, fléau de nos dérives sociétales qu'on peut pointer effectivement d'un seul mot.


(Nota Bene : il ne s'agit là que d'un travail (( mais peut-on parler là, à propos de ces maigres-douces remarques buissonnières . . . de travail? )) en cours, à suivre . . . )

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