lundi 23 mars 2020

Mythologie du dessous de table, classé M.

. . .  fantastique univers qui n'apparaîtrait qu'une fois le monde retourné,
caché du soleil, abrité de la pluie, alvéolé
ou alors, exposé à la lumière à plein, surface blanche, raclée par le vent, éclaboussé de trombes liqides, sous les cieux immenses,
c'est ça
exactement :
elle y vit et prospère dessus / desssous, quatre yeux devant dont deux grands, quatre derrière, postés partout autour tels qu'ils ne laissent rien échapper de son univers concentré en rond,
sous la table et une fois la table retournée, bien malin qui verrait son logis, petit cocon rond planqué sous l'attache d'un pied carré
propre à la contenir toute, en deux millimètres et demi, à peine.

table ronde en plastique que nous déplaçons en hiver sans peine en fonction des intempéries
mais qui permet de manger au soleil ou d'y prendre un café, souventes fois.
Alors elle est là, c'est son univers, elle y vit et vient voir ce que nous faisons dessus, encore cette fois
sur cette table où, là comme ailleurs,
couvercle,
la terre est ronde et plate pour elle,
cercle de tropiques à elle, hémisphères aplatis soudés, cerclés et opposés
avec un dessous et un dessus.

Elle n'a peur de rien et à l'occasion monte sur notre manche ou nos doigts,
d'un saut immense, muscles tendus à fond,
mieux, elle lance son fil collant, comme un lasso sur nos vêtements et entre avec nous à la cuisine,
suspendue au bout, équilibriste, trapéziste assurée,
alpiniste tisserande, exploratrice en quête, curieuse des mondes nouveaux,
celle que nous avons appelée, c'est désormais son nom :
 Ariane Sal(va)trice.

Car voilà ce qu'elle a fait :
sortie du labyrinthe du dessous de table où elle a ses quartiers, entre les alvéoles multiples, rangées en carrés encerclés, bondissante et suspendue, audacieuse et hyperative,
la voilà reine de nos tables et de nos plan de travail à la cuisine
où ayant refusé les gros  et frais cousins (cousins du moustique mais inoffensifs) que nous lui fournissions à foison (cette année ils viennent de naître en légions tous à l'unisson), elle s'attaque aux moucherons minuscules qui s'amusaient impunément à nous piquer le tour des yeux (avec ces températures de printemps doux).

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