vendredi 8 mai 2020

Atacama 4

Dans cet immense pays-ruban, où on peut, coincé entre Andes et Pacifique, au plus haut, vagues et sommets, de leur majesté, rouler à l'infini sur la TransAm et bifurquer à loisir (il y a quand même de la place, vers d'immenses mines de cuivre à ciel ouvert où circulent en gradins circulaires des camions géants comme au Shaba (Congo : autres mines de cuivre géantes) mais encore plus au large, ou vers ces villes fantômes couleur de terre, nées d'anciennes mines de nitrate, presque en Bolivie,
nitrate d'explosifs ou de champs épandus, de carrières, de guerres, d'agriculture intensive comme si c'était tout un,
vers des forêts primaires subpolaires pliées et rabattues par le vent, la pluie, le froid, ou se retrouver après un café thibétain (reste d'un décor de film) à 13 km de l'Aconcagua, le plus haut pic d'Argentine et d'Amérique dont on crut longtemps, après la prospérité économique maximum d'un sous-continent vendant ses ressources à l'Europe affaiblie, par moments même affamée par deux guerres, qu'il atteignait les 7021 m, géant roc rongé régulièrement par de terribles frimas de glaces) . . .
. . . . quand je pense à l'Atacama, aride depuis sept millions d'années ou beaucoup plus,
ce sont les naines brunes qui occupent toute ma tête.

Vais-je arriver à être clair ? A décrire, sinon à comprendre ? avant même d'avoir compris . . .

Il y faudrait des années synapses, des années d'influx qui transpasseraient du cortex aux cellules de la rétine en irrigant les canaux et frappant chaque touche du clavier alphanumérique, des ondes radio, passant outre les mirages et miroirs de celles, gravitationnelles où déformées, repoussées par effet de rebond, d'écran, jusqu'aux limites superposées, des univers aux fonds obscurs et expansés.

Pour en finir, bien qu'ayant beaucoup aimé la géométrie froide, ses constructions homologiques, ses architectures calculées, ses replis sur l'analyse et résolu quelques équations dans ma vie, je savais déjà que mon cerveau lent, échauffé, tropicalisé, emporté au grès des vents alizés, jamais n'y allait parvenir.

Alors tout au plus tenter de lancer quelques messages manuscrits à l'encre violette dans des fioles forcément mal fermées, destinées à prendre l'eau ou s'embuer, se délaver, couler, au mieux, au pire, former des amas de papier buvard, phrases longues, enroulées, de mots enturbannés et de taches raturées.
Oui, quelques schémas, ça se pourait, épures enfantines.
Ravauder tout ça. Revoir, rapetasser.
Renfiler, repriser ces chaussettes qui retenaient le marc, pour raviver au jus noir, aspiré, ces souvenirs.

Relire cette thèse à laquelle je ne comprends goutte et qui parle "halots galactiques" et "lentilles gravitationnelles".
Ne pas hésiter à m'enfoncer dans ces obscurités.

Sauf que ce monde supposé connu, bien que si mal, parce qu'il est brillant, étincelant, clignotant dans la nuit, tous feux éteins sur crêpe en deuil profond, mat, au mieux bleuté, piqué d'astres, étoiles, planètes, soleils, nébuleuses, est doublé d'un obscur monde dont nous ne connaissons pour l'instant que le mirage déformé, flou, calculable par défaut. Naines brunes, géantes rouges, trous noirs, matière concentrée, opaque, éteinte . . . et que notre "univers chiffoné" (expression due à Jean-Pierre Luminet) est selon la blague des plus désopilants et indécrottables astrophysiciens, philosophes cosmologistes . . . vais-je faire un autre mini-chapitre pour ça ?
Ce monde là, là-haut, qui pourrait sinon nous effrayer, au moins nous donner à penser, ne serait aux dernières nouvelles que le lieu d'un combat entre . . . tenez-vous bien :
machos      &    wimps . . . .
Macho, c'est macho, ne cherchez pas, pareil en français et en anglais et ici ce macho out-sider des cieux platoniciens et angéliques apparaît par jeu sur les mots des chercheurs, pas à court de bonnes et grosses blagues machistes, en acronyme de Massive Compact Halo Object, c'est à dire d'un monde où la matière sombre à haute énergie, relique des origines du Big-Bang règne encore en maître et en pilier du monde, fut-ce sous forme d'énormes planètes éteintes.
Quant à wimp, au sens de femmelette, mauviette, dégonflé, poule mouillée, ne cherchez pas plus loin, acronyme de Weakly Interacting Massiv Particls, ce serait pour d'autres, l'hypothèse majeure expliquant l'invisibilité de cette matière qui pourtant gouverne les mouvements du ciel et s'impose aux calculs, une poussière multitudinaire de micro et chétifs éléments.

Ben dirai-je, nous voilà bien retombés là-haut dans le ciel dans les fantasmes les plus éculés, le monde gouverné par les gros mâles ou par les petites ou efféminées particules, au choix de votre imaginaire archaïque !

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