mardi 7 janvier 2020

F de fuite.

N'ayant jamais eu l'impression de fuir, c'est dur à  avaler.
Ayant aimé parcourir, explorer, changer, mais ayant assez peu moi-même changé, ayant toujours fait front (certains ont pu aller jusqu'à me comparer à un cerf faisant face aux chasseurs, encerclé dans les positions où il m'est arrivé de me placer, non par bravade mais par souci de tenir la ligne face à des contradicteurs, voire des ennemis bien décidés à s'offrir un trophée de mes bois et de ma peau pour s'en refaire, ces lâches, ces pâles pleutres, des statures de faux personnages composés de dépouilles et d'emprunts ), le fait de sans arrêt changer de place ne m'a jamais donné l'impression de fuir.
Pourtant aujourd'hui, le fait de rester en place, de m'y tenir fixé, d'y être arrimé, engagé dans toutes sortes de tâches, fait apparaître à mes propres yeux, le reste de ma vie comme une fuite.
Fuite devant me mener là peut-être ou aussi bien ailleurs ?  Confrontée à ces repères de hasard devenus pour l'occasion amers, ancrage, amarrage.
La question demeure : Vais-je arriver a trouver mon lieu, ici ou ailleurs ?
J'envisagerais bien de reprendre mes frusques, mes outils, mes scies et haches, tous ces marteaux et pinces, tous ces livres, amoncellements réduits de signes, ces dessins à la plume, ces peintures naïves, ces vielles revues, ces cartes, ces articles découpés et ces notes en carnets multicolores, ailleurs où j'aurai encore trop d'espace et de territoire pour me sentir étouffer à l'étroit, acculé volontaire et à mon aise.

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