mardi 28 mai 2024

Territoire(s).

Etant prédisposé, moi issu de croquants, ayant conquis âprement leur sol, pieds sur terre, yeux écarquillés, passionné d'épures, d'architecture, façon parfois (qu'on souhaiterait surtout) élancée, intégrée, mimétique, novatrice, élégante de l'occuper et de le transformer en volume, villages, villes, vie en espaces clos, places, jardins, sculptures, moi, souffrant de toutes les attaques subies par ce sol brûlé, raclé, irrigué de sueur, sang, déforestation, barrages et exposition aux déluges, suis spécialement sensible à ce fait qu'à l'heure des mondialisations, on lutte tellement, c'est vrai universellement, en tout lieu aujourd'hui, plus que jamais en guise de renouveau, . . . . en guerres d'accaparations territoriales.

Les frontières de paix explosent, les pays en lambeaux éclatent.

Razzia sur les dernières richesses tangibles.

Continuation de la guerre par extermination des occupants.

Emballement des usines d'armement.

Surarmement des peuples, équipement en missiles des plus pauvres jusqu'aux dents, poussée en avant des frontières comme au temps béni des expositions coloniales concurrentes où s'affrontaient, championnes génocidaires de la déportation nos si puissantes nations.

Main basse sur les ruines, mines, puits, métaux, matières inflammables, réserves, rivages, antarctique préservé, profondeurs sondées des océans, répartition de lotissements dans l'espace pas encore conquis, et ici-bas, ici-même appropriation définitive des dernières (déjà disparues sous la couche des labels de nos provinces) "richesses des terroirs".

Prochaine publicité : un ours polaire salit sa robe éclatante en laissant maladroitement tomber sa coupe de glace Nutella.

lundi 27 mai 2024

Irrationnel.

Comment avons-nous pu quelques uns dans notre génération croire que nous allions avancer dans un champ plein d'obstacle mais déminé de toute bombe ?


Illuminations du matin.

Mauvaise nuit, rêves obscurs, pensées tristes, révélations graves, comme on voudra, les occasions ne manquent pas de voir l'envers de la vie ordinaire.

Parfois il est urgent de se réveiller, les images surgies d'on ne sait où sont au fond trop horriblement grouillantes et répugnantes ou même effrayantes, et tout cela est si clair,

parfois aussi on découvre que cet envers 

de la scène de jour est tissé comme une fable parfaitement irréelle, magique, invraisemblable, cruelle, cohérente et si peu peu réaliste ou tellement au contraire en raccourci et concentré, pure traduction évidente des embrouillaminis où nous étions plongés, emboîtée en parfait montage, conte nordique, mythe méditerranéen, légendaire et d'abord incompréhensible récit,

qu'il apparaît qu'il est une simple dictature sournoise de nos souhaits profonds, de nos craintes, de nos désirs de vengeance, de notre peu amène nature, violente, dure, irrépressible, insensible, bref inempathique.

Ou encore dans le cas très rare du rêve heureux, harmonieux, plein de satisfaction éprouvée, cela nous avertit de la fragilité de ce voile, de sa subtile dérision.

Faudrait-il que plus que nos rationnelles avancées et plans établis, l'inconscient, her Doctor, soit à ce point, incontestablement, vraiment . . .  le bâti ou carcasse du tissage de notre (apparemment au moins donnée en spectacle et maîtrisée) vie ?

samedi 25 mai 2024

E (de j'ai reçu un message) de l'Espace.

 . . . . ça n'était pas si étonnant mais je ne m'y attendais pas.

Vous vous souvenez si vous suivez aussi une partie (une partie seulement) de mes aventures (je ne suis pas scindé en plusieurs c'est toujours moi) sur MARSAM :  marsam.graphics, qui est une revue numérique à laquelle vous n'êtes peut-être pas abonnés et au sein de la quelle je ne devrais pas figurer n'étant ni dessinateur ni spécialiste historien ou critique de Bande Dessinée, seulement en l'occurrence, feuilletoniste invité.

Vous vous souvenez peut-être du fait qu'après bien des péripéties aventureuses et après avoir lu une petite annonce, j'avais aspiré à occuper sur l' ISS, la station spatiale internationale qui tourne autour de la terre pour recueillir des données scientifiques en particulier sur le comportement humain en apesanteur dans un satellite . . . et peut-être aussi d'autres données plus lointaines . . . 

. . . . . un poste de factotum.

Voilà: chance ? hasard ? coïncidence calculée ? je vous annonce donc que à peine rentré au Mas dingue . . . . . . me parvient aussitôt ce message dont je donnerai bientôt ici ou ailleurs la formulation. 

Etrange . . . . . . . enfin . . . pas tant que ça !

Théorie du Grand Cèdre.

Il y a des années que je les observe ces oiseaux-là se poser sur le grand cèdre.

Il est clair que sa cime est tellement convoitée que le rameau terminal, celui qui surplombe nettement le jardin et tous les arbres loin alentour, chênes verts, figuiers, amandiers, palmiers phénix ou des canaries, oliviers rustiques, pins et même cyprès, en est dénudé d'aiguilles, inclinée et a déjà été cassée à plusieurs reprises. Certains oiseaux telle la fauvette, par prudence et goût relatif du bonheur secret préfèrent chanter à l'abri du feuillage et évitent les sommets trop exposés, d'autres adorent y plastronner avant d'y crier et chanter à tue tête. 

Tels les merles, pies, pigeons, tourterelles, rouge queues à front blanc, huppe fasciée, étourneaux.

Ils adorent surtout quand ils sont un peu plus corpulents, survoler l'utilisateur du moment et lui tomber sur le poil ou du moins lui voler dans les plumes pour prendre sa place.

Qui ne penserait que la propriété c'est le vol ?

Qui ne douterait que la nature humaine contrairement à celle des oiseaux est ou au moins fut, à l'origine des temps historiques, originellement bonne ?

jeudi 16 mai 2024

R de Reparti. B de Borne.

De retour d'échappée où je ne dirai pas que j'ai un peu oublié le monde, au contraire, me voilà reparti.

Oh pour peu de temps mais à nouveau.

Du fond de mon jardin où n'a pas disparue . . . . la . . .  BORNE.

Borne plus que jamais de nouveau enfouie, occultée par un entrelac de genêts, ronces, graminées, re-départs de troncs coupés, repousses de feuilles vert tendre de lauriers, vert gris-bleu des feuilles dentelées des petites ou grandes acanthes, pousses de fougères et lierres jaillies, serpentant dressées dans l'humidité. Bien malin qui saurait qu'elle est là, tapie, inamovible, plantée en terre, pierre tombale à secrets enfouis, lourde de son acier à peine oxydé, peinture superficielle raclée, fausse et artificielle, tronquée, trop géométrique pierre levée d'un autre temps, sans avoir déjà défriché cette jungle minuscule et vivace. 

Reparti quand je m'approche de ce poteau trapu et si lourd, loin et surplombant la terre, réfugié dans une trajectoire monotone, faisant apparaître sans arrêt nuits et levers du jour, perdu hors temps, calendrier artificiel, en apesanteur flottant et souvent intubé au milieu d'une équipe de savants dont je ne comprends pas les langues ni les calculs ni les injonctions quand survient une nécessité d'adaptation urgente et qui parfois, malgré leur grande patience me font des signes désespérés.