samedi 20 juillet 2024

Poisson mort.

C'était un jour triste de poisson mort.

Un poisson mort flottant puis un deuxième au fond de l'eau et un troisième flottant à mi-profondeur le flanc rappé, la peau desquamée en papillote, presque immobile, vivant mais gravement affecté il semble.

Mauvais matin.

Empoisonnement, surpêche. Tout cela ou plus ?

Bien sûr depuis que je me baigne dans cette crique et que j'en scrute au masque-tuba les rochers couverts d'algues et les fonds sableux, tout a changé. Plus de petit rouge, blennie à tête noire, frétillant dans de petites cavernes et se collant aux parois rugueuses qui l'entourent, presque plus de girelles et presque plus de serran écriture aux écailles parcourues de zébrures, plus d'oursins, presque, disparition de ces nuages de bébés qui passaient jadis, il y a huit ou dix ou quinze ans. 

La mer est raclée, bientôt on pourra marcher au fond sur un tapis d'algues tueuses, le corps enfoncé dans une eau désespérément vide.

Le pot-aux-roses, ce matin j'apprends que les poissons morts viennent d'un élevage d'où ils s'échappent régulièrement quand on ouvre les grilles de temps à autre pour nettoyer, car, livrés à eux-mêmes ils ne savent pas se nourrir; même les mouettes et les goélands repus n'en profitent plus guère. puis aussi ils n'ont pas semble-t-il, nourris comme des chiens ou des porcins en cage, ce goût sauvage qu'ils sont en droit, ils le croient encore, eux prédateurs survivants vivaces, d'attendre de la mer.

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