vendredi 16 novembre 2018

Villes mortes.

Non pas que je n'aime pas les villes vivantes et leur cœur troublant. Tellement de dérives . . . j'ai pu y faire et encore aujourd'hui. Je suis un marcheur. (Mauvais esprits style début du siècle précédent, où ce mot avait un autre sens, prière de s'abstenir en matière de sarcasmes).
Mais j'aime aussi démesurément les villes mortes, les ruines, les cités antiques et dépeuplées.
Le virus romantique n'est pas près de disparaître parmi nous, je crois.
Le problème étant justement que ces villes mortes sont trop prisées de tous, pas seulement de moi et trop ressuscitées.
Rien de pire qu' Éphèse quand sont arrivés, presque en même temps; tous les bus chargés des visiteurs du matin, venus du monde entier et parfaitement synchronisés ou ne parlons pas de la Vallée des Rois surchargée de bateaux à ponton de contemplation stationnés en triple file sur le fleuve éternel et jadis nourricier et des temples  sauvés de la noyade par l'UNESCO dont les frises, les inscriptions ou même les colonnes sont impossibles à entrevoir  derrière les haies ou masses compactes des visiteurs agglutinées.
Alors débrouillez-vous pour essayer, au moins sur de petits tronçons, d'être à contre-courant du flot occultant.

Mon meilleur souvenir du Machu Picchu que j'ai vu sept fois comme chacun sait parmi mes lecteurs lassés de l'entendre, autant que mes amis nîmois, ce fut juste après un attentat. Il n'y avait personne sur le site, absolument personne . . . sauf, hasard non prémédité, une courageuse miss Pérou venue avec une armée de photographes essayer de relancer la machine touristique.
L'admirable Pétra, j'ai réussi à la parcourir à l'envers en marchant dans la solitude et le silence sur le parcours retour dans cette vallée-gorge-couloir, très lentement d'abord, jusqu'au théâtre taillé dans le roc, en louant un dromadaire qui, courant devant la foule, l'a facilement dépassée d'abord et semée au départ et m'avait emporté au bout désertique à l'arrivée des envahisseurs.
Quand à Angkor-Vat que je n'ai jamais vu qu'en rêve, à une époque où passant finalement non loin de là c’eût été possible de m'y rendre n'eut été la disparition du prince Sihanouk et la longue guerre suivie du génocide que l'on sait, que je visite souvent par tout autre moyen, filmé ou représenté, je ne l'ai jamais connu, et n'ai été jamais si transporté par sa vision qu'enfant, avant l'âge de sept ans, qu'au travers de ces images doubles sur plaques de verre en noir et blanc qui permettaient, en stéréoscope, en les plaçant dans un petit appareil portatif ressemblant à des jumelles, de le voir en relief.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire