lundi 22 mai 2023

G (double) de Gouverneur de Gorée (j'ai été l'espace d'un instant).

 Ni en rêve, dites-vous !

Bin justement si . . . moi, coupable d'avoir vécu à Dakar et fréquenté Gorée à cette époque où le Président était Senghor, un président d'un pays indépendant passé par les rouages de la Métropole, agrégation, édition, intégration à l'armée française, résistant, élection à l' Assemblée Nationale, élection à l'Académie française, amitiés franco-sénégalaises et coopération modèle.

En me réveillant ce matin je l'étais, gouverneur de Gorée, l'île des esclaves, des négriers, devenue celle des touristes, des artistes, des tournages de films dont Truffaut (L'Histoire d'Adèle H.). Ironie de l'histoire (celle de mon rêve moqueur), c 'était sérieux, un poste comme un autre.

Gouverneur de Gorée, de cette île au large de Dakar, à moins de 4 km du port de la capitale, même en faisant une courbe pour résister au courant; avec, île longue et mince par endroits, 900 m de long sur 300 de large à l'endroit le plus large; on pouvait avoir, avec un peu de pratique, l'occasion d'y aller en planche à voile sur moins de 4 km (c'était plus dur de revenir . . . ) ou alors en chaloupe à heures régulières si on n'avait ni le sens de l'équilibre ni celui des vents alizés. 

On y trouve plusieurs musées liés aux trafics d'esclaves et à leur longue époque, très fréquentés depuis l'inclusion de l'île au patrimoine mondial de l'Unesco et on y trouve aussi, en cherchant, le siège de la fameuse et défunte Université des Mutants, rêvée, voulue par Senghor.

J'y étais donc Gouverneur. 

Ce rêve c'était sans doute le résultat moqueur et l'influence immédiate du visionnement partiel d'un film en un sens super-chiant, long, interminable, lent, lourd, moite, aux dialogues étrangement légers vu le sujet traité, anodins, vides, et au symbolisme primaire ou plutôt culoté, bien dessiné en caricature trop, vraiment trop évidente, mais pas inintéressant en y réfléchissant Un film au titre bizarre : Pacifiction . Tourment sur les Iles. Un film qui parle des paradis tropicaux de notre noble et beau pays. En l'occurrence ici Tahiti.  

Un film entièrement porté par un Benoît Magimel passé du statut de petit voyou maigre dans sa jeunesse à celui, maintenant, d'autorité matoise et enrobée, jamais aussi benoit comme le signale son prénom, au point d'en devenir une sorte d'Atlas protéiforme, jamais découragé, content, portant sur ses épaules, par ruse calme et passivité calculatrice assez désespérée, un monde colonial paternaliste pas mort et de plus en plus menacé.

A son propos, je n'irai pas jusqu'à évoquer les catégories de "thriller paranoïaque expérimental" ni la comparaison avec l'oeuvre de Kafka comme n'hésitent pas à le faire certains critiques un peu embrumés bien que patentés. Cependant, cependant . . . 

Cette idée de vouloir éteindre et cependant voir ressurgir en passage à l'acte les craintes suscités, d'ailleurs très anormalement tardives, par des essais de la bombe A, expérimentée là, dans deux atolls pas si lointains de la capitale et des îles les plus peuplées, jusqu'à l'époque chiraquienne, en cette époque de réapparition de la dite menace nucléaire en pleine Europe et cette autre idée fabuleuse d'enfermer un Gouverneur, pardon, un Haut Commissaire, dans une sorte de bastringue-bordel mou tropical, de lui faire tenir ces discours lénifiants typiques de l'administration plein colono et post-coloniale, quelle vérité élémentaire ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire