lundi 29 mai 2023

Sans titre.

 Le plus beau texte, le plus aventureux, le plus illuminatoire serait né et propulsé par ce titre "sans titre".

N'allez pas imaginer qu'il serait pure virtuosité.

Au contraire, il serait là, jeté là comme pure maladresse, acte involontaire, essai, raté presque pourrait-on dire, effluve et condensation, expectoration, crachat si vous voulez presque, ou plus élégamment (involontairement) fruit d'une inspiration, projection, éructation, imprécation, dictée de l'ombre la plus sombre de ce que d'aucuns appelèrent l'âme ou sous son être émergé et si contestable et contradictoire en tant que tel mis à jour : l'inconscient. Articulation à peine intelligible de la bouche d'ombre, du non vouloir existant pourtant, émergeant malgré tout . . . 

Le plus beau texte jaillirait du poumon droit, celui qui loin du cœur est dépourvu d'appréhension et d'intention. Celui qui poserait l'évidence de son être comme un droit qui ne se discute pas; comme une affirmation sans pareille, extra-ordinaire, inouïe, unique, encore vierge d'oxydation, raclure aqueuse de cellules vivantes venues à apparaître enfin dans un souffle.

Et qui pourtant donnerait l'impression d'un travail ciselé, mais où ? dans quel entre-monde ? dans quel antre ? repère de ces êtres fantomatiques à demi morts, à demi vivants que sont les poètes.

Cellules vivantes. Neuves. Volatiles. Vouées à l'évaporation. Victorieuses du non être, encore vibrantes de vivacité. Vouées au vide non retentissant. Bref effacement d'ailes, de vol. 

Mal armées contre la mort du verbe pas encore chair.

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