dimanche 16 juillet 2023

A9 ou le retour vers Tityre tu recubans sub tegmine fagi.

L'autoroute par où passe toute l'Europe, du camion lithuanien au vacancier suisse, pas seulement chargé de camions de gaz, de vin, d'oranges, de ferrailles, de BMW couvertes de coffres de toit, de planches à surf et de vélos dans des remorques, voie ouverte aux trains, bien réel antiferroutage réalisé sur route, de poids lourds sur deux voies là où il n'y en a que trois, aussi de rage d'arriver au plus vite et de soif de s'imposer avec ses maigres ou gras cylindres, nous a laissés rouler à flux continu, presque euphoriques, sans imposer son accidentel déraillement inévitable, son camion en travers, bloquant toute l'Europe sans issue ni remède ni voie alternative, à l'entrée de Sète ou de Gallargues le Montueux avec ses hautes tours sur la colline vues de loin qui ne sont plus synonymes d'embouteillage au péage depuis les travaux pharaoniques et la remise à jour et à plat du parcours tout autour de la nouvelle voie du TGV si décrié, si cher payé, si polluant, bourré, étalé, ravageur de campagnes anciennement tranquilles et destructeur d'écosystèmes irremplaçables. 

L'arrivée s'est faite aux cymbales, rythme gitan, des cigales un peu oubliées sous le vent marin et au chant de Tityre, le sacré Tityre (voir épisodes précédents et encore suivants), l'infatigable Monsieur Fauvette ***, plus en forme que jamais, qui bien reconnaissable d'une année à l'autre, au plain chant modulé, répétitif et bien typé, hante notre jardin aux herbes folles et durcies par la chaleur car il a plu un peu, assez pour que ça pousse en période où d'habitude ça meurt, un jour sur deux ici contre toute attente, et aux bambous qui se croient chez moi comme en lointaine Indochine et montent en flèche pour cerner le mas dingue un peu abandonné de lances dressées.

*** Monsieur Fauvette mélanocéphale 3 étoiles est un bel étranger qui revient chaque année de l'Afrique proche et que nous reconnaissons à coup sûr du fait de son chant particulièrement puissant et articulé, à la sonorité bucolique et virgilienne, à la différence des films et opéras actuels dans lesquels les comédiens et les chanteurs récitent de plus en plus négligemment de la bouillie incompréhensible. 

D'ailleurs, les petites Fauvettes à tête noire, femmes autochtones du quartier ne s'y trompent pas et manifestement l'adorent, il ne chaume pas et doit se mettre au travail dés son retour à chaque printemps sans prendre de répit. Combien de descendants de ce phénomène aurons-nous dans les parages ?

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