Bien des gens s'en tiennent à un lieu où ils creusent leur terrier avec persévérance, quelle chance est la leur ! l'unicité, le choix définitif, l'enracinement.
J'aurais pu être peut-être de ceux-là. J'ai toujours été fidèle passionnément à certains lieux. Mais la vie en a voulu autrement. C'est vrai j'avais des dispositions à me passionner et pour les lieux et pour les moyens déjà bâtis ou éventuellement à bâtir, pour y vivre ou y habiter, en harmonie avec ce qu'on appelle aujourd'hui environnement et qui n'est autre qu'un biotope qu'on désignait autrefois par l'expression "un milieu" (ah la fameuse influence du milieu !). C'est vrai aussi j'ai toujours été un rêveur incapable de ne pas aller voir ailleurs, une sorte d'explorateur pédestre adorant arpenter les villes, les bois et les champs, nager dans l'eau inconnue et étudier les cartes et les plans pendant des heures, cartes d'état major ou plans d'architectes. Vous imaginez à peine ma joie à découvrir dés sa sortie GG - Earth.
Au point que lors de phases sinon de dépression du moins de perceptions d'échec et de mécontentement, pour me soigner je visitais des terrains à bâtit, des maisons, des appartements avec vue ou situés tout proche de lieux attractifs. Je dois dire aussi que j'ai eu des amis ou copains généreux qui m'ont souvent laissé squatter leurs résidences lors de mes déplacements. Enfin, mes nominations hors de ma patrie m'ont contraint à occuper des lieux partiellement ou entièrement meublés où j'entrais littéralement et même très concrètement dans la vie d'autres personnes provisoirement ou définitivement absentes, en voyage, elles-mêmes expatriées ou disparues, qui avaient occupé et souvent hautement personnalisé ces lieux. C'était au moins aussi fort que de changer de partenaire, ou du moins presque, dans la mesure où un lieu fortement occupé est un micro-univers. Ainsi peut-être ai-je contracté par l'amour de l'architecture, des lieux, des voyages, de l'immobilier, du changement, par désir de comprendre et d'imaginer la vie des autres, le virus du donjuanisme casanier.
Il faudrait donc que j'établisse une liste des maisons dont je vais vous parler, outre la fameuse très haute maison perdue au milieu des buildings du Leme à Rio, ou de la maison du metteur en scène avec patio et collections archéologiques de Miraflores à Lima, dont j'ai déjà fait des descriptions assez détaillées.
Par exemple de cette immense maison de Kinshasa où m'avait relégué la décision d'un propriétaire qui m'avait forcé à quitter la précédente beaucoup plus à ma mesure et de ces appartements parisiens très heureusement et même avec bonheur, squattés grâce à des amis incroyables ou encore de ces maisons que j'ai dû louer au pied levé, en d'autres circonstances de non-départ ou de retour de l'étranger, en Bretagne ou en Corse ou en Occitanie . . . . sans parler de ces terrains où j'aurais voulu construire si je n'étais parti beaucoup plus loin.
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