Bien sûr replongé à ces stocks de photos conservées dans l'espoir de les identifier, de les classer et toujours enfermées dans ces albums sans légendes ou dans ces très anciennes boîtes de fer blanc à peine cabossées et rouillées.
Bien des choses (scènes, groupes) incompréhensibles (devenues) ou de portraits non datés ou sans légende, mystérieux.
Deux choses cependant claires : mon père en militaire sortant de l'école normale ou un peu plus tard se marrant tellement mais avec un soupçon perceptible d'inquiétude, avec son groupe d'appelés découvrant avec joie l'art de la farce de chambrée et du portrait collectif (avec deux amis passionnés de photo comme lui).
Le père et la mère de ma compagne la tenant bébé dans leurs bras, elle attentive à l'objectif et eux successivement, l'un et l'autre en portraits séparés dans la même posture, la serrant sur leurs genoux et la regardant tête tellement baissée, sans visage, rendus invisibles pour le photographe et le spectateur, comme gommés du portrait centré sur l'enfant, que personne ou presque n'aurait pu, sauf par la silhouette et la couleur des cheveux, les reconnaître.
Quelle image laissons-nous vues rétrospectivement ?
Comment savoir quand on est jeune et fringant, pas spécialement tendre pourtant avec les dirigeants de l'époque et même militant opposant que la guerre va arriver (de nouveau en 40 après ces générations disparues 70, 14 et bien avant tout au long de l'histoire ?
Comment savoir que l'un des deux parents attentifs au bébé va disparaître réellement à la fleur de l'âge et que le bébé (fille) va connaître lui aussi beaucoup plus tard la disparition brutale de son compagnon et premier amour ?
Bien sûr je ne vais pas vous faire un film américain larmoyant et peut-être poignant où, remontant le temps en alignant et juxtaposant mes photos de famille quand on imagine ce qui aurait pu autrement avoir lieu ou pas. Ces regrets et courtes méditations sur le passé qui aurait pu ne pas être tel ne sont pas du tout mon fort.
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