mercredi 14 février 2018

C de Cinéma. Et Stalker alors ?

L'étrange rapport que nous avons et eûmes tous au cinéma depuis l'âge d'amours naissantes de ces rendez-vous où nous occupions le premier rang de salles d'art et d'essai (dites), collés puis entrés dans l'image, identifiés et assourdis de sons essayant de remonter le courant jusqu'aux lunes de Méliès au moins, jusqu'à ces séquences, même intergalactiques que nous pouvons maintenant lorgner d'un œil sur des petites boîtes en zappant, minuscules morceaux d’œuvres que nous verrons ou pas en entier, passés que nous sommes par ces lieux immenses où se réunissaient en masse, western géant, épopée biblique, saga, des gens, pour vivre plus fort et croquer des trucs enrobés de papier. Le cinéma est notre peau, notre sang, nos organes, nous sommes faits de gestes de héros, il a incubé en nous l'homme imaginaire dont parlaient si bien Edgar Morin et (rien à voir) les Cahiers du Cinéma au point de nous apprendre à vivre.
Maintenant, je ne sais.
Mon rapport est nettement plus distant, infidèle, voire indifférent au risque de passer, retiré des éclats brûlants, pour déjà enterré. . . . mais suis-je le seul ?
Tellement d'avalanches sont passées, détruisant, en nous et sur l'écran, la poétique, triturant dans nos arcades les racines profondes du nerf optique, massacrant en vrille, de part et d'autre du crâne de millions de gens, les capteurs délicats du labyrinthe, éclatant nos viscères éreintées, que nous sommes tous un peu anesthésiés et zombies de salles obscures.

Maintenant, au bout du rang, quant à moi, prêt à démarrer et à sortir à la première attaque de fureur insipide artificiellement pimentée, je sais que je vais très vite être au bout de mes peines.

En revanche il m'arrive d'être accro un moment au moins, porté à nouveau naïvement, aux séries (certaines).
Et puis il y a de temps en temps, là justement, glanées dans les "saisons" ou ailleurs, survenant inopinément de belles surprises, de surprenantes trouvailles nous faisant oublier ce que nous avons déjà subi de chefs d’œuvres ou de courts métrages méritoires depuis nos plus jeunes années; il suffit parfois même de personnages délicieusement poétiques et explosifs comme sut en faire éclore Bruno Dumont en 2014 avec son P'tit Quinquin.

Et Stalker alors ?
Bien, un autre jour peut-être. Non pas que le mysticime pré-tchernobylien ne me touche pas . . . . mais . . . à mes yeux, je vais me faire des ennemis parmi mes meilleurs amis, les images mouillées et ruisselantes de "l'âme russe" (me dit-on ?) ne tiennent pas le choc (toute comparaison est absurde et folle, peut-être même imbécile je sais bien) face à la beauté tragique des images immobiles - souvent aussi - d'un Michelangelo Antonioni.

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