samedi 24 février 2018

Rébarbatif.

La Fontaine osa le rébarbaratif.
Rébarbatif est aussi le nom (déposé) du coiffeur qui se dit berbère devant lequel je passe, boulevard de la République, quand je vais au marché en plein air, en plus d'être un adjectif finalement assez peu usité et encore moins l'est-il en tant que verbe non pas rébarbaratifer, mais rebarber, comme on disait encore au XVIIe.
Rebarber, donc, c'est s'opposer barbe à barbe en joute ou en combat. Mais cela n'a rien de, on ne voit pas pourquoi ce serait, rébarbatif au sens actuel de : rasant ou barbant. Au contraire, un combat même verbal et de salon serait plutôt fait pour plaire au spectateur de théâtre, et serait ainsi sinon exaltant du moins poignant ou poilant dans une comédie opposant d'honorables barbons ou de vieilles barbes.

Le fait est que, perso, ça me rase de plus en plus de me couper moi-même ou même, assis dans un fauteuil, faire couper la barbe que j'ai de plus en plus blanche et dure au menton, compensation sans doute de lentes et sûres pertes de tifs là-haut au front déboisé, même en allant prendre des nouvelles du quartier, des vedettes et du foot (moi je suis rugby) et aussi, incidemment, du Nord de l'Afrique chez l'autoproclamé Rébarbatif, le coiffeur berbère.
Peut-être vais-je me rebarber comme j'étais, fort barbu et chevelu comme j'étais à vingt ans, partisan des barbudos, qui s'en souvient ? triomphant dans une île où seuls les dirigeants, plus forts que le grand Sam, avaient droit de l'être, pour le boucler et remonter ce temps qui nous déglingue.

Mais c'est peut-être là, plutôt et encore, au fond, au fond du barbant rébarbatif ressurgissant dans les faciès prêts à l'affrontement, au combat, une affaire de virilité, de castration, d'abélardisation, d'héloïsation ? de châtrage des mots et symboliquement des gens, ces modes d'avancée et de recul des barbes, ici et ailleurs.




















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