lundi 12 février 2018

D de Dystopie. Oh que je n'aime pas !

Outre le fait que cet anglicisme (formé à partir de racines grecques . . .  certes, mais utilisé d'abord par les critiques de langue anglaise avant d'être introduit en français) ne s'entend pas immédiatement, il est clair que sous la forme dystopia (en anglais) il était déjà transposé du carnet du chirurgien et eut d'abord un usage purement médical. Il était inventé et bâti pour désigner scientifiquement des anomalies anatomiques relevant de l'emplacement des organes ou appendices, visibles ou pas de l'extérieur, telles qu'un œil plus bas que l'autre ou disons-le vulgairement un corps de guingois de l'intérieur ou de l'extérieur ou, par exemple, une gueule de travers. Déjà contestable sur son propre terrain, faut-il aveuglément adopter cette dichotomie physiologique pour désigner sur le plan social l'utopie négative, la "mauvaise" utopie, celle qui décrit une déviance évidemment imaginaire et négative de nos comportements collectifs, une en quelque sorte méchante et " malutopie " . . . ?
De plus et avant tout, toute utopie, scène sociale située dans un ailleurs imaginaire qui n'a lieu nulle part vraiment, même apparemment positive, n'a-t-elle pas et avant tout pour fonction de mettre en cause l'interprétation que nous faisons, et le penchant que prend peut-être malgré nous, notre réalité vécue et historique, en faisant apparaître son "côté (apparemment) négatif", son "vice" fondamental ou les dangers de sa "déviance" ? et tout aussitôt, parfois, la beauté étonnante de ces possibles insoupçonnés ?  les chemins non explorés d'une sensibilité autre ? même "maladive" ou terriblement excentrique ? bref, inventive.
Swift ou Rabelais et tous la déferlante des auteurs de SF depuis l'épopée de Gilgamesh . . . . en passant par le merveilleux chrétien et Aristophane et aussi Asimov, font-ils de l'utopie, de l'utopie négative, de la néguentropie arrêtant imaginairement la dégradation et l'usure du temps ou créent-ils du moralisme binaire ?
Bref, est-i indispensable et éclairant de couper le monde en deux, axe du bien et du mal sur-ajouté au scénario, manichéisme du pire politique, violence critique de censeur peu éclairé, même là où il pourrait ou aurait pu, fictivement, mais il ne l'a pas fait, aller et se développer autrement ?

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