samedi 22 décembre 2018

oasis

Voilà la suite pour ceux qui l'attendaient.
J'ai donc franchi le portillon du jardin donnant sur la rue, qui n'était pas fermé à clef. Je l'ai poussé et il a grincé.

Note au passage : tant de souvenirs de portillons qui grincent et qui s'ouvrent dans ma vie . . . mais c'est une autre affaire et ce seraient des histoires à l'infini si je n'y coupais . . . là, dans le vif ! N'empêche, j'entends nettement le bruit dans mon oreille, toujours le même, un bruit que fait encore - est-ce un hasard ?- le portillon peint en vert du jardin de ma propre maison sur le chemin où je vis.

Comme il fallait s'y attendre, mais peut-être n'était-ce pas le cas pour vous, la vieille dame étendue sous le citronnier à côté de son escabeau, la vieille dame de la villa L'Oasis, villa mauresque toute décrépite et collée d'un côté à la voie ferrée et de l'autre à la voie rapide, la vieille dame qui semblait endormie ou peut-être tombée là de son escabeau et morte sur le coup, ne l'était pas.
Ni morte ni endormie.

Alors la suite du conte, vous l'imaginez bien, ne saurait être classiquement celle du prince charmant devenu très vieux et de la belle et plutôt bien vieillie endormie, ce serait à la fois, ridicule, extravagant et banalement approprié aux canons d'une époque envahie par les vieillards qui, récalcitrants, refusent de disparaître d'abord dans les retraites minorées par décret, ensuite dans les catacombes collectives, les nécropoles bâties à grands frais et ces palais où à grand bruit infernal on brûle les corps dépourvus de vie. Non, elle était bien vivante puisqu'elle poussa un cri, revigorée de son absence momentanée et de son sommeil apparent quand elle entendit le grincement du portillon rouillé et surtout quand elle me vit.

(A suivre . . . enfin on verra . . . si cette affaire vaut encore la peine d'être contée plus tard, car on remet toujours à plus tard / comme on remet parfois à plus tard le simple geste de graisser la porte qui grince / ce genre d'affaire qui concerne les gens sur le point de s'effacer d'eux-mêmes, suivant la pente d'une nature cruelle ou compassionnelle, comme on voudra).

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