vendredi 7 décembre 2018

manifester

Trop pris de coups déjà . . . jadis . . .
dans le temps, il fut un temps, avant de prendre le large ailleurs, loin.
Maintenant de retour ici, m'en garderai bien.

Retour et regards sans rancœur.

Usé tant de chaussures sur les pavés rongés de ma jeunesse. 
Crié. Collé des affiches. Barbouillé des pancartes noir sur blanc. Même chanté, 
mais peu et faux. 
Surtout passé un peu de temps à rameuter le peuple, à agiter, tracts, réunions, perspectives et illusions.

Bien sûr charges des hommes en bleu sombre, CRS et gendarmes à matraques si peu immobiles.
Mais aussi les fachos à parapluie de la Fac de Droit et leurs nervis à gourdins agités.
Mais me souviens surtout des courses, des essoufflements, du bruit, de la cuisse d'une copine quand nous franchîmes ensemble pour soutenir la grève, les grilles de l'usine.

C'est toujours d'abord perçu comme absurde une colère du peuple d'où qu'elle vienne, 
même du plus profond, toujours, surtout par ceux qui n'ont aucune raison, eux, étant loin de la déconfiture,
mais bientôt canalisée en surface, en tellement de canaux, coulures, débordements mal inspirés souvent, la colère se perd ou se transfigure.

Gaspillage de force, rare mais puissante réflexion venue du fond.
Manifester, aussi inadéquat que ce soit, c'est faire réapparaître dans le brouillon
le bouillonnant des foules, l'humain solidaire, la chaleur du faire ensemble, l'honneur d'être debout,
de ne pas plier.

C'est pourquoi mettre à genoux des lycéens qui ont tambouriné sur des poubelles
(n'ont rien fait d'autre ici) et retrouvé l'adhésion aux solidarités
aux combats des adultes honnis et perdus,
c'est bien un acte imbécile
rappelant le pire

C'est appeler de futures révoltes bien ancrées dans les cœurs.

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