vendredi 21 mai 2021

Nature (forces de la, déchaînées contre moi).

 Vous allez dire que j'exagère.

Vous ne pouvez pas comprendre si vous n'avez pas de chênes verts (quercus ilex) sur votre territoire.

C'est un arbre redoutable qui d'après la mythologie méditerranéenne nous transmet ses forces. Toutes sortes de pratiques et légendes l'attestent. Et d'ailleurs depuis toujours il fut relié au dieu le plus puissant et le plus évident à honorer, par crainte et intérêt, celui debout, fort, effarouchant, des orages et de la foudre, dénommé Taronis ou Taranis chez les celtes, aujourd'hui encore nom d'un département et d'un cours d'eau, le Tarn, qui devient tout rouge d'argile comme un sang épais, en terre de brique et d'hérésie dans notre beau pays. 



En effet, ce chêne-là aux petites feuilles aussi piquantes que celles du houx, résiste à tout, au froid, au chaud, à la sècheresse, mais pas au bupreste qui lui suce le sang et dessèche ses branches. Et encore, ce soiffard ne s'attaque d'abord qu'au bout de ses branches ce qui généralement le laisse en vie.

Comme si ça ne suffisait pas de couper ces branches et parfois ces troncs attaqués j'ai dû cette année faire face au regain de cet arbre dieu-monstre qui, habituellement dans mon petit bois, me donne à n'en plus finir plein de tracas : feuilles persistantes qui donc tombent régulièrement toute l'année en masse formant andins et tapis, pollens généreusement pulvérisés, recouvrant tout, d'avril à juin, toits, autres végétaux, carrosseries diverses, vitres, murs, de poussière un peu visqueuse et jaunasse, fleurs épanouies en puissants chatons qui tombent et s'envolent tout le printemps et s'accumulent en couches épaisses, pour finir, sans arrêter de perdre des feuilles, par les chutes de glands attirant toutes sortes de bêtes et réveillant la nuit en chutes de grêle sur toute surface, carreaux, tuiles, tôles, bancs, véhicules, machines, outils, tables de jardin ou poubelles.

Mais cette année mémorable d'enfermement, après avoir lutté contre l'avancée du bupreste, voilà que le bois décide de renaître, de lutter à mort contre les intempéries, les agressions, les contrariétés et produit, se dégageant violemment de ses feuilles séchées sur pied, après que j'ai dû déjà couper l'herbe montée en savane et en herbe à éléphant, chardons et graminées hautes comme moi ! trois fois à la suite de pluies excessives en cette saison, et m'accable d'une quantité phénoménale, anormale, de pollens, m'envoie éternuer touts azimuts à chaque instant, m'oblige à invoquer cet autre dieu tout puissant en mythologie brésilienne échou, échou ! échou ! . . . (dieu diable qui généralement me soutient), recouvre tout d'une couche de neige safranée, expédie dans le vent qui se lève et tournoie, ses guirlandes pascales passées de longueur inhabituelle partout, bouchant tuyaux d'écoulement, chéneaux, aérateurs, cheminées, vitres, bloquant pis que la neige les essuie-glaces et tous les trous à portée.

Voilà de quoi justifier la tradition et la légende, le chêne transmet sa force à qui le cultive et le supporte en combat incessant, du genre si tu ne t'épuises pas tu survivra.

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