mercredi 15 mars 2023

Femme couchée (la).

 J'ai revu récemment ce rocher de Roquebrune que la tradition a ainsi nommé.

Je l'ai revu de très loin, aperçu presque incidemment au bout d'une terrasse entre deux cheminées d'immeubles mais ça m'a fait plaisir.

Souvenir d'un arrêt chez un copain. Souvenir d'une ascension. Souvenir d'une aventure sur laquelle j'avais écrit deux mots, petit texte aujourd'hui perdu comme tant de choses qui passent, défilent, s'effacent dans notre vie.

Commençons par le début. Ce rocher spectaculaire mais qu'il faut beaucoup d'imagination pour aller comparer à une femme couchée, même vu(e) sous un certain angle, est d'autant plus frappant dans le paysage qu'il apparait d'abord et de loin, de profil, puis de très prêt en mur infranchissable, tout au bord de l'autoroute quand on va entre Nice et Toulon, juste après Fréjus, plein ouest. Il a tellement frappé les esprits qu'on l'a comparé à toutes sortes de profils outre cette femme étrangement allongée sur le dos avec une grosse tête caricaturale et qu'on a bien sûr inventé à son propos toutes sortes de légendes. Dont celle de la très jeune fille poursuivie par le barbon, seigneur des lieux, dans le labyrinthe de rochers qui jouxte son sommet, sauvée par l'étroitesse d'un passage où dans sa poursuite se coinça lui-même par son vendre et par son désir d'outrage le lubrique.

On comprend que - je ne parle pas de cette vue très éloignée que j'avais de lui  sur la terrasse où j'étais chez de modestes et plus romantiques que riches (d'or en barre) amis ( s.v.p. avec liaison malgré la parenthèse) - le fait de le voir, d'avoir balcon ou fenêtre sur sa vue, hante l'imaginaire immobilier de la région et des villages proches et vienne, comme ailleurs une vue mer ou Mont Blanc, en plus-value du bien orienté ouest et gratifié d'un coucher de soleil doré sur tranche ou donc ici, femme allongée ou endormie resplendissante.

En ce qui me concerne, j'en avais fait l'ascension avec trois lutins, les enfants de cet autre ami allemand qui a un pied à Roquebrune à côté de la rivière Argens, fleuve en titre, qui jadis transporta des troncs de pins ou sapins au travers du Var jusqu'à Fréjus et aujourd'hui se contente de crues imprévisibles. Or, les amis que je fréquentais aujourd'hui avaient eux aussi trois enfants et cette vue lointaine . . . 

L'incitation était trop forte, fallait-il en tirer un conte ?

Je crois que le réel s'en charge, la "femme endormie" s'en charge, autour de moi, tant de jeunes couples malgré les pires prévisions des temps avenir misent sur la fécondité de temps nouveaux où la société dite patriarcale, de fait aux caractères à la fois phallocentriques et plésiomorphes, pourrait enfin subir une éclipse.

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