Le "Dévot Christ" polychrome, à peine remanié au fil des siècles (on a cependant il y a belle lurette changé en croix latine la croix en forme de fourche où il était primitivement crucifié), récemment restauré, en tant qu'oeuvre humaine de représentation du sacré, incarné et taillée dans le bois (comme l'indique par un déplacement d'épithète bien naïf son appellation populaire de Dévot Christ : . . . ) . . . . est effectivement vénéré et adoré, mystérieux et riche objet de dévotion depuis des siècles. A tel point que pour épargner sa valeur sacrée, ce n'est qu'une réplique sans la même valeur ni marchande, ni artistique pour aussi parfaite soit-elle, ni iconique, de ce trésor que portent les pénitents lors de diverses manifestations religieuses dont la ville à partir de sa cathédrale ou de nombreux couvents qu'elle abrite, est le foyer.
Durant la dernière guerre, afin de le faire échapper aux pillages commis par les occupants, ici, en l'occurrence, lointains compatriotes de l'artiste créateur de ce chef d'oeuvre, le Christ souffrant ( alors considéré comme d'origine espagnole) fut caché dans les caves du fort de Salses mentionné dés le XIe siècle et marquant, situé un peu avant Perpignan en venant de Montpellier, d'où on a les premières vues lointaines du Canigou à l'entrée du Roussillon. Cet ancien gardien de la Catalogne, forteresse tapie et enfoncée dans le sol, un peu remanié par l'illustre Vauban qui dans un premier temps voulut le démolir comme "inutile" ne semble pas avoir intéressé l'armée allemande, sauf peut-être lors de sa fuite et son repli vers la vallée du Rhône après le débarquement.
On peut aussi replacer le Dévot Christ dans le contexte d'ensemble des sculptures gothiques rhénanes, expatriées au-delà de leur région d'origine vers le sud de l'Europe, dont, frères ou cousins en style doloriste et sanglant, les Christ ayant rejoint l'Italie et la côte dalmate, à Luchera, Sulmona, Tolentino, Fabriano, Palerme, Split, Kotor, Piran ou souligner sa parenté lointaine, avec le fameux et beaucoup plus tardif Christ peint par Zurbaran, homme du siècle d'Or, ni oublier sa proximité avec celui de Grünewald; mais tout cela n'explique rien et l'expression unique de son visage, l'attitude terrible du corps supplicié n'en font pas pour autant une oeuvre de série.
Il renverrait plutôt, par son tragique dolorisme daté mais transcendant les époques, au très contemporains témoignages qui s'expriment, cette année encore / au travers des âges, de pestes en persécutions et massacres /, au très contemporain et même très actuel photojournalisme des images de la guerre au Soudan et à Gaza.
Exposition à aller voir éparpillée dans divers lieux dont notamment le couvent des Minimes, tant que dure le festivals Visa pour l'Image, créé en 1989, l'une des manifestations phares de Perpignan, après l'obsolète présence résiduelle et ayant fait long feu de la gare immortalisée par Dali au moins depuis 1964 (Journal d'un Génie), en porte à faux avec - et n'en déplaise à - l'actuel maire de Perpignan.
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