jeudi 22 octobre 2020

Pomme cinquième et fin du truc à la va vite si vous permettez.

Moi qui ne suis ni Newton ni Fourier ni inventeur de rien ou pas grand chose, qu'un vieux voyageur étonné de ce qu'il voit et a vu, aujourd'hui enfermé dans les hauts murs de son jardin, réduit aux voyages immobiles tout aussi étonnants quoique moins colorés, odorants, violents et excitants, drogué au net et aux textes, parcourant la profondeur de mes étagères où se superposent brochures, reliures, encyclopédies, traversé de souvenirs en vrac et en nuées, les yeux au vert pour me calmer, observateur de rouges-gorges mangeurs des vers que je fais apparaître en creusant le sol assidument pour planter, planter encore, des plantations qui peu à peu vont obstruer les sentiers et l'horizon, qu'il me soit permis de parler de la cinquième pomme qui m'appartient.

Tout à commencé au marché couvert, aux halles de Nîmes, entre un aller et un retour en Afrique. quand je vois un ancien élève ou étudiant tout joyeux de me reconnaître, qui participant à une campagne de promotion voulait me faire goûter une pomme du Gard. Coléreux comme il m'arrive de l'être, je lui dis :

- Ce n'est pas une pomme du Gard, comment peut-on appeler ça une "pomme du Gard", où il existe tellement de variétés de pomme au goût beaucoup plus remarquable !

- Mais si, me dit-il.

- Mais non !  Golden et Red delicious c'est tout sauf "du Gard".

- Cultivées dans le Gard . . . 

- Oui, voilà, c'est une honte de venir faire de la pub au marché pour un truc envahissant et sans intérêt qui se vend partout déjà en masse et de détruire la richesse et la variété des reinettes, des pommes spécifiques à chaque vallée des Cévennes qu'on a de plus en plus de mal à trouver même ici, au moins une dizaine.



Maintenant je serais, si cette expérience se renouvelait, quarante fois plus en colère.

La pomme qu'on me présenterait (je n'en mange plus jamais depuis que le dernier petit pommier est mort de vieillesse et de chaleur dans ce fameux et si maigre jardin dont je vous parle toujours et depuis que je leur ai trouvé, c'est inévitable, même en bio au point où on en est, ce goût pur DDT résidu des 40 traitements subits dans le sol, dans le tronc, dans le bourgeon, dans la fleur, dans le fruit) serait ce que j'appelle celle de Blanche-Neige, une pomme empoisonnée par la marâtre industrie qui nous nourrit.


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