lundi 23 mai 2022

Roue de Fortune.

 Etrange et banal symbolisme de cet arcane. 

Transmis ou inventé mais à coup sûr fixé, figé par la culture médiévale européenne sous forme de ce jeu de cartes ou de lames mystérieusement dénommé Tarot (en rapport avec la dénomination du jeu italien). Un jeu qui se joue comme un simple jeu mais qui se jouerait aussi, d'après les vrais ou pseudo voyants, comme un autre jeu possible, mantique celui-là. Ses figures établies et conventionnelles, belles, étranges par quelque détail, évoqueraient des phases ou épisodes de la destinée humaine et ce jeu de la vie en a déjà passionné beaucoup après Papus ou Wirth, de Calvino à Paulhan en passant par Breton et Caillois.

Banal à cause de la roue. 

Forme de loterie au gouvernail non gouvernable qui fait monter et descendre, selon leurs désirs ou en dépit d'eux, les ludions que nous sommes, soumis aux fluctuations parfois imprévues ou cycliques. Montée de l'enfance à l'état adulte et déclin vers la vieillesse et la mort mais aussi hasards et circonstances de la position dans ce cours mouvant de la vie, indépendamment de l'âge et en rapport avec la richesse, la gloire, la chance, la réussite, l'échec, le faux pas, le déclin et le hasard. Bref un concentré de banalités en 22 lames principales.

Etrange à cause des bêtes. 

Si on suit l'interprétation classique, au sommet le sphynx un peu ridicule avec son épée, orne de sa supériorité maladroite, couronnée et indéchiffrable, l'ascension maximale, à droite dans la phase ascensionnelle, le supposé chien habillé, tête en haut, si mal dessiné sur toutes les versions du tarot, figure la volonté de bien faire, d'obéir à l'ordre existant, qui permet ou a déjà permis de grimper les étages du manège et enfin, à gauche de la roue, le singe à jupette prend figure, tête en bas, de malin qui se laisse habilement et sans effort redescendre après avoir connu la canopée du bois en forme de cercle.

Ainsi notre destinée tournerait et naviguerait entre chien, sphinx (le plus étrange mélange d'animaux qui soit) et singe. Qui fait l'ange fait la bête dira Pascal. Ici les présentes bêtes de cirque acrobatiques ont quelque chose de particulièrement navrant.

Le plus fascinant de l'affaire c'est que rien malgré les personnages aux rôles reconnaissables n'y est vraiment ou purement humain.

Tout est machine ou machiné, tout se joue en table, estrade, trône, ou bête, plusieurs chiens, quelques oiseaux, ou/et artifice(s).

L'homme ou la femme dans ce jeu ne parviennent à s'incarner qu'armés d'accessoires, couronnes, épées, batons, coupes, deniers, costumes, déguisements, cordes, potences, étoiles, soleil et lune de théâtre, tour de carton qui s'écroule, eau de source, d'étang, de cruche, et pour la jeune femme nue de la fontaine dite "Etoile" joue encore le symbolisme des couleurs, partout, conventions et instruments divers.

Il est bien tentant de réactualiser le Tarot et la Roue de Fortune en ces temps qui courent aux bouleversements cataclysmiques, de mettre à la place du chien mal dessiné le fameux et injustement désigné pangolin, à la la place du singe à jupette celui de la variole et au sommet de l'acmé, virus gouvernant les calculs de la mondialisation, l'Intelligence Artificielle robotisée, bardée de sa science et sagesse prévisionnelles et de son pouvoir absolu armé d'algorithmes telle qu'elle est fantasmée dans les contes symboliques des complotistes qui sont légion et forment à eux seuls un courant puissant de notre destin.


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