mardi 31 mai 2022

allusion à une ode à Kinshasa.

 Bien sûr j'ai toujours préféré RIO, la rivière de janvier tropicale, capitale des moiteurs, ville cosmique et tellurique aimée des Orishas. Plages, pics granitiques et forêt Tijuca.

A la rigueur le ciel toujours bleu et la facilité fraternelle, stratégique et linguistique (pour un Français) de Dakar . . . et l'humidité grise sans pluie, pleine de beautés et secrets enfouis dans les brumes, de Lima, ou même l'exotisme modéré de Barcelone la bouffonne, la moderniste géométrique et avant-gardiste, sans parler de Milan et autres merveilles.

Mais le plus grand choc ce fut de découvrir la vie underground de Kin la Belle en période de misère post-guerre et de dictature en surface. Peinture et musique des profondeurs. Haute température. Sensualité débridée. 

Beaucoup mieux que moi, l'inénarrable et chaleureux Pierre Haffner disparu en novembre 2.000, hommage lui soit rendu, devenu par la suite, sous la houlette de Jean Rouch, entre autres sommités, enseignant chercheur du cinéma africain, auteur d'un incroyable manuscrit non publié quand je l'ai connu (intitulé à l'époque "Les Nuits de Kinshasa"), véritable ode à cette cité en ébullition, agglomération dépassant les vingt millions d'habitants en comptant les quartiers périphériques, autant de "cités" "sensibles" sans routes, sans eau et sans égouts, auteur par ailleurs de plein d'autres ouvrages et déjà quand je l'ai connu, pionnier et organisateur des festivals du film africain, Ouagadougou, Carthage; 

il aurait donc su dire mieux que moi cette culture pauvre, hurlante, haletante, intempérante, de parade sexy de la nuit, de la bière à flot, de musique afro-cubaine revue et corrigée aux instruments à cordes (quelque corde que ce soit) ou de percussion, bricolés (grands tambours, caissons, maracas, simples bouts de bois) aux limites de l'acrobatie, de l'ironie, pour atteindre un rythme syncopé inimitable, insoutenable et on dirait inusable, des années 50 à aujourd'hui et sans doute bien au-delà, en simple rumba ou patchanga, inégalable sans l'apport secoué, inventif, de jeux raccourcis et mots arrangés sur la langue, danseurs collés, bango nionso bambanga, lallations, fleurs labiées emportées sur les syllabes du lingala.

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