samedi 18 février 2023

commençons par le Che (I).

 Mes rencontres avec ce personnage, ce héro légendaire et iconique sont à la fois très indirectes et très fortes.

Comme chez  tout un chacun dans le camp "progressiste de gauche" de mon pays du moins, il a joué dans mon imaginaire, venu à point après les grandes figures des "penseurs" du siècle, Malraux, Sartre, Camus puis Foucault, Deleuze, Derrida, Althusser, un rôle d'incarnation du Verbe. 

Avec, presque exact contemporain de ma propre existence, un admirateur, apôtre attitré, qui faisait pour nous des années 40, un impeccable et fascinant introducteur : ce Régis Debray, devenu écrivain prolifique, fils de bourgeois reçu premier à normale Sup qui avait dit non à la soumission au gaullisme bien avant la vague soixante-huitarde, qui, sitôt agrégé, était vite parti dans la sierra, armes ou stylo à la main. Pour ma part, moins brillamment, plus prudemment, marié, père de famille, je me contenterais d'être abonné à Granma, le journal de Fidel où je lisais le discours interminable sur la zafra del azucar, la récolte du sucre et le défi des dix millions de tonnes.

Ce n'est que quelques années plus tard, après avoir vécu en France mai 68, y avoir participé en "guerrier appliqué", avoir été déçu de la suite, des pesanteurs et de la retombée des événements post-barricades, pompidolisme, couve-de-murvélisme, que j'ai pu avec le désir de m'éloigner de ce que devenait la France bientôt giscardienne, rejoindre la Sudamérique d'abord à Rio et plus tard encore, après avoir travaillé à Dakar et Kinshasa, au Pérou en guerre, à Lima.

Précisément c'est à Lima que m'a été, dans un face à face brutal, posée la question qui parfois encore revient me préoccuper.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire