dimanche 26 novembre 2023

Utopiaire.

 Cette passion qui m'est venue de tailler les plantes qui veulent bien pousser ici, dans cette garrigue ravagée de vent, de soleil, de pluies intermittentes, de terre plantée de rocs et de cailloux, en formes géométriques, cube, parallélépipède, arc, sphère, portion de sphère, cylindre, colonnes triangulées, me semblait bien échapper en quelque sorte et quelque forme au classique art topiaire, c'est pourquoi j'étais heureux, tout à coup, de décider de l'appeler art utopiaire.

D'autant plus utopiaire que comme toute taille, tributaire du temps et des directions, vecteurs, longueurs de pousse,

mais ici, tributaires d'un futur rendu plus incertain encore du fait des sècheresses, invasives maladies, invasions de parasites, colonisations de lianes, qu'il ne devrait, pour être parfaitement géométrique, pas outrepasser trop maladroitement, approximativement, victime d'initiatives végétales capricieuses à nos yeux, les droites, tangentes, arcs, cercles, figures fixées dans l'idéal évidemment impossible à atteindre,

d'autant plus utopiaire que parfois, ou toujours en définitive, cet idéal à atteindre, sommet d'artifice ignorant, outrepassant, brimant, niant le développement biologique lent qui suit inexorablement ses propres lois, se situe très loin de l'état actuel de la plante et qu'il y faut beaucoup de bon vouloir imaginaire pour se le représenter accompli dans l'espace.

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